Chapter 19

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_ Amaryllis fait la tête, m'avoua Zayn.

Niall et Louis s'occupaient de leur repas dans la cuisine, tandis que Zayn et moi restions tous les deux sur le canapé du salon, un verre de vin rouge pour ma part, et une bière pour lui.

_ Quelle en est la raison?

À l'aide de son menton, il pointa Louis, jetant par la même occasion un bref regard amoureux à son petit ami.

_ Elle le considère comme un rival. Le fait que tu aies usé de tes pouvoirs pour toucher le ventre de Louis avec tes lèvres et qu'ensuite tu décides de venir ici l'a rendue folle de jalousie.

Je soufflai, désespéré de son comportement. J'avais pourtant mis les choses au clair avec elle, je lui avais dit qu'entre elle et moi il ne se passerait rien. Enfin... Plus, du moins. Parce qu'en effet, une fois, j'avais succombé à sa demande. Elle m'avait promis que si je lui donnais ce qu'elle souhaitait, elle me laisserait tranquille et cesserait de me rabâcher ses soit disant sentiments. Elle ne m'aimait pas comme elle le pensait. J'étais seulement celui qui l'avais sauvé, celui qui l'avais mordu pour la libérer de ses chaînes et celui qui lui avais donné quelques gouttes de mon sang. Elle ne supportait pas de me voir avec quelqu'un d'autre pour l'unique raison qu'elle avait peur que je ne décide de les laisser tomber. Mais non, je ne manquerai jamais à mon devoir, et le premier était de les protéger quoiqu'il en coûte. Nous étions une famille et rien ni personne ne changerait cela. Niall revint vers nous et s'assit sur les genoux de Zayn qui lui tendit ses bras, avant de lui embrasser le cou. Louis mît peu de temps pour se joindre à nous à son tour, et s'assit à côté de nous en regardant les amoureux en souriant. J'avalais une gorgée de mon vin, le regard dans le vide. Zayn et Niall se mirent à discuter entre eux, tandis que Louis posa une main sur ma cuisse. Je fus surpris par son geste, et j'osais affronter son regard. La lueur présente dans ses yeux me frappa de plein fouet: il était inquiet. Mais pourquoi l'était-Il au juste? Que s'était-Il passé pour que son sourire et ses yeux illuminés de joie disparaissent? Je fronçais les sourcils, dans l'incompréhension totale, lui incitant à parler.

_ Est-ce que tout va bien? Me souffla-t-il.
_ C'est plutôt à moi de te poser la question, pourquoi es-tu inquiet?
_ Tu semblais ailleurs...

Soudainement gêné, il retira sa main et baissa son regard vers ses pieds, les trouvant bien plus intéressants.

_ Rien d'important, ne t'en fais pas.

Il ne me croyait pas, mais fit l'effort de me sourire pour tenter de m'y faire croire. Puis, je me souvins qu'il y a quelques jours, c'était l'enterrement de Park.

_ D'ailleurs, je me demandais, tu es allé à l'enterrement de Park?

Il secoua sa tête de gauche à droite. Je fus d'abord étonné, puis il m'expliqua qu'il ne se sentait pas capable de faire face aux proches de son collègue. Alors, il était allé le voir sur sa tombe le lendemain, lui présentant ses excuses, et lui promettant de venir le voir dès qu'il le pourrait. Et finalement, je comprenais son raisonnement, bien que je n'étais toujours pas d'accord sur le fait qu'il pensait être fautif de son décès.
Niall était excité comme une puce, racontant des blagues en tout genres, disant des sottises et en riant à tout bout de champ. Il était un soleil à lui tout seul, et je comprenais pourquoi Zayn et Niall s'entendaient aussi bien. Ils se ressemblaient sur beaucoup de points, et au lieu d'avoir un seul casse-pieds, nous en avions deux à présent. Mais ce qui me faisait plus plaisir encore, c'était le regard de Zayn et son sourire qui remontait jusqu'à ses oreilles. Ses yeux, eux, étaient illuminés d'un bonheur inexprimable, d'un amour puissant et d'une lueur protectrice envers nous trois. Cela faisait bien longtemps que je le connaissais et jamais je ne l'avais vu avec ces expressions. Alors oui, pour la première fois depuis longtemps, j'accordais une confiance aveugle à un humain, lui laissant le cœur de mon plus grand ami ainsi que notre secret entre ses mains. En tournant mon regard vers Louis, je vis qu'il pensait exactement la même chose que moi, et simultanément, nous nous sourions, attendris par le couple qui venait de se former.
Zayn et moi tenions compagnie à Niall et Louis qui étaient en train de manger, lorsque je reçus un appel. « Amaryllis » s'affichait sur l'écran et je retirais l'élastique de mes cheveux en décrochant, puis je me levais de table, bien qu'ils soient tous devenus silencieux. Je démêlais quelques mèches en passant mes doigts dans mes cheveux.

_ Où êtes-vous, Maître?
_ En quoi cela te concerne-t-il? Une urgence au boulot? Au manoir? Quelle est la réelle raison de ton appel?
_ C'est juste que je pensais vous voir aujourd'hui en sachant que vous étiez en repos, Maître.
_ Et depuis quand est-ce que je rentre obligatoirement au manoir?
_ Vous êtes avec l'humain n'est-ce pas? S'emporta-t-elle. Pourquoi est-ce qu'il a droit à un traitement de faveur lui?!
_ Baisse d'un ton immédiatement!

Mon ton élevé et sec fit sursauter le trio présent à table, mais je n'y prêtais pas attention, irrité par le comportement d'Amaryllis.

_ J'en ai assez! Pourquoi vous ne pouvez pas me voir comme une femme et pas comme un petit toutou qui suit vos ordres? Est-ce parce que je ne suis pas humaine? Mais je l'ai été vous savez, je n'ai pas choisi d'être celle que je suis aujourd'hui!
_ Amaryllis, grondais-Je.
_ Je vous aime, Maître. Je vous aime comme jamais je n'ai aimé. Pourquoi ne pouvez vous pas comprendre cela?! Elle hurla.
_ Non, dis-je d'un ton calme. Tu te trompes sur toute la ligne. Tu veux seulement t'accrocher à ça parce qu'à la différence de Liam, je t'ai bien traitée. Je t'ai appris à te contrôler, j'ai été là lorsque tu pleurais et que tu voulais juste crever. J'ai toujours été là pour toi, pendant tes bons et tes mauvais moments. Je t'ai sauvé, et tu te sens redevable envers moi, parce que tu refusais d'être un monstre et je t'ai empêché de le devenir. Tu m'admire tellement que tu t'en es mélangée les pinceaux. Tu te rappelles la promesse que tu m'avais faite? Pourquoi ai-je l'impression que tu ne la tiens pas? Je te l'ai déjà dit maintes et maintes fois...
_ C'était la première et dernière fois, souffla-t-elle.

Je soupirais en entendant sa respiration se couper, et sa voix dérailler. Elle était à deux doigts de pleurer, mais il fallait qu'elle ouvre les yeux. Il fallait qu'elle comprenne qu'elle ne m'aimait pas comme on aime un petit ami.

_ J'ai une grosse affaire à prendre en charge demain, mais j'ai envie de te laisser une chance et de te faire confiance. Est-ce que tu penses le mériter?
_ Je vous prouverai que vous avez raison de le faire. De quoi s'agit-il?
_ Ça se passera en France, il te suffira de prendre le billet d'avion posé sur mon bureau. Le dossier de l'affaire est juste à côté. Tu as peu de temps pour tout assimiler et y réfléchir, penses-tu y arriver?
_ Je ne vous décevrai pas.
_ Bien, si tu as besoin d'un avis concernant le travail, n'hésites pas à m'appeler.
_ Je vous en suis reconnaissante, Maître. Passez une bonne journée.

Je raccrochai. Elle n'était pas tant reconnaissante qu'elle le prétendait. Elle était en colère, triste. Elle avait du mal à réaliser la chose. Elle espérait que je lui dise que nous allions en France ensemble et pas que je la laissais y aller toute seule. Mais je m'étais dit que peut-être, ça lui aiderait à prendre du recul. J'étais en colère. Elle m'avait contrarié plus d'une fois, et je n'avais pas apprécié son comportement. J'avais de plus en plus de mal à la supporter, et sincèrement, ça ne me plaisais pas de dire ça d'elle, car au fond, elle était adorable. Je fermais les yeux et respirais un grand coup. La pression ne voulait pas redescendre. Avais-je fait le bon choix de la laisser s'occuper de mon affaire? Oui. Elle était capable de l'élucider. De toute façon, au moindre souci, elle m'appellera et je récupérerai le cas. Je me tournais vers Zayn qui, lorsqu'ils croisa mes yeux, se leva de table et se retrouva rapidement devant moi, tentant de me cacher de Louis et Niall. Ses yeux étaient illuminés, me prouvant que les miens l'étaient également. Je lui demandais une cigarette, qu'il me donna sans protester. C'était mal, et je ne voulais pas reprendre, mais actuellement, c'était le seul moyen de me calmer et de reprendre un contrôle total sur moi-même. J'atterrissais dehors à la vitesse de la lumière après l'avoir remercié, une clope à la bouche.
Et j'avais faim.

Captain Styles [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant