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Lorsque je me réveille, je garde un peu les yeux fermés, profitant de la douce chaleur qui règne dans la pièce. Ce n'est pas habituel car ma chambre n'est pas bien isolée, et j'ai souvent un peu froid.

Je finis par entrouvrir les paupières lentement, et dans mon champ de vision se trouve un plafond couleur lilas.

Tiens, c'est bizarre. Ma chambre est grise, pourtant...

C'est à ce moment-là que je me souviens.

Mon arrivée en taxi, ma tante, la maison, ma chambre, la forêt, la poursuite, la télé, le bruit, les chiens, tout... Tout ce qui s'est passé en une journée rejaillit dans ma tête.

Choquée, je reste immobile, et fixe le plafond.

Que va-t-il encore m'arriver aujourd'hui ? Je suis sûre que ces types vont revenir, ils l'ont dit eux-mêmes... Et je les crois, le meneur ne plaisantait pas.

Avec un soupir, je me lève et m'habille pour la sortie de la journée. Lorraine m'emmènera au village, et j'ai bien l'intention d'acheter un manteau et des chaussures appropriés au climat polaire qu'il règne ici.

Une fois mes cheveux noirs coiffés et habillée d'un jeans épais surmonté d'un pull bleu électrique, je sors et descends déjeuner.

Lorraine n'est pas là, mais je ne m'en occupe pas. Elle est sûrement sous la douche, ou que sais-je encore. Pour ma part, je hais l'eau.

Je grignote une tartine beurrée lorsque Lorraine entre dans la cuisine, cheveux mouillés et joues rougies.

Nous nous saluons, et je demande une fois qu'elle s'installe :

- Lorraine, que veux-tu me montrer au village ?

Elle me regarde un instant, sourit, puis répond de sa voix enjouée.

- Eh bien, je voulais t'emmener faire du shopping. Maintenant, si tu n'en as pas envie, on peut trouver autre chose.

Je n'ai pas envie de faire la rabat-joie, aussi je fais semblant d'être enthousiaste, alors qu'en vérité, je n'aime pas spécialement "faire du shopping". Un sourire grimacant sur mon visage, nous finissons de manger et nous préparons à sortie.

Discrètement, je jette un coup d'œil dehors, mais pas de gens louches ni de chiens. Je retiens un soupir de soulagement. Depuis que Lorraine est revenue, ils n'ont pas pointé le bout de leur nez.

Nous sortons dans le froid, mais heureusement il ne neige pas et le vent semble s'être calmé. Je remarque alors pour la première fois la voiture de ma tante, une grosse 4x4 blanche. Nous nous y installons, et elle allume l'air conditionné pour nous réchauffer.

Je m'enfonce dans le cuir de la voiture, et profite du paysage blanc du bord de la route, la tête appuyée contre la vitre, mon souffle toujours brûlant formant de la condensation.

La forêt borde le macadam sur des kilomètres, et les pins impénétrables forment une barrière qui m'empêche de voir ce qui se trouve plus profond. Dans la voiture, le musique qui sort des baffles me fait souffrir, j'ai l'impression que mes tympans vont se perforer. Au bout de quelques secondes je gémis à ma tante, tout doucement :

- Tu peux baisser le son de la musique ?...

Elle tourne le bouton sans un mot, ne lâchant pas la route de son regard acéré. Elle évite les plaques de verglas, et tourne abilement sur le sentier de béton, guettant le moindre animal qui traverserait la route pour l'éviter, le moindre piéton et le moindre virage dangereux.

Je serre si fort les poignées que j'ai peur de les casser. Mais c'est irrépressible, je ne suis pas à l'aise sur ces routes de montagnes glissantes.

Prédation, L.1 : La dernière Louve Supérieure [FINIE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant