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Mes yeux s'ouvrent sur un noir complet. Je papillonne un instant, puis tente d'apercevoir l'endroit où je suis. Allongée sur mon lit, en nuisette soyeuse et couleur charbon, la fenêtre est fermée et la nuit sans lune. Aucun bruit de parvient à mes oreilles, et je me redresse sur le matelas. Même le discret ronflement de Nora dans la chambre d'à côté ne me parvient pas.

Serais-je seule dans le chalet ?

Je me lève, un peu curieuse, et vacille légèrement sur mes jambes mal assurées qui sont perclues de courbatures. Je grimace lorsque mes combats de la nuit me reviennent en tête. Ce devait être la nuit précédente. Je regarde mes bras nus et pâles dans la faible luminosité qui m'entoure, et remercie ma régénération rapide qui a fait disparaître mes blessures en une nuit. C'est à peine si je distingue encore quelques lignes blanches qui strillent ma peau.

Je pousse la porte de ma chambre sans bruit, et jette un œil bleu dans la couloir et dans le salon. Personne. Sur la pointe des pieds, je sors du chalet, étonnée encore de ne rien voir du passage de ma colocataire. Elle n'a pas mangé ?

La neige a enfin fondu. Nous sommes début août, et la couche immaculée disparait sous les rayons du soleil, caché à présent puisque c'est la nuit.

Je regarde rapidement si personne n'est dans les environs. Le village de chalets est désert, c'est étrange. Mais quelques lueurs dans les habitations me rassurent bientôt. Ils sont simplement en train de dormir, ou bien mangent chez eux.

Mon souffle se relâche avec soulagement. Je me fais peur toute seule, ce n'est vraiment pas sérieux.

Regarde.

La voix de Morrigan résonne dans ma tête, et elle semble me désigner ces traces dans les restes de poudreuse. Des empreintes de loups, d'autres d'humains. Côte à côte, elles semblent se diriger au même endroit, endroit où je finis par arriver lorsque je suis les traces avec curiosité.

C'est une trappe dans le sol. Elle est légèrement décalée, comme si des gens l'avaient ouverte et puis refermée assez mal. Une brusque émotion me traverse. Je dois me rendre en bas. Mon être me le hurle, me supplie de descendre.

Mon ancienne claustrophobie me prend à la gorge. L'idée de descendre dans le sombre orifice m'est presque horrifiante. Mais je prends sur moi, et inspire un bon coup l'air frais de la nuit, boisé, familier.

Soulevant la trappe avec facilité, je glisse mes pieds dans le trou jusqu'à toucher un barreau d'échelle. Je souffle. Mes yeux se ferment un instant, et je serre les mains sur le premier barreau en m'enfonçant dans le tunnel quasi vertical.

L'échelle me paraît sans fin. Je touche enfin le sol et laisse échapper un long soupir de soulagement. Mais je reprends aussitôt ma traque, car à présent, ce sont des voix et des odeurs qui me parviennent.

- Que fait-on de lui ?

Je sursaute. C'est la voix de Nora. Que fait-elle ici, dans ce souterrain sombre et peu accueillant ? J'avance, les mains effleurant les parois de roche pour ne pas rentrer dans un mur bêtement. Mes sens sont poussés à leur maximum, car la vue ne m'est d'aucune utilité ici. Là, je ne vois strictement rien.

- Nora, ne sois pas dure avec lui. Il est jeune, il n'a que dix ans. Et il est terrorisé.

Je réprime une exclamation de surprise. La seconde voix n'est autre que celle de Zag. Son timbre grave ne peut tromper. Que font-ils ?! De qui parlent-ils ?!

Mon souffle s'accélère. J'ai peur. Ce sentiment me ferait repérer aussitôt, très odorant pour les prédateurs que nous sommes. Je me force à me calmer le plus vite possible, mais c'est trop tard.

Prédation, L.1 : La dernière Louve Supérieure [FINIE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant