Chapter 34

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(NDA: Petit rappel, les discussions en italiques sont françaises, celles en gras sont anglaises)

Point de vue de Louis.

Nous étions à notre dernier jour à Paris et je faisais toujours la tête à Harry. Malgré tout, je ne me passais pas de ses bisous de bonjour, d'au revoir et de bonne nuit. Il faisait toujours le pas vers moi, mais je restais froid et imperturbable. Peut-être que même William n'aurait pas fait ça pour un jouet, mais j'y tenais réellement. Il ne pouvait pas imaginer à quel point c'était complexant de vieillir alors que lui, sa peau restait nette, ses cheveux ne tournaient pas au gris, et son corps d'apollon ne changeait pas. Je faisais régulièrement des rêves de nous deux plus tard, et j'étais loin d'être celui que j'étais aujourd'hui, j'avais bien plus de vécu. Et chaque fois, je me réveillais en pleure. Je trouvais toujours un mensonge à raconter à Harry pour ne pas lui montrer ma faiblesse à ce sujet, mais j'en venais à peu dormir et c'était invivable.
Aujourd'hui, j'avais laissé Harry avec Arizona, tandis que j'avais pris William pour passer la journée avec lui. Ce matin, nous étions allés jouer au parc, puis nous avions déjeuné au Macdo du coin. Heureusement que je me débrouillais pas trop mal en français, autrement j'aurais été foutu. William était très débrouillard, bavard et intelligent. Je trouvais toujours nos conversations très intéressantes et j'étais parfois étonné de sa maturité à son si jeune âge.
Et cette après-midi, nous sommes allés faire les boutiques, je devais avouer que je l'avais gâté. Des tonnes de vêtements et de jouets pour lui tout seul. Au passage, je lui avais demandé conseil pour un cadeau que j'offrirai à sa maman ce soir, après notre dernier restaurant ensemble. Je lui avais pris un carnet de dessin ainsi qu'une toile, car Will m'avait dit qu'elle adorait dessiner et peindre. Puis, je m'étais permis de lui acheter une centrifugeuse car elle se plaignait de ne pas en avoir pour se faire des jus maison.
Après ça, j'avais ramené mon neveu chez lui, et il en fut presque déçu car, je cite « je veux rester avec tonton Lou, je veux pas qu'il parte ». J'ai trouvé ça très touchant et adorable, mais au fond, moi aussi j'étais triste. J'aurais aimé avoir plus de temps avec lui, et nous créer un lien encore plus fort que celui que nous avions déjà.
C'était Harry qui s'était occupé du choix du restaurant cette fois-ci, et qui l'avait réservé. Sans étonnement, il avait opté pour un restaurant italien, car il savait que c'était mes préférés.

_ Qu'est-ce que tu fais?

J'étais prêt à partir, lorsque je remarquais qu'Harry n'était toujours pas habillé, uniquement muni de son jogging.

_ Je ne viens pas, il m'annonça sans lâcher du regard la télévision.
_ Comment ça, tu ne viens pas? Tu n'avais pas réservé une table pour quatre personnes?
_ Si, mais je vous laisse profiter de votre dernier moment en famille. Le restaurant est déjà payé.
_ La famille sera complète uniquement si tu viens avec nous.
_ Vraiment? C'est pour ça que je suis à l'écart?

Il s'était levé du lit, les sourcils froncés et les bras croisés contre son torse magnifiquement musclé et qui ne cessait de m'appeler pour que je le touche.

_ Tu n'es pas à l'écart, je veux juste que tu comprennes à quel point c'est difficile pour moi! M'emportais-je. Alors, oui, je sais, tu as peur que je ne meure sous le coup de tes crocs. Mais je préférerais ça, plutôt que de ne me retrouver à ton bras d'ici quelques années et d'en avoir honte parce que je serai hideux! Et ne me sors pas des absurdités en me disant que tu m'aimeras toujours qu'importe mon physique parce que non, c'est faux! Si moi-même je n'arriverai pas à m'aimer un minimum qui pourrait le faire à ma place, hein? Tu te trouveras quelqu'un de mieux que moi, qui aura de la chair fraîche à t'offrir, de la jeunesse et tutti quanti! J'ai déjà du mal à comprendre pourquoi tu m'as choisi moi à la place d'un autre, alors imagine les films que je me ferai plus tard! Oh et si j'en venais à avoir l'alzheimer, et que j'arrivais à ne plus savoir ton nom? À oublier tout ce que nous avions vécu? Non, non, c'est juste impossible à mes yeux! C'est horrible, putain! Tu n'imagines pas à quel point ça me bouffe! Et ne me dis pas non plus que Niall n'a pas fait de demande pareille, parce que je suis loin d'être lui.
_ Je...
_ Non, l'interrompis-je. Si c'est encore pour me dire que tu t'en sens incapable, ça ne sert à rien. Alors tu sais quoi? Je vais aller passer cette putain de soirée de merde aux côtés de ma soeur et de mon neveu, puis je vais te laisser passer la tienne tranquillement, à faire ce que tu souhaites. Quitte à ce que tu ailles même voir ailleurs, si tu le souhaites, parce que merde, doit bien en avoir des meilleurs que moi!

Et j'avais claqué la porte avant de me barrer en courant et en pleures à la voiture. Bien évidemment, ma dernière phrase était de trop et je ne la pensais absolument pas. Du coup, j'espérais sincèrement qu'il ne le ferait pas... Et j'avais confiance en lui. Clairement, il ne s'attendait pas à ce que je m'emporte à ce point là, et j'imaginais qu'il ne devait pas s'attendre non plus à ce que ça me perturbe à ce point de n'être qu'un simple mortel.
Je n'avais plus aucune envie d'aller au restaurant, mais je me voyais mal annuler notre dernière sortie. Et en plus de ça, je savais que je n'allais pas les revoir avant un bon moment. Alors, le coeur lourd et malgré ma forte envie de faire demi tour puis de rejoindre les bras de mon homme, je récupérais ma soeur et son fils, tout en placardant un masque heureux sur mon visage.

_ Harry n'est pas venu?
_ Non, il était fatigué.

C'était l'excuse la plus probable que j'avais pu lui donner, en sachant qu'elle ne savait pas que c'était un vampire. Et c'était comme si elle attendait que l'on ne soit que nous, lors de notre dernière soirée ensemble, car elle devint bien plus sérieuse que ces derniers jours. De quoi allait-elle me parler? J'espérais que ce ne serait pas trop grave, car ce serait la goutte qui ferait déborder le vase.
Malgré tout, elle attendit que nous en soyons au plat principal pour enfin se décider à me parler.

_ Tu sais que maman avait le don de clairvoyance, n'est-ce pas?

Je hochais la tête en avalant difficilement mes pâtes.

_ As-tu un don particulier également? Car moi, je ne suis qu'une fille banale. Mais... William n'est pas un garçon comme les autres. Il peut voir les esprits et interagir avec eux. Je ne sais pas comment faire pour l'aider, je ne vois pas ce qu'il voit et parfois, il aimerait m'en parler mais je sais qu'il se retient...
_ Je prédis la mort. Je peux en empêcher certaines, mais pas toujours. Écoute, tu as mon numéro, et tout un tas d'autres moyens de me joindre, alors si tu as un souci, ou quoique ce soit... N'hésite pas à m'appeler à n'importe quel moment. Je sais à quel point ça peut être difficile d'être différent. Je ne te promets pas de faire des miracles, par contre. Vous pourrez également venir pendant les vacances, ou je viendrai, enfin on se débrouillera.
_ Merci Louis, pour tout. Je ne regrette absolument pas de t'avoir enfin trouvé. Tu es quelqu'un de merveilleux.

Pour seule réponse, je lui souriais. Moi, merveilleux? Non, j'étais loin de l'être. Mais je m'abstenais de lui dire et me préoccupais plutôt de William qui avait du mal à rouler ses pâtes autour de sa fourchette. Il refusait catégoriquement de les couper, et dans un sens, ce n'était pas pour me déplaire; il m'était insupportable de voir des spaghettis coupées en morceaux, et pire encore de le faire moi-même. Mais ça restait un enfant malgré tout. Alors, je réussissais tout de même à lui découper sa part de pâtes en deux pour que ce ne soit pas trop grand dans sa bouche et je l'aidais à les enrouler.

_ Maman, on peut partir avec tonton Lou?
_ Non mon coeur, demain il y a école et moi je dois travailler.
_ Mais tu pourras trouver un travail là-bas et moi une école!
_ Will, j'ajoutais, je te promets qu'on se verra bientôt. Et puis on s'appellera, d'accord?
_ C'est dingue, je ne l'ai jamais vu s'attacher autant à quelqu'un d'autre que moi.
_ Et tonton Harry aussi je pourrai l'avoir au téléphone et le revoir?

Il l'avait appelé comme ça dès le début. Harry avait réussi à être apprécié dès le départ, sans pour autant faire grand chose. Il avait juste eu à jouer avec lui, discuter, et raconter quelques péripéties de son enfance et William l'avait porté dans son cœur. Mais à cet instant, ça me faisais mal, car je ne savais pas où nous en étions, Harry et moi. Je ne savais pas si oui, il allait pouvoir le revoir et moi aussi. Mais je l'espérais du plus profond de mon coeur. Remarquant mon mal-être soudain, Arizona changea de sujet et William passa rapidement à autre chose, récupérant son habituel sourire joviale.
La fin de soirée fut agréable malgré mon angoisse de plus en plus présente; l'heure de retourner à l'hôtel approchait et je ne savais pas si j'allais y retrouver Harry ou si la chambre serait vide.
Après le restaurant, nous étions allés nous promener  dans Paris pour digérer, continuer de discuter et prendre des photos avant que je ne les ramène chez eux et que je leur dise au revoir après avoir offert les  cadeaux à Arizona qui fut très heureuse, et qui en avait presque pleuré. Ce n'était pas un adieu. Je me fis la promesse de trouver un autre moment pour les revoir prochainement, en espérant que cette fois-ci, je pourrai leur faire visiter ma nouvelle ville.
Et je craignais le retour. Allait-Il être tendu et froid? Je voulais juste les bras de mon homme. Mais lui, voulait-Il toujours les miens?

Captain Styles [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant