Trois ans plus tard:
Je me réveille en sursaut. Le front couvert de sueurs et les cheveux collés sur mon visage. Je me redresse précipitamment. Mais je ne suis pas dans cette cave humide. Je suis dans mon lit. Chez moi.
Je tourne la tête vers la fenêtre. Il fait nuit et la pluie tape contre la vitre faisant des ombres étranges sur les draps et sur ma peau en une musique tintée de tristesse.
Je calme ma respiration et mon rythme cardiaque.
-Qu'est-ce qui se passe?
Sans cesser de fixer la fenêtre je réponds à la voix masculine de Nicolas qui me parle:
-Rien... j'ai juste fait un cauchemar. Rendors-toi.
-Tu es sure que tout va bien mon amour?
-Oui... tout va bien. Rendors-toi.
Je l'entends soupirer de tristesse et de déception. Il aimerait me comprendre mais il ne peut pas. Personne ne peut.
Il se retourne dans les draps, et moi je reste assise là un long moment. Comme chaque nuit depuis trois ans.
La liste de mes troubles psychologiques est longue d'après mon psy.
Moi qui n'avais peur de rien, me voila prise de panique à la seule idée de voir du sang.
C'est se qui provoquerait tout ces cauchemars.
Mais il a tord. Mes peurs n'ont rien à voir là dedans.
***
-Votre fille à développé durant sa captivité de nombreuses peurs irrationnelles.
Va te faire foutre avec ton bloc note et tes lunettes de merde! Arrête de parler à mes parents comme si je n'étais pas dans la pièce, comme si je n'étais qu'une enfant qui ne comprenait rien.
-Elle est notamment atteinte de claustrophobie, d'achluophobie, d'agoraphobie, d'algophobie, d'antropophobie, d'automysophobie, d'hématophobie, de nécrophobie et de thanatophobie.
Nan mais il se fou de ma gueule?! Il pense vraiment tout connaître sur mes peurs ce connard?!
-Et... euh... qu'est-ce que c'est au juste docteur?
Maman s'te plait! Tu vas pas croire à ses conneries!!! Oh et puis arrête de presser la main de papa comme si il allait annoncer ma mort imminente bordel! Ravale tes larmes!
Elle avait les larmes aux yeux, papa aussi je crois.
-Et bien. La claustrophobie est la peur des endroits confinés. L'achluophobie est la peur du noir. L'agoraphobie est la peur de la foule. L'algophobie est la peur de la douleur. L'antropophobie est la peur des gens et d'être en contact... une sorte de peur sociale. L'automysophobie est la peur d'être sale. L'Hematophobie est la peur du sang. La nécrophobie est la peur des cadavres. Et la Thanatophobie est la peur de la mort.
Nan mais qui n'a pas peur de la mort bordel?! C'est quoi son problème à cet enculé?! Il s'est prit pour Wikipedia avec son gilet vert de merde?!
Il s'est alors tourné vers moi, les coudes posés sur son bureau et m'a fixé quelques secondes avant de m'adresser la parole comme à une enfant:
-Qu'est-ce que tu ressens en ce moment Zala?
Oh je dirais l'immense envie de t'éclater la gueule sur ton bureau.
-Je ne sais pas. Je crois que je suis juste... un peu déboussolé par tout ça.
Parce que tu crois sérieusement que je vais te parler de se que je ressens?! À toi?!
-C'est normal. L'épreuve que vous avez vécu est peu commune.
Nannnnnn sans blagueeeee! Merci de m'informer j'étais pas au courant du con!
-Vous avez été très forte après tout se que vous avez subit.
Je crois qu'on m'a sorti cette phrase au moins une bonne quarantaine de fois depuis que je suis revenu. Donc merci mais tu pourrais trouver plus originale non?
-Vous allez vous en sortir ne vous inquiétez pas.
Le seul endroit dont j'aimerais sortiro à ce moment précis c'est de ton bureau espèce d'abruti dégarni!
-Rentrez chez vous. Notre prochain rendez-vous est dans trois jours. Vous pourrez me parler de tout se que vous voulez ça restera entre nous. Tu as des questions en attendant?
Ouais! C'est quand la dernière fois que t'as baisé une meuf?! Nan mais parce que avec ton look de coincé du cul et de pervers ça doit faire un moment je me trompe?... ou peut être bien que tu t'adonnes à d'autres pratiques sexuelles. La pédophilie peut-être... je trouve que tu as parfaitement la gueule d'un violeur d'enfant.
-Non je ne crois pas. Merci de nous avoir reçu. Et merci pour tous ceux que vous faites pour moi.
Je me suis levé et lui ai tendu ma main qu'il a saisit en souriant.
-Oh mais c'est normal. Vous êtes très courageuse encore une fois.
Putain il croit vraiment à mon baratin?! C'est vrai que je suis devenue une excellente menteuse après tout...
Il a serré la main de mes parents et nous sommes partis.
Je n'y ai remis les pieds, malgré les menaces de mes parents pour que j'y retourne.
Ça me faisait bien rire. Des menaces... si ils savaient seulement se que c'était de réels menaces...
***
Oui mes peurs n'ont rien à voir avec mes cauchemars.
Tout simplement parce que mes cauchemars ne parlent ni de sang, ni de mort, ni de noirs, ni d'endroits confinés , ni de cadavres, ni de saletés, ni de foules...
Non. Mes cauchemars parlent de Juan. Encore et toujours. Il m'apparaît chaque nuit.
Nous sommes ensemble, l'un contre l'autre, je l'ai retrouvé.
Et se n'est que lorsqu'il disparaît soudainement que je me mets à hurler et que je me réveille en sursaut.
Mais qui pourrait comprendre? Qui pourrait seulement essayer de comprendre que je suis tombé amoureuse de l'homme qui m'a fait subir tous ces sévices, et que je l'ai tué. J'ai tué l'homme que j'aimais.
