Captain Styles [L.S]

Chapter 1

       

_ Il aurait mieux fait de la tuer.

Un lourd silence frappa la pièce. Il soupira et se racla la gorge.

_ Je veux dire, cette période lui restera ancrée dans sa mémoire toute sa vie, elle ne s'en remettra peut-être jamais, et elle-même aurait peut-être préféré mourir plutôt que de survivre.

_ Elle va mourir. D'une hémorragie interne. Dans deux minutes.

Je me tournai vers l'homme qui venait de prendre la parole. Il ne faisait pas parti du poste de police, et je ne l'avais même pas remarqué jusque là. Il était plutôt petit, maigre, la peau trop pâle pour que ce fut permis et un look à en faire pleurer les créateurs de hautes coutures.

_ Ne l'écoutez pas Capitaine Styles, il a un gros problème. Il a piqué une crise d'enfer dans un avion pour qu'il ne s'envole pas, en nous disant qu'il allait s'écraser, ce qui est n'importe quoi puisque cet avion a été vérifié avant le décollage.

Je fronçai les sourcils. Tout ceci était suspect, comment pouvait-il voir la mort ? Etait-il voyant ? Je regardai dans la direction de la jeune femme meurtrie de coups. Elle semblait bien, enfin je voulais dire, pas au point de mourir d'une seconde à l'autre.

_ Lieutenant Chester, allume les infos.

Ce qu'il fit. Le grand écran s'éclaira directement sur les infos, ce qui rendit la chose bien plus rapide. Or, un journaliste confirma que l'avion venait de s'écraser au milieu d'un champ, causant une cinquantaine de morts, ce crash n'avait eu aucune pitié. Mais alors...  J'eus à peine le temps de me tourner vers Sarah, qu'elle était au sol, du sang s'écoulant de ses oreilles et de son nez, nous prouvant que c'était une hémorragie artérielle : la plus grave. J'accourus à son niveau, hurlant à mes collègues d'appeler les secours tandis que je mis Sarah sur le dos, puis une boite sous ses jambes pour faire descendre son sang jusqu'au cerveau, et la couvris de mon long manteau que j'avais, par chance, gardé sur le dos. Sa peau avait une teinte bleutée, son pouls était trop rapide, sa peau était glacée et moite, des sueurs coulaient le long de son visage, sa respiration était anormale et elle était visiblement en train de perdre conscience.

_ Vous ne pouvez rien faire. Il est trop tard. Les secours n'y seront pas à temps.

Une chose était certaine chez cet homme : il n'inspirait pas la positivité. Mais je tentai tout de même de garder espoir. Les secours allaient arriver à temps, et ils allaient la sauver. Je pourrais faire quelque chose mais... Non, c'était trop risqué, que ce fut pour elle comme pour moi. J'essayai de la garder avec moi, je la suppliai mais il n'y avait rien à faire, elle perdait trop de sang. C'était trop tard, je le savais, mais je ne voulais pas m'arrêter. Il en était hors de question. Tant que les secours n'auraient pas dit qu'elle était décédée, je resterai à ses côtés, à la supplier de rester avec nous.

Les secours arrivèrent. A peine eurent-ils posé un genou au sol, qu'ils avaient su qu'elle était morte, qu'il était trop tard. Je voulais me voiler la face. Je ne la connaissais pas, mais elle avait l'air adorable et puis, elle avait tellement de choses à vivre... A qui est-ce que cela ferait plaisir de voir quelqu'un mourir, d'abord ?

_ Heure du décès ; 17 heures 58 minutes et 35 secondes.

Ni une, ni deux, ils l'emportèrent avec eux, sans oublier de poser quelques questions à mes collègues, puis disparurent de la circulation. Elle n'aurait pas dû mourir, pas après ce qu'elle venait de supporter, elle aurait dû avoir droit à une deuxième... Non, troisième chance. Ce monde était cruel.

_ Je vous l'avais dit.

J'étais toujours au sol, alors je me levai et demandai au jeune homme de me suivre, après avoir récupéré son dossier. Je l'amenai dans une salle bien plus calme, et il s'assit sur une des chaises, recroquevillé sur lui-même, comme s'il avait peur de ce monde. Après tout, il venait de voir quelqu'un mourir sous ses yeux, comme il l'avait prédit.