XXIV- ~Iris~

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- PARTIE II -

«Whatever our souls are made of, his and mine are the same.»

Emily Brontë, Whuthering Heights

Iris écoute la respiration régulière de Lucas la tête plaquée contre sa poitrine. Ses paupières sont closes et elle est sûre qu'elle pourrait s'endormir tellement elle se sent bien et en sécurité. Même ce vieux tee-shirt que Lucas ne veut pas jeter commence à lui plaire à elle aussi et est tout doux contre sa joue. Une mélodie résonne dans la chambre de la jeune fille provenant de sa chaîne Hifi posée au dessus de sa commode. Ils sont allongés sur son lit comme ils ont pris l'habitude de le faire ces dernières semaines, enlacés l'un à l'autre. Iris n'a jamais été si heureuse. Chaque jour est une nouvelle aventure avec Lucas et elle a l'impression que rien ne peut les atteindre, que ça pourrait durer une éternité sans qu'elle ne s'en lasse.

La musique joyeuse s'estompe et le silence retombe entre les quatre murs pendant que la chanson suivante se met en marche. Iris ouvre les yeux et dévisage Lucas observant distraitement le plafond, plongé dans ses pensées. Elle voudrait pouvoir savoir à quoi il songe, connaître ses moindres désirs, ses moindres réflexions. Elle voudrait le connaître mieux que lui-même.

Soudain, une autre mélodie s'élève et se met à vibrer de manière familière à l'intérieur d'Iris. Puis sans s'en rendre vraiment compte, elle se met à fredonner les paroles, toujours blottie contre Lucas qui n'a pas détourné son regard du plafond.

- Mais quoi que tu fasses, l'amour est partout où tu regardes. Dans les moindres recoins de l'espace. Dans le moindre rêve où tu t'attardes. L'amour comme s'il en pleuvait, nu sur les galets...

Iris sent le corps du garçon se réveiller sous le sien avant même qu'il ne prenne la parole.

- Francis Cabrel ? Tu es sérieuse ?

La jeune fille sourit en tournant le visage vers son amoureux. Il la dévisage à présent avec ses grands yeux bruns renfermant une lueur amusée. Iris efface le sourire moqueur de Lucas en repoussant son visage de ses deux mains. Mais cela n'a que peu d'efficacité : il rit aux éclats puis l'a fait basculer sur le côté et se retrouve au dessus de la jeune fille, son visage si proche du sien qu'elle perd un peu de son amusement. Une pensée s'insinue dans son esprit. Et si c'était le moment ? Personne n'est à la maison et ils ont l'après-midi devant eux. Iris garde son regard braqué sur les lèvres de Lucas, une étrange sensation la parcourant toute entière.

- Qui écoute encore Francis Cabrel ? La taquine-t-il, apparemment pas aussi troublé qu'Iris par ce soudain retournement de situation.

Son regard rencontre enfin le sien et elle esquisse un nouveau sourire.

- Moi. Rétorque-t-elle, se détendant un peu. J'adore cette chanson.

Lucas rit de plus belle et Iris reste une fois de plus hypnotisée par sa beauté. Elle voudrait garder son image à jamais gravée dans sa mémoire. Ne jamais l'effacer. Savoir qu'il l'a choisie, elle, plutôt que n'importe qui d'autre lui donne des papillons dans le ventre. Mais chaque fois une pensée plus noire vient s'entremêler à la première : la peur qu'il ne parte. La peur que tout ça ne se termine d'un simple claquement de doigt, comme lorsqu'on se réveille d'un rêve. Alors après les papillons, c'est la terreur de perdre Lucas qui s'empare de tout son être.

- Explique moi pourquoi. Lui dit-il une fois calmé tout en enroulant une mèche de cheveux d'Iris autour de son index.

La jeune fille se met à réfléchir pendant plus longtemps que nécessaire mais Lucas reste patient tout en l'observant sous toutes les coutures. Lorsqu'il fait ça, Iris ne peut s'empêcher de ressentir une pointe de gêne. Elle se sent totalement nue sous son regard sombre et sa chaleur corporelle semble augmenter à mesure que le temps passe.

Le cycle de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant