Chapter 17

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[_ La fille avec toi sur le cadre qui était présent sur la commode, ainsi que sur l'autre avec Zayn... Qui est-ce?

Lisait-Il dans mes pensées comme dans un livre ouvert? Je m'attendais à ce que la question arrive, mais pas aussi vite. Je n'y étais clairement pas préparé.
Mais je ne pouvais pas éviter la question éternellement, alors autant en discuter au moment venu. Et ce moment, c'était maintenant. ]

_ Ma fiancée. Ou du moins... Mon ex-fiancée. Elle est décédée il y a 80 ans. Elle voulait vivre éternellement à mes côtés, elle insistait tellement que j'avais fini par accepter. Mais elle n'a pas survécu. Et pourtant, même à son dernier moment, elle me souriait.

Je tentais de ravaler une boule coincée dans ma gorge. Il s'assit à mes côtés, en prenant le soin d'examiner les expressions de mon visage.

_ Mais tu as quel âge?

Je souris. Il voulait changer de sujet, comprenant certainement que c'était toujours sensible. J'appréciais son effort, bien qu'il n'était pas vraiment discret. Je passais une main dans mes cheveux, puis finalement, je décidais de faire un chignon. Louis suivit du regard le moindres de mes mouvements, brûlant ma peau de ses deux billes bleutées.

_ Vingt-quatre ans, et toi? Je finissais par répondre.
_  Ton vrai âge, pas celui que tu donnes pour cacher ton identité. J'en ai vingt-six, et je suis sincère, moi! Dit-il d'un ton accusateur.
_ Deux cents quatre-vingt dix-neuf ans dans un mois.

Il ouvrit grand la bouche, éberlué par cette découverte. C'était clair qu'il y avait une grande différence avec l'âge présent sur ma carte d'identité que je fabriquais moi-même, et je n'avais jamais obtenu un seul cheveux blanc ou une seule ride. Je m'étais amusé à modifier une photo en colorant mes cheveux d'un gris poivré ainsi qu'en mettant des rides sur la peau de mon visage, et ceci avait eu le don de faire rire Zayn. Il se foutait littéralement de ma tronche, et il m'avait dit de but en blanc que ça me convenait mieux comme j'étais à présent. Personnellement, j'étais plutôt figé, fixant l'écran pendant près de deux heures, m'imaginant aux côtés de Rosita, nos petits enfants courant autour de nous. Et ceci avait eu l'effet d'une bombe; mon coeur se déchirait - Si cela pouvait se dire dans mon cas -, et j'avais passé plusieurs jours à déprimer sans adresser la moindre parole à quiconque. Certains en avaient même profiter pour briser certaines règles, et je n'avais pas eu la force de les punir d'une quelconque manière. Zayn avait donc prit la relève, en tant que bon ami et fidèle bras droit, bien qu'il ne savait pas ce qui se tramait dans ma tête en cette période de l'année qui était d'ordinaire plutôt joyeuse: noël approchait à grands pas, et bien que nous ne préparions pas de dinde comme les mortels, nous avions nos verres remplis de sang, des coupes de champagne, et des tonnes de cadeaux que nous posions sous le sapin. La plupart ne pouvaient plus retourner dans leurs familles respectives, alors j'avais décréter que nous ne devions pas échapper à la règle de Noël, afin de ne pas les laisser déprimer dans leurs coins. Et au final, cette année là, c'était moi qui avais passé un jour maussade, à rester enfermé dans ma chambre, fixant une photo de Rosita et moi. Au nouvel an, c'était la même chose: j'avais échappé à notre tradition, qui était d'aller dans une boîte de nuit pour vampires, où aucun humain ne risquait de s'aventurer. Et Zayn n'avait pas voulu y aller sans moi, malgré mes menaces. Alors, il était resté dans ma chambre, à jouer à la console, sans me parler. Il voulait simplement me montrer qu'il était présent et que si j'avais besoin de quoique ce soit, j'avais juste à le dire.

_ Ça te dérange si je regarde une série? Je n'ai pas envie d'aller me coucher tout de suite...
_ Tu fais comme chez toi.

Il secoua sa tête de gauche à droite puis finit par me remercier, avant de mettre en route sa série du moment à la télévision. The Walking Dead? Et bien, je ne pensais pas qu'il aimait ce genre de films. Ne me demandez pas pourquoi, moi-même je ne savais pas. Peut-être était-ce parce qu'il y avait beaucoup de décès? Il en était à la saison six, et dès les premières secondes de l'épisode sept, il fut obnubilé par l'écran, complètement dedans. Clairement, il était fan. Il pouvait passer par toutes les émotions possibles, commentant par moment, grondant ou félicitant quelques personnages comme s'ils pouvaient l'entendre. Sincèrement, c'était drôle à voir. Je passais plus mon temps à le regarder lui, que la série en elle-même. C'était bien plus intéressant. Je n'existais plus, j'étais devenu une simple décoration au milieu du canapé. Cette pensée me fit légèrement pouffer, et c'était uniquement à ce moment-là qu'il remarqua enfin ma présence -après avoir mis le film en pause, bien sûr-. Il fronça les sourcils, et je fis de même. J'avouais, je n'avais pas ri au bon moment; un personnage était en train de mourir et à mon avis, c'était ça qui avait réveillé Louis.

_ Pourquoi tu ris?
_ J'étais en train de me dire que j'étais une décoration en plein milieu du canapé.

Une lueur de culpabilité traversa soudainement ses yeux, et je repris rapidement la parole.

_ Je ne le prends pas mal, ne t'en fais pas. C'était juste une constatation. Excuse-moi de t'avoir dérangé.
_ Tu ne me dérange pas. Je suis désolé, cette série m'obnubile carrément... Tu veux peut-être faire quelque chose d'autre? Tu aurais dû me le dire!
_ Absolument pas, continues de regarder.

Il me fixa de manière intense durant quelques secondes, comme pour s'assurer que je ne racontais pas de mensonges. À un moment donné, son regard dévia vers mes lèvres, puis il finit par le dériver vers l'écran avant de remettre sa série en route. Ses joues étaient légèrement rouges, montrant sa gêne soudaine de son précédent comportement. Son cœur aurait pu sortir de son torse tellement il battait fort. Il était perturbé, et c'était normal avec tout ce qu'il s'était passé aujourd'hui. Moi-même je l'étais, alors je n'osais imaginer son état intérieur. Je cessais de le fixer, sentant que ça le dérangeait et tentais de me concentrer sur le film. Chose plutôt difficile, étant donné que le son de son cœur résonnait dans mes oreilles. A un tel point que je ne pouvais plus entendre la télé, malgré mes efforts. Je fermais mes yeux, et me forçais à me concentrer sur autre chose que lui. Mes pensées dérivèrent finalement sur l'affaire en cours, cherchant un moyen de l'élucider avec le peu de preuves que nous avions et que j'avais réussi à mémoriser.

Environ une heure plus tard, certainement épuisé des événements de la journée, il avait fini par s'endormir. Je m'en rendais compte seulement lorsque sa tête se renversa sur mon épaule. Sa respiration était calme, tout comme l'était son cœur. Et c'était bien plus apaisant de le voir comme ceci plutôt qu'affolé comme jamais. J'attrapai le plus doucement possible, évitant de faire un geste brusque, la télécommande présente dans sa main puis je mis The Walking Dead en pause. La tête dans les nuages, j'observais Louis dormir paisiblement. Sans que je ne m'y attende, il finit par tomber sur mes genoux et je rattrapais sa tête à temps, avant qu'il ne se fasse mal. En tout cas, il était dans un sommeil profond car il ne se réveilla pas. Je posais un coussin sur mes genoux, puis sa tête par dessus. J'avais une vue complète sur son profil, et j'osais pousser une mèche qui tombait sur son œil. Mon pouce se posa sur la plus grosse veine présente dans son cou, la caressant légèrement. Si j'étais un monstre, je profiterais de sa confiance pour boire ne serait-ce qu'une goutte de son sang. Mais je ne le ferai pas. Je n'étais pas comme ça. Plus, du moins. Il semblait parti pour passer sa nuit sur mes genoux. Et ma seule occupation, était d'écouter sa respiration, son cœur et de regarder ses expressions.
Difficilement, je m'avouais intérieurement qu'il était réellement magnifique.

Captain Styles [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant