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Une minute plus tard, je me trouve devant un chalet inconnu en compagnie de mes amies. Il est semblable à tous les autres en apparence, mais l'odeur de l'occupant m'informe qu'il s'agit de celui de Zag.

— Pourquoi sont-ils chez Zag ? je demande.

— Il vit seul dans son chalet, même son frère Marc refuse de vivre avec lui. Je crois qu'il est insupportable le matin, me confie Nora avec un sourire.

Elle semble m'avoir tout pardonné des événements survenus avant notre fugue pour aller chercher Jaïna. Aucune amertume dans son ton, aucun reproche dans son regard. Et, mine de rien, ça me fait du bien.

— D'accord, mais alors ils sont tous les deux avec Zag ?

— Oui. Il sait s'y prendre avec les blessés, paraît-il, intervient Jaïna, le visage encore pâle mais les yeux pleins de vigueur.

Je lève le poing dans l'intention de frapper le battant de bois solide qui nous fait face, quand il s'ouvre de lui-même, laissant apparaître le visage sombre de mon tuteur.

— Les filles... Vous n'êtes pas sensées vous reposer ? bougonne-t-il.

— Je voulais voir Arthur et Kelian, j'interviens.

Il me regarde et la lueur de ses iris semble s'adoucir. La commissure de ses lèvres se relève en une ébauche de sourire, mais je ne cherche pas à savoir pourquoi car il lance :

— Entre. Et vous ? Vous venez aussi ? Ils sont encore fatigués. Kelian dort, je ne voudrais pas qu'il se réveille. Vous êtes déjà venue au matin, non ?

Jaïna et Nora se tortillent un peu, mal à l'aise. Puis elles me disent :

— C'est vrai, on est déjà passées. On t'attend au chalet.

Elle tournent les talons, alors que j'entre dans le bâtiment de bois. À l'intérieur, il fait plutôt sombre par rapport à la luminosité de dehors. Je plisse les yeux et renifle un peu. L'air sent comme un mélange de produit médical et de sueur de loup. Un étrange parfum qui me fait froncer le nez. J'observe un peu les meubles du salon, se composant d'un canapé et d'une table munie de trois chaises. La cuisine est quasi identique à celle du chalet que je partage avec Nora.

— Kelian dort. Va plutôt voir Arthur, dit Zag quand je fais mine de prendre la première porte à droite.

Je hoche la tête et oblique vers la chambre de fond. En m'approchant, je remarque un étrange éclat dans un coin de mon champ de vision, en haut à droite. Lorsque je regarde discrètement, j'avise une caméra discrète perchée à la rencontre du mur et du plafond. Je soupire un peu, excédée. Il est blessé ! Il ne fera rien, même s'il était dangereux. Ce qui n'est décidément pas le cas. N'y a-t-il que moi qui lui fasse un tant soit peu confiance, ici ?

Je frappe doucement contre la porte et pousse pour entrer dans une chambre confortable mais tristement impersonnelle. Ce devait être la chambre libre du chalet. Le lit est simple, couvert de draps blancs. Une commode et une armoire de bois composent le reste du mobilier.

Enfoui dans les draps immaculés, un loup me sourit. Ses yeux marrons chaleureux pétillent déjà de santé. Il a l'air beaucoup mieux que moi, qui sens déjà le besoin de m'assoir pour ne pas céder à la gravité. Ce que je fais en saisissant une chaise que je n'avais pas remarquée plus tôt. Arthur se redresse dans le lit.

— Lyka. Ça va ?

— Oui. Mais tu as l'air plus en forme que moi.

— Je suis résistant, rit-il.

Puis il ajoute, une ombre voilant ses pupilles :

— Ce n'est pas la première fois que ce genre de chose m'arrive.

Prédation, L.1 : La dernière Louve Supérieure [FINIE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant