Karl. Elle ne savait pas qui il était, sinon elle ne se serait jamais permis le moindre sentiment pour lui. Mais Tyler est une imbécile. Une soirée d'Halloween, elle a trop bu, elle tente de sortir, et tout s'enchaîne. Mais maintenant, il est trop t...
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TYLER
Le taxi qu'on a appelé un peu plus tôt arrive finalement, et le chauffeur en sort pour nous ouvrir les portes. Passant devant Karl pour y monter, je m'arrête un instant, me tournant vers lui avec un léger sourire en coin.
- Vous êtes sûr que je ne devrais pas prendre le prochain ?
Il lève les yeux au ciel mais je vois tout de même un semblant de sourire sur ses lèvres. J'ai l'impression d'être au Paradis, c'est grisant. Je peux lui parler, lui sourire, tout. Enfin, pas vraiment tout, mais j'avoue que ces derniers temps, je n'aurais jamais pu tant en espérer.
Le taxi roule depuis cinq minutes quand Karl reçoit un appel. A mesure qu'il écoute ce que lui dit son interlocuteur, son visage semble durcir, les sourcils froncés.
- C'est bon, j'arrive, lâche-t-il finalement, avant de raccrocher.
Puis, se tournant vers moi :
- Je suis désolé mais on va devoir reporter ce dîner, j'ai un petit imprévu.
- Oh. D'accord, je comprends.
- Je vous dépose quelque part ? Me demande-t-il.
J'ai la gorge serrée. Déçue et frustrée, je reste cependant calme et souriante.
- Ouais, au Cielo s'il vous plaît, on ne devrait pas être trop loin.
Tant qu'à passer sa soirée seule, autant que ce soit dans un des night-clubs légendaires de Manhattan... Karl hoche la tête et se penche pour donner l'information au chauffeur. Le silence s'installe alors un moment.
- Vous-
On se coupe tous les deux, ayant parlé en même temps.
- Je vous en prie, lui dis-je alors, espérant qu'il continue.
- Eh bien... J'allais dire qu'on pourrait peut-être se tutoyer, si on doit finir par le faire, ce dîner !
- Oh, oui, très bonne idée !
C'est vrai que je ne l'ai même pas réalisé, mais on est revenu naturellement au vouvoiement respectueux. Sans doute une façon d'effacer ce qui s'est passé dans son bureau quelques mois plus tôt.
- Et v-... Et toi, donc ?
- Je me disais que peut-être qu'après avoir réglé tes affaires, tu pourrais passer me rejoindre au Cielo ?
Il fronce un peu les sourcils, encore, et je comprends rapidement que ce n'était pas la bonne chose à proposer. Trop entreprenante, sans doute.
- Je ne suis pas sûr que-
- Oui oui, je comprends.
Je me rends compte que je viens de le couper, dans mon élan, et sens soudain mes joues me brûler. Je remercie qui que soit la personne là-haut pour le peu de lumière qui règne dans le taxi et me tourne rapidement vers ma fenêtre, gênée comme je l'ai rarement été. Karl non plus ne dit rien, mais il me semble entendre un léger rire de sa part. Ou plutôt un soufflement de nez. Non, je dois rêver. Ou peut-être se moque-t-il tout simplement de moi ?
