Captain Styles [L.S]

Chapter 14

_ Bonjour Louis, le saluais-je toujours dos à lui.
_ Bonjour...

Je me tournais que lorsque je lui avais servi ses œufs brouillés et son bacon dans une assiette, que j'avais posé sur l'îlot central à côté de son chocolat chaud et de son jus de fruits. Il posa doucement ses mains sur le tabouret et fixa son petit-déjeuner, comme s'il était en train de rêver. Ses cheveux étaient en bataille, ses yeux étaient gonflés comme des ballons et sa peau était presque aussi blanche que la mienne. Je me lavais les mains, les séchais et sortais de la cuisine après avoir mis la vaisselle sale dans le lave-vaisselle.

_ Je suppose que tu n'as pas vraiment faim, mais tu devrais manger un peu, je vais prendre ma douche en attendant. Bon appétit.

Je récupérais quelques affaires dans le dressing et filais sous la douche. La salle de bains était impeccable, visiblement il ne se servait pas de celle-ci. Je soupirais, il ne se sentait clairement pas chez lui. Je secouais ma tête de gauche à droite et m'activais.

Lorsque j'eus fini de me préparer, j'en profitais pour récupérer ma valise sous le lit et y déposer toutes mes affaires: vêtements, affaires de toilette et tout ce qui pouvait gêner Louis pour ranger les siennes. Une fois ceci fait, je fermais la valise, la pris et sortis de la chambre. Je la rangeai immédiatement dans le coffre de ma voiture pour qu'elle ne gêne pas, et rejoignis Louis qui avait terminé son repas. Je pris son assiette, ses couverts, son verre et sa tasse que je mis directement dans le lave-vaisselle.

_ C'était délicieux... Merci.

Pour réponse, je lui souris et je m'accoudais sur l'îlot central, en face de lui. Il osa enfin me regarder et répondis légèrement à mon sourire. J'appréciais son effort.

_ J'ai récupéré mes affaires, tu pourras ranger les tiennes dans le dressing de la chambre, ce sera déjà plus pratique pour trouver ce dont tu as besoin et ça risquera moins de se froisser.
_ Tu n'étais pas obligé. Ce n'est pas chez moi.
_ Je t'ai dit de faire tout comme, de toutes manières je n'ai pas vraiment l'occasion de venir régulièrement ici. Je venais surtout pour faire du ménage et arranger le jardin. Mais visiblement, tu t'en occupes très bien et je t'en remercie.

Il haussa les épaules nonchalamment.

_ C'est normal.
_ Le commandant t'a donné une semaine de congés, comme il l'a fait avec Johnson et Grahams. Profites en pour te reposer, pour retourner à Londres ou je ne sais quoi d'autre... L'enterrement de Park se fera lundi, si jamais tu veux y aller.

Il buvait mes paroles, comme s'il était incapable de les assimiler tout d'un coup. Comme si son cerveau avait décidé de faire une pause suite aux découvertes d'hier soir. Tout ceci l'avait retourné et être impuissant m'était difficile. Il pouvait y avoir une solution pour qu'il aille mieux rapidement, mais je doutais fortement que ça lui plairait.

_ Est-ce que tu souhaites oublier Park? Oublier son existence?

Ceci eu comme l'effet d'une douche froide sur Louis. Il était revenu à lui, fronçant les sourcils.

_ Non, je ne veux pas! Il doit rester dans mon cerveau, dans mon coeur. Il m'a laissé une empreinte, et je ne veux pas qu'elle disparaisse. Pourquoi me dis-tu ça?
_ Très bien, je m'en doutais, mais je préférais te le proposer malgré tout. Amaryllis est capable de supprimer certains souvenirs, à volonté. Et je te dis ça parce que je sais à quel point c'est difficile pour toi, mais que Park préférerait sans doutes de te voir sourire plutôt que souffrir de sa disparition.
_ Dis-moi Harry, pourquoi est-ce que tu fais tout ça pour moi? Venant de Zayn, ça ne m'aurais pas étonné. Mais toi, qui es si distant habituellement? Tu fais tout pour qu'on ne s'accroche pas à toi, tu imposes une limite d'approche et tu t'éloigne quand tu sens que ça va dériver. Alors pourquoi tu m'as pris dans tes bras hier soir au lieu de me repousser? Pourquoi tu m'as porté jusqu'à mon lit et m'as déshabillé? Pourquoi tu as retiré les cadres de la commode, et m'annonce ensuite que tu as vidé ton dressing pour que je m'installe? Pourquoi tu m'as préparé le petit déjeuner? Pourquoi tu me dis tout ça? Et puis, pourquoi tu n'es pas parti hier soir pour me laisser seul après m'avoir annoncé les nouvelles?

Je ne m'étais clairement pas attendu à ce qu'il me mitraille de questions. Et le problème, c'était que je n'avais aucune réponse. C'est vrai ça, qu'est-ce que je faisais là au juste, en face de Louis? Pourquoi est-ce que je n'étais pas parti hier comme il le disait? Moi-même je ne me comprenais pas. Je passais une main dans mes cheveux, et relevais mes yeux vers les siens.

_ Parce que je ne voulais pas te laisser seul dans un moment difficile comme celui-ci. Parce que je ne pouvais t'imaginer en train de pleurer seul, dans ton coin et parce que je sais que dans ce genre de moment, mieux vaut ne pas rester seul. Je suis désolé si j'ai fait quelque chose qui t'a offensé, ce n'était pas mon but. C'est vrai que j'aurai pu m'en aller, c'est vrai que j'aurai pu te laisser tomber puisqu'au final nous ne sommes pas aussi proches que vous ne l'êtes avec Zayn, et pour cette raison j'aurai peut-être dû l'appeler et le faire venir à toi. Peut-être même qu'il aurait réussi à t'arracher un sourire sincère, peut-être que tu aurais été un peu plus en forme aujourd'hui. Mais je n'ai pas fait ça. Tu sais quoi? Je vais y aller. Je vais appeler Zayn sur la route et je vais partir bosser.

Je pris mes clefs de voiture, mon portable et mon porte feuilles après avoir enfilé mon manteau.

_ Attends, Harry, ce n'est pas...
_ Passes une bonne journée, l'interrompis-je.

J'ouvris le portail avant de sortir de la maison et m'engouffrais rapidement dans la voiture avant de disparaître du champ de vision de Louis, qui m'avait suivi, mais pas assez rapidement pour me rattraper. J'appelais Zayn qui décrocha dès la première sonnerie.

_ Bonjour Zayn, je pars bosser, pourrais-tu prendre le relai avec Louis s'il te plaît?
_ Qu'est-ce qu'il se passe? Harry, ça n'a pas l'air d'aller, qu'est-ce qui ne va pas?

Je lui fis un briefing rapide pour lui annoncer le décès de Park et pour la réussite de Louis. Je lui dis également de voir avec ce dernier s'il a bien entendu ce que je lui avais appris, concernant ses vacances et l'enterrement de Park. Je pris le soin d'éviter la seconde question de Zayn et raccrochai après avoir su que je pouvais compter sur lui.
Mais c'était quoi cette réaction démesurée au juste? Étais-Je en train de devenir fou? Il fallait impérativement que je reprenne mes esprits, je ne pouvais continuer comme ceci. Je soufflais longuement comme pour obtenir du courage, et agrafais un air impassible et confiant sur mon visage. Ma vie privée ne devait jamais entraver ma vie professionnelle.
Une fois au poste, je me dirigeais vers mon bureau sans oublier de saluer mes collègues et m'assis sur mon fauteuil en cuir noir. J'allumais mon ordinateur et sortis un dossier présent dans un des tiroirs de mon bureau. Je m'attelais à mon travail sans attendre, et peu de temps après, Amaryllis pénétra dans mon bureau.

_ Amaryllis, que puis-je faire pour toi?
_ J'ai réussi à avoir contact avec la petite-amie de la victime, elle était en voyage d'affaires et n'était pas au courant pour le décès de son amie. Elle est rentrée dès qu'elle avait pu, s'inquiétant de ne pas avoir de ses nouvelles.
_ Très bien, allons y.

Evelyne Monley, 32 ans, mariée à Jessy Lord qui était âgée de 35 ans. Pas d'enfants. D'après les voisins, elles étaient du genre discrètes, chaleureuses et toujours souriantes. Elles avaient deux amis en commun, un couple marié avec un enfant. Ils disaient également qu'elles n'étaient pas problématiques, et qu'ils s'entendaient à merveille.
Evelyne était décédée il y a deux jours, d'un coup sur la tête. Elle avait été trouvée par la voisine qui devait arroser les plantes et possédait les clés de la maison pour la simple et bonne raison qu'Evelyne ne devait pas être présente, normalement chez ses parents en Georgie. La maison était sans dessus-dessous, faisant penser que c'était un cambriolage qui avait tourné au vinaigre.
Et nous allions élucider cette affaire, coûte que coûte.