Prédation, L.1 : La dernière Louve Supérieure [FINIE]

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Ma main serre le tissu qui couvre l'épaule de ma tante, et des larmes me montent aux yeux. Le soulagement m'envahit. Elle n'est pas morte dans l'incendie.

Je réfléchis alors. Que faire ? Je ne peux pas la laisser ici, blessée et inconsciente. Mais je me vois mal amener une humaine dans le village.

- Lyka...

Je baisse la tête vers le visage de Lorraine, et retiens mon souffle.

- Je... Je suis... Désolée, articule Lorraine en sifflant.

J'ai peur, tout d'un coup. Il n'est pas question qu'elle meure ! Non ! C'est la seule membre de ma famille adoptive qui ne me déteste pas et que j'apprécie un tant soit peu...

- Lorraine, arrête de parler, je vais trouver une solution, je lui dis doucement.

Ses yeux s'ouvrent alors, légèrement, car l'un des deux ne peut s'ouvrir plus haut que d'un centimètre. Leur couleur verte me paraît extraordinairement vive. Lorraine ouvre la bouche, aucun son n'en sort mais elle me jette un regard d'avertissement.

Aussitôt, je tourne la tête pour voir ce qui lui fait peur. Un buisson frémit et une silhouette en sort. Je me tends, et plisse les yeux pour distinguer ses traits parmi les faibles rayons du soleil levant.

- Kelian, que fais-tu ici ?

- Je peux te retourner la question. Écarte-toi, me fait-il d'une voix autoritaire.

Je m'hérisse aussitôt.

- Pas question. Que veux-tu faire ?

- Nous protéger.

Je suis perdue. De quoi veut-il nous protéger ? De Lorraine ?!

- Écarte-toi, Lyka.

- Non.

Il avance à grands pas et se situe à deux mètres à présent. Ses poings sont serrés. Son regard dur argent se rive dans le mien sans compassion, juste ferme et m'enjoignant d'obéir. Mais je ne le fais pas et le soutiens un peu avant de répliquer :

- Que veux-tu faire ?

Il souffle fort, comme pour évacuer une certaine colère ou tension, puis lâche :

- Empêcher une ennemie de nuire. Maintenant, écarte-toi. Je ne le répéterai pas. Je suis au-dessus de toi, ne l'oublie pas, gronde-t-il.

Je ne bouge pas d'un poil, têtue et convaincue qu'il y a erreur. Lorraine n'est pas une ennemie de la Meute, elle n'a même pas la connaissance de son existence.

- Tu te trompes. Ce n'est pas notre ennemie, elle...

- Lyka...

Je me penche vers ma tante adoptive. Elle me regarde avec une certaine tendresse, comme on regarde un jeune enfant têtu qui ne veut pas admettre que c'est l'heure d'aller au bain. Je suis déstabilisée, mais murmure en retour :

- Que se passe-t-il ?

- Ton ami... (Je me crispe à l'entente de ce qualificatif)... A raison.

Je me fige. Dans mes yeux passent alternativement colère, incompréhension, trahison.

- Qu'es-tu exactement, Lorraine ? je fais d'une voix dure en me relevant.

Elle inspire doucement, hoquète lorsque la douleur se refait sentir, et je vois une de ses plaies suinter d'un liquide vermeille. Mais je ne bouge pas, et attends qu'elle s'explique. Je suis profondément trahie, car Lorraine m'a menti, elle ne vaut pas mieux que les autres. J'attends de voir à quel point.