/21/ Aidez-moi

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Après m'avoir défigurée de ces initiales P. J, Juan a sorti les deux corps sans vie de la chambre, m'a forcée à nettoyer toute trace de sang présente et m'a laissée dans cette chambre pendant deux jours sans boire ni manger.

Je suis restée tout ce temps allongée dans le petit lit, à regarder mon reflet dans le morceau de miroir brisé avec le quel il m'a mutilée.

Il m'a pris l'homme que j'aimais.
Il m'a pris ma dignité.
Il m'a pris ma force.
Il m'a pris mon espérance.
Il m'a pris ma volonté.

Il n'a même pas voulu me laisser mon visage... la seule chose qui me restait: mon identité.
Je vais garder cette cicatrice sur ma joue pour le restant de mes jours...

Je n'aurais pas du hésiter: j'aurais du abattre mon bras pour le tuer à la seconde où j'ai attrapé le morceau de miroir.
J'aurais du l'égorger comme j'ai fait avec son ami.
Mais au lieu de ça j'ai attendu. J'ai hésité. Presque comme si j'attendais qu'il m'en empêche. Mais pourquoi aurais-je fait cela?!

C'est vrai il m'a sauvée la vie en tuant celui qui allait m'étrangler. Alors peut-être qu'inconsciemment je lui devais ça: une vie pour une vie. Nous sommes quittes.

Mais il m'a fait tellement souffrir que se soit psychologiquement ou physiquement... j'aurais du lui faire payer! Je me déteste!!! Je ne suis qu'une conne!!! Une pauvre conne incapable de survivre! Incapable de tuer cet homme... ce monstre!!!

Ce n'est pas lui que je déteste le plus... c'est moi.

*****

Une voix forte que je ne connais pas me sort de ma semi-somnolence.

-POLICE! OUVREZ LA PORTE JE VOUS PRIE!

Je me précipite hors de mon lit et vais me coller à ma porte de chambre.

La police!!! La police est là!
Je vais m'en sortir!!! Je vais m'en sortir!!!

Je m'apprête à hurler tout ce que j'ai dans les poumons quand la porte de la chambre s'ouvre à la volée, me projetant au sol.
Juan se jette sur moi et plaque sa main sur ma bouche pour qu'aucun son n'en sorte.

Je me débats de toutes mes forces, essayant de retirer sa main de ma bouche. J'essaye de faire du bruit en tapant contre les meubles de mes jambes mais il me relève du sol en me tirant par les cheveux et toujours en prenant garde à ne pas me laisser hurler et me pousse de force jusque dans la cave.

-IL Y A QUELQU'UN?

Les hommes frappent une nouvelle fois violemment contre la porte.

J'essaye de me tenir à la rampe des escaliers mais il est bien trop fort pour moi et réussis à me faire descendre.

Il attrape un morceau de tissu et un rouleau de gros sparadrap. Il met le chiffon en boule et me l'enfonce de force dans la bouche puis me colle une énorme tranche de sparadrap sur les lèvres.
Le tissu est énorme et m'étouffe. Je ne suis plus capable de faire le moindre bruit au risque de mourir.

Juan saisit à toute vitesse une corde, et d'une main experte me lis les poignets puis accroche le tout à un crochet au plafond.
Je ne peux plus ni bouger, ni crier.

Il reprend sa respiration, se recoiffe rapidement et monte les escaliers à toute vitesse en ferment soigneusement la porte derrière lui.

Je l'entends ouvrir aux policiers.

-Bonjour messieurs. Je peux vous aider.
-Dites donc vous en avez mis un temps à ouvrir...
-Oui excusez moi j'étais en train de faire une sieste, j'ai mis du temps à réaliser que l'on frappait.
-Inspecteur de police Derguonm. Nous enquêtons sur une disparition.
-Une disparition?
-Oui... un jeune couple. Ils ont disparu sans laisser de nouvelles il y a déjà plusieurs jours. Enfin si vous voulez mon avis il s'agit juste d'une simple fugue amoureuse mais les familles sont très inquiètes alors vous savez ce que c'est... on fait une petite enquête histoire de les rassurer.
-Oui je comprends. Mais qu'est-ce qui vous a mené jusqu'ici?
-Une caméra de surveillance d'une station service a vu leur voiture. Et la route mène jusque dans le coin. Comme il y a très peu d'habitants et de passants nous nous demandions si vous n'aviez pas vu quelque chose.
-Ah non je suis vraiment désolé... je m'en souviendrais si j'avais vu un jeune couple.
-Oui... enfin on s'en doutait. Nous allons explorer d'autres pistes. Enfin en tout cas prenez cette photo. C'est l'une des dernière prise de ce couple. Elle a été donnée par la famille de la jeune femme. Appelez-nous a ce numéro si vous voyez quelque chose. Ou si un détail vous reviens en mémoire.
-Très bien messieurs.
-Et bien nous vous laissons finir votre sieste. Bonne journée.
-Bonne journée à vous...

J'entends la porte d'entrée se refermer.
C'était la seule chance que j'avais de m'en sortir. La seule chance! Et je l'ai laissée filer entre mes doigts...

Zala Où les histoires vivent. Découvrez maintenant