🐺17🐺

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Je me retourne en un éclair, les crocs dévoilés.

Les yeux argent qui me fixent me transpercent. Je gronde sourdement, dans un mélange de surprise et d'appréhension. Mes pattes sont fermement plantées dans le sol, et j'entends Yana, la louve de Jaïna, s'approcher doucement de moi, en trottinant.

Son museau chocolat apparaît juste devant le mien, et elle dit :

- Lyka, ou Morrigan, arrête de grogner. Tu vas nous faire repérer.

Comme je garde mon regard figé sur Kelian, tremblante de rage et de surprise, Yana me pousse d'un coup d'épaule.

- Je sais que tu le détestes mais tu ne le connais pas. Je veux que vous vous réconciliez. Toi aussi, Kelian, arrête de la provoquer. Vous ne pouvez pas vous battre chaque fois que vous vous verrez... Expliquez-moi votre problème ! finit par crier la louve, excédée.

Je la fixe d'un air surpris. Je ne savais pas que Yana/Jaïna était aussi sensible à nos rapports, entre son frère et moi. Cela doit vraiment la tracasser pour qu'elle m'attire ici.

- Je... Je suis désolée. Mais toi, Kelian, tu n'y mets vraiment pas du tien, grogné-je avec, certainement, un peu de mauvaise fois.

- Je ne t'apprécie pas, c'est tout. Et tu me provoques aussi, ne fais pas comme si tu étais un ange, réplique l'intéressé.

- Vous ne vous connaissez pas, c'est tout ! intervient Yana/Jaïna.

Je baisse un peu la tête.

- C'est vrai. Mais ce n'est pas pour autant que je vais lui pardonner ces réactions depuis que je suis arrivée. Toi, tu le comprends. Demande-lui pourquoi il est comme ça avec moi, parce que moi, dis-je à la louve chocolat, je ne vois pas. Tant que je ne saurai pas ce que j'ai fait de mal, ou pourquoi il ne peut pas me supporter, je peux rien faire, désolée.

Je me détourne dans l'intention de partir, mais une main saisit mon épaule. Je fais volte-face en grognant. Kelian plante son regard dans le mien.

- Tu comprendras... Lors de la cérémonie.

Ces mots semblent lui arracher la gorge, il les prononce avec peine. Il me regarde sans colère, sans émotion, comme s'il était résigné. Je cesse de gronder, mais je me dégage et cours vers les chalets.

La magnifique clairière s'estompe derrière les arbres tandis que je bondis rapidement, revenant vers mon chalet avant que quiconque ne me voie dehors. Je n'ai pas le droit d'être ici.

Je saute puissamment par la fenêtre grande ouverte, d'un bond spontané qui me permet de voir que je me suis bien développée lors du séjour dans la Meute. Avant, jamais je n'aurais pu atteindre l'ouverture.

Je passe l'appui de fenêtre sans difficulté et me retransforme. Je me glisse alors dans la salle de bain, file sous la douche chaude et réfléchis. Cette discussion m'a chamboulée.

Je sors de la pièce embuée, les cheveux mouillés et des habits propres sur le dos. Je m'étire doucement, faisant craquer quelques os, puis entre dans le salon. Le canapé m'appelle irrésistiblement et je m'y affale en poussant un soupir d'aise.

Sur la table, une assiette de pâtes refroidit. Je me fige. Nora s'est réveillée. Je jette un coup d'œil à l'horloge du mur, et le stress commence à s'insinuer dans ma poitrine. Elle s'est levée il y a au moins une heure, car il est neuf heure...

Je gobe les pâtes de la table et sors. Pourvu qu'elle ne m'ait pas aperçue sortir à quatre heure du matin, m'enfoncer dans la forêt et revenir des heures plus tard... D'ailleurs, le temps ne m'a pas paru aussi long, dans la clairière...

Prédation, L.1 : La dernière Louve Supérieure [FINIE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant