Je repense souvent à tout ça. À tout se qu'il m'est arrivé il y a trois ans.***
Lorsque je suis parti de la maison, encore couverte de sang, du miens et des hommes que j'avais tué, je suis monté dans la voiture, mais je n'ai pas démarré tout de suite. Je regardais à travers le pare-brise complètement fissurer de toute part à cause de mon atterrissage sur celui-ci. Je regardais le jardin. Et je pensais à Yann... et à toutes les autres personnes qui y étais enterrés. Je devais faire parti de morts moi aussi. Mais finalement je suis la seule survivante. Pourquoi? Pourquoi étais-je destinée à survivre? Peut-être aurait-ce été plus simple que je meurs tout simplement...
***
J'ai roulé un peu au hasard, en essayant de me souvenir par où nous étions venu. Mais cela faisait maintenant si longtemps. Je suis tombé sur une station service au bout de plusieurs heures de routes.
Je m'y suis arrêtée et je suis entrée.
C'était en pleine nuit et c'était complètement désert. Il y avait seulement le caissier. Un homme d'une trentaine d'année. Enrobé, avec une caquette rouge sur la tête.Quand il m'a vu, couverte de sang, il a poussé un cri.
C'était la première personne « normale » que je voyais depuis des semaines. Alors je me suis approché de lui et je l'ai pris dans mes bras.
Il ne comprenait absolument pas se que je faisais, qui j'étais et pourquoi j'étais dans cet état.
Je crois qu'il avait un peu peur de moi mais il m'à laisse faire.Je lui ai demandé d'appeler la police. Et puis, sûrement par soulagement, comme si toute la pression retombait d'un coup, je me suis évanouie. Dans ses bras.
Quand je me suis réveillé j'étais dans un hôpital. Je n'ai pas tout de suite compris, alors je me suis mise à paniquée. Mais ma mère s'est jetée sur moi en me disant que tout était terminé, que c'était fini, que j'étais sauvée.
Et pourtant si il savait... si il savait que je ne pouvais plus être sauvée. Que c'était trop tard.
Mes parents et moi sommes restés dans les bras les uns des autres pendant plusieurs minutes.
Mes parents pleuraient.
Pas moi.C'est bizarre... j'avais imaginé que nos retrouvailles seraient emplis de joie, de larmes, d'émotions et de soulagement. Mais se n'est pas le cas... enfin si: pour eux. Mais pas pour moi.
J'étais serré contre eux mais quelque chose avait changé. C'était étrange et dérangeant. J'avais l'impression que c'était des inconnus.***
-C'est absolument incroyable que vous ayez réussi à... tuer ses hommes et à conduire jusqu'à cette station service dans votre état. Vous étiez si « abîmée » que nous avons dut vous mettre en coma artificiel durant deux semaines.
-Comment est-ce possible? Je ne sentais même pas la douleur.Le médecin qui était en face de moi était une femme d'une soixantaine d'années. Elle connaissait son métier, et pourtant elle état absolument surprise de se que j'avais réussi à faire. Au delà du mental, mes capacités physiques étaient apparement comme quadruplées.
-Et bien l'adrénaline est la seule explication possible. Mais une telle dose que votre corps a réussi à créer est incroyable!
Ma mère me tenait fort la main. J'étais assise entre mes deux parents tendis que la femme en blouse blanche me débitait sans relâche toutes ses informations.
-Lorsque l'ambulance est venu vous chercher dans la station service vous aviez perdu connaissance. Ils vous ont emmenés en urgence à l'hôpital. Vous aviez deux côtés cassées, une fêlée sur votre côté droit. Une entorse à la cheville droite et au poignet droit. Et votre épaule droite était déboîtée.
Lorsqu'ils vous ont renversé en voiture comme vous nous l'avez raconté vous êtes tombé sur le pare-brise du côté droit. Vous avez eu de la chance de n'avoir que ce genre de blessures. Vous auriez put... mourir.
-Je sais.Elle se racla la gorge, visiblement mal à l'aise.
-Le reste de vos blessures sont superficielles. Vos brûlures, vos coupures, vos cicatrices, le morceau de bois dans votre pied,... Bien sur je dois vous dire que même si tout cela n'a mis en aucun cas votre vie en danger vous en garderez les marques toutes votre vie. Elle vont s'estomper au fil du temps... mais en aurez toujours les traces.
-Oui... j'imagine. Ce n'est pas une grande surprise. Quand il m'a marqué la joue son but était bien que je garde ça toute ma vie...Je retirai ma main de celle de ma mère.
Le médecin baisse les yeux sur ses dossiers.
-Il... il faut que je vous annonce quelque chose d'autre...
-Quoi?
-Et bien...***
-MAMANNNN!!!
Je sursaute. Son cri strident me sort de mes pensées.
Nicolas se réveille de nouveau. Il se redresse à côté de moi. Il pause sa main sur ma taille.
-Tu veux que j'y aille?
Je lâche du regard la fenêtre et les gouttes de pluies ruisselantes.
-Non... c'est bon. J'y vais.
Je me lève sans lui adresser un regard. Sa main glisse le long de ma peau nue et retombe sur le matelas.
J'allume la lumière du couloir. Il est absolument impossible pour moi d'être dans une pièce noire si il n'y a personne avec moi.
J'avance jusqu'à la chambre d'où provient les cris plaintifs.La veilleuse est allumée. Je m'approche du petit lit et m'assois dessus.
-Tu as fait un cauchemars mon chéri?
-Oui...Il s'assoit et se colle contre moi. Je le sers dans mes bras.
-Maman aussi un fait un cauchemars. Mais tout ça n'est pas réel mon coeur. C'est dans tes rêves. Les monstres sont partis.
Il ravale ses larmes en reniflant.
-Mamannnn.Il gémit mon prénom.
-Arrête de pleurer. Je n'aime pas quand tu pleurs, je te l'ai déjà dit. Se n'est pas ca qui te sauveras si un monstre veut te manger.
Il hoche la tête contre mon ventre.
-Allez mon coeur. Rendors toi. Je suis la... Il ne peut rien t'arriver tant que je suis là.
