Chapitre 27

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Émilia

J'avais un mal de crâne horrible et il me fallut quelque minutes avant de comprendre que j'étais sur le sol de la salle de bain. Ce connard m'avait fait passé la nuit ici. J'avais la gorge sèche et j'avais du mal à respiré, j'étouffais, j'étouffais clairement. Je fis le tour de la pièce des yeux à la recherche de n'importe quel objet susceptible de m'aider à enlever ces foutu menottes quand Nate passa la porte, un plateau à la main.

« - Tu vas bien ? Demanda t-il

- Espèce de sale connard de merde ! Détache moi ! Détache moi maintenant ! Il faut que je respire ! Il me faut de l'aire !

- Tiens, il faut que tu boives un peu, tu meurs de chaud Emi, dit-il en me tendant une bouteille d'eau.

- Détache moi ! Hurlais-je en lui balançant la bouteille d'eau au visage.

- Elle est en pleine phase de colère, rigola Matteo en entrant à son tour, c'était une des pires, j'avais envie de vous tuer quand j'étais en sevrage, littéralement, les menottes n'étais peut-être pas une si mauvaise idée. Il faut que je vérifie ton ventre Émilia, je peux ou tu compte me mordre ?

- Fait le quoi qu'elle dise, indiqua Nate sous mon regard que j'essayais de rendre menaçant.

Matteo s'accroupit pour se mettre à ma hauteur et leva mon teeshirt avec précaution, il grimaça ce qui détourna mon attention de Nate.

- Qu'est-ce que j'ai ? Demandais-je.

- Tu as des points de sutures qui ont sauté à force de te débattre, je vais arranger ça, dit-il avant de partir chercher le nécessaire.

- Je suis désolé Émilia, mais je suis obligé de faire ça, dit Nate.

- Obligé ? Obligé ! Je suis resté enfermer deux mois dans une pièce, ça fait à peine une semaine que j'en suis sortie et tu m'enfermes à nouveau ? Est-ce que tu sais ce que ça peut me faire Nate ? Est-ce que tu en as la moindre idée ?

- Tu crois que ça m'amuse ? De te voir dans cet état ? De ne pas savoir quoi faire pour t'empêcher de te nuire ? Émilia si tu tombes là dedans je sais que je te perdrais, il faut que tu arrives à t'en passer. Après cela je te promet que je serais à tes côtés et que je ferais tout ce qui est en mon possible pour te protéger.

J'étais partagé entre la colère et le désarroi, je n'avais pas plus envie que lui de reprendre cette merde mais j'en avais besoins, j'en avais vraiment besoins !

- Si je te détache et si je te laisse libre dans la maison je vais devoir te surveiller et être sur ton dos, est-ce que tu préfères ça ? Demanda t-il devant mon silence.

- Oui, c'est ce que je veux.

- J'ai tout ce qu'il faut, dit Matteo alors qu'il venait d'entrer dans la pièce.

- On va faire ça dans ton bureau, ce sera mieux, lui indiqua Nate.

Ce dernier parti chercher la clé et m'enleva les menottes, je me frotta les poignets qui avaient rougis à force de tirer  pour me libérer. Pleine de gratitude, je lança un regard de remerciement à Nate avant de suivre Matteo jusqu'à son bureau. Il m'invita à m'asseoir sur la table d'examen pendant qu'il relevait mon teeshirt pour désinfecter la plaie.

« - Émilia, je sais que ce n'est pas ce que tu as envie d'entendre mais ton corps a besoins de beaucoup de repos pour se remettre de tout ça, et la ketamine ne t'aideras en rien. Je peux te proposer n'importe quel calmant qui sera meilleur pour toi.

- J'ai mal, si tu savais à quel point, commençais-je après un long silence. Autant physiquement que mentalement. Je me sens faible, honteuse et la douleur physique et là pour me rappeler ce que j'ai vécu. Si il existait quelque chose capable d'effacer tout ça de ma mémoire je sauterais dessus sans hésiter une seule seconde, que ce soit bon ou mauvais pour moi.

- Je ne peux pas me mettre à ma place mais je peux au moins essayer d'imaginer et je te trouve très courageuse. Tu as supporter tout ça pendant deux long mois et tu es encore là Émilia. Tu n'es pas seule, on est tous là pour toi et on t'aideras à oublier ou du moins à ne plus t'y faire penser. Tout ce que Nate veut, et tout ce qu'on veut, c'est te retrouver. Rien ne sera plus jamais comme avant, on en est conscient mais cela ne veut pas dire que la vie ne sera plus joyeuse. Ici on a tous connu des hauts et des bas parfois plus important que d'autre. Aujourd'hui c'est toi qui est au plus bas mais on sera là pour te remonter, pour te ramener vers le haut. J'ai fini avec les points de suture, je vais te changer le pansement et après je te laisse tranquille, dit-il.

- Matteo, dis-je en le retenant par le bras quand il se retourna pour aller chercher les bandages. Merci, merci pour tout.

- C'est normal, tu fais partie de la famille maintenant et on ne laisse pas tomber la famille. »

Je sortis de son « cabinet » et essaya de chercher Nate pour discuter avec lui, quand je passa devant son bureau je le vis au téléphone, il était de dos, il devait avoir une réunion aujourd'hui car il avait revêtu un costume noir sur une chemise blanche, sa cravate pendait de chaque côté de son cou. Je m'appuya sur l'un des côtés de l'ouverture de la porte. J'avais beau avoir eu envie de l'étranglé il y a juste une heure, là maintenant, tout de suite, j'avais seulement envie d'être dans ses bras.

« - Je vous ai dit une centaine de fois que je ne voulais pas le savoir. Quand je vous donnes un délai vous le respectez, c'est tout. Pas la peine de discuter là dessus. Si vous n'en êtes pas capable ce n'est pas mon problème, dit-il avant de raccrocher.

- Ça ne va pas ? Lui demandais-je en m'approchant de lui pour lui faire sa cravate.

- Un problème avec des fournisseurs, des incapables sérieusement. Et toi ? Tu vas bien ?

- Non, mais ça finira par aller mieux, répondis-je en resserrant le noeud du haut pour la mettre bien droite.

- On y arrivera, ensemble. Aller viens, dit-il en me tirant dans ses bras. J'ai un rendez-vous important à 13h mais après ça on passera la journée ensemble, tranquillement. Si tu veux regarder un film on s'installera dans notre chambre et on commandera des pizzas, si tu veux dormir on fera la sieste toute l'après-midi et si tu veux juste parler, on parlera.

- Tu es devenu un grand romantique toi maintenant, le taquinais-je en relevant la tête pour l'embrasser.

- Seulement avec toi. Et seulement de temps en temps, rajouta t-il pour ne pas perdre la face. Je vais être en retard, va te reposer, je ferais vite. Dit-il avant de m'embrasser à son tour. »

Je me rendit dans la chambre de Nate et m'enroula dans les draps pour essayer de dormir un peu mais une nouvelle douleur au bas ventre me fit serrer les poings. Je souffla un bon coup, mes mains recommençaient à trembler. Je m'allongea, cherchant désespérément une position qui m'aiderait à faire passer la douleur et à m'endormir. Il fallait à tout prix que je lutte. Que je réussisse à m'en sortir, à gagner cette bataille contre ce qu'ils avaient fait de mon corps. Je bloqua mes mains entre mes cuisses pour faire cesser les tremblements et ferma enfin les yeux. Il fallait que je lutte, il fallait que je gagne.

Endless LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant