Tueuse À Gage

Night Club

Je descends de la voiture, garée juste en face du club. Il est 19h45, quasiment comme je l'avais prévu. C'est pas beau ça?

Je m'approche de l'entrée, aux aguets. Je me remémore le visage de l'homme que je dois achever. Cheveux noirs, yeux noirs, grand, d'attitude assez possessive.

Je me présente devant le videur, qui ne se dérange pas pour me relooker de haut en bas. J'ai juste envie de lui mettre mon point dans la figure, mais je me retiens, sinon mon seul moyen d'entrer sera exclu. Il s'écarte et me laisse passer, je ne lui adresse même pas un regard et continue la tête haute.

Le brouhaha des voix est surpassé par la musique aux sons répétitifs et extrêmements forts, cette musique n'est franchement pas ma préférée. Ni cet endroit d'ailleurs. Franchement qui aime venir se trémousser au milieu de cet endroit, rempli d'alcool, de drogue, de bourrés et de tueurs en l'occurrence ? C'est bien le dernier lieu où j'aurai voulu me trouver, pour tuer quelqu'un.

Je m'asseoie au bar et commande une bière. Le barman s'exécute et reviens de suite.

- Merci, lui dis-je par politesse.

- Tout le plaisir est pour moi.

Il s'agit d'un blondinet, aux yeux bleus, et plutôt grand. Il me regarde avec insistance, tandis que moi j'évite son regard et préfère me reporter sur ma cible.

Alors, où es-tu ? Je balaye l'assemblée du regard, entièrement constituée d'hommes et de femmes de tout âge, dansant et buvant. Sympa comme tableau... Mais aucune trace de l'homme que je recherche.

- Vous cherchez quelqu'un?

Je me retourne vers le barman.

- Oui, on peut dire ça.

- Il a bien de la chance, poursuit-il en essuyant des verres.

- Ah oui ? Et pourquoi ça ?

- Et bien...parce que vous êtes ravissante dans cette tenue.

Si je m'y attendais ! Franchement, sur moi, je ne vois que des défauts et lui il me sort que je suis belle avec ça ?!

- Merci, répondis-je une nouvelle fois, de façon neutre.

Je ne souhaite pas créer un lien d'amitié avec qui que se soit. Je suis venue dans un but précis et ce n'est certainement pas ça ! D'ailleurs il faut que je me reconcentre, j'effectue la même recherche que précédemment.

- Vous êtes nouvelle dans le coin ?

Toujours en recherche je réponds simplement, sans me retourner vers lui :

- Non.

- Oh...Mais c'est la première fois que je vous vois ici.

- Oui les boîtes de nuit, c'est pas mon truc du tout, mais comme j'ai un problème à régler je suis obligée d'y venir. Veuillez m'excuser, je dois vous laissez, bonne soirée !

Je viens de planter le barman, au beau milieu de notre conversation. Il a l'air quelque peu vexé, mais tant pis il s'en remettra ! Pour l'instant j'ai d'autres chats à fouetter.

- Mr Jones ?

L'homme se retourne, puis affiche un grand sourire en me voyant.

- On se connaît, belle demoiselle ?

Je lui adresse un grand sourire niais, comme le font ces plouques, à chaque fois qu'elles croisent un gars.

- En fait, pas du tout, mais j'ai entendu parler de vous et...

- Et je vous intéresse, me coupe t-il de façon séductrice.

Beurk ! J'ai envie de vomir !

- Tout à fait.

- Voulez-vous continuer notre conversation ailleurs ?

- Avec plaisir, Mr Jones.

Il me prend par la taille et m'emmène vers une porte. Il l'ouvre, elle donne sur un petit couloir étroit. Puis ouvre une deuxième porte, donnant sur une pièce assez sombre, un genre de placard à balais, mais plus grand.

- Alors...où en étions-nous?

Il se met à caresser mon bras lentement, passe son bras dans mon dos et me plaque fermement contre la porte maintenant close. Ses lèvres se dirigent vers les miennes, mais je ne lui laisse pas le temps, d'aboutir ses sombres pensées et pose mon arme sur sa tempe. Je le sens se crisper, il me dévisage et son sourire malsain se transforme en grimace de peur.

- Recule.

Il s'exécute.

- Qui êtes-vous ? demande t-il en se reprenant peu à peu.

- Personne.

- Répondez !

Non mais je rêve ? Il me donne des ordres, alors que je le tiens en joue ! Je lui tire en plein dans la cuisse, il s'effrondre au sol en lâchant un cri.

- Maintenant tu sais à qui tu t'adresse, connard ! Et tes ordres tu peux te les garder ! Je te souhaite de rejoindre les enfers.

- Non, non ne me tuez pas !

Je lâche un rire sarcastique.

- Tu change de discours maintenant, faudrait savoir ce que tu veux, Mr Jones !

Il me regarde empli de terreur et il a bien raison.

- Bonne soirée.

Je tourne les talons et me dirige vers la porte. Mais j'entends un bruit de gâchette, je fais volte-face et tire d'un coup. Il s'effondre au sol, une arme dans la main.

Mon dieu ! J'ai bien failli y passer ! Il faut que j'arrête de tourner mes crimes, en mode scène de théâtre, à la fin ça va mal finir ! Mais au moins ce monstre ne fait plus parti de ce monde. J'ai réussi.

Je sors de la pièce et rejoins la grande salle. Je traverse tous ces corps entassés les uns sur les autres et quitte le club. Mais juste à la sortie, une main attrape mon bras, je me retourne violement, mais me retiens de pointer mon arme. Tout simplement, car il s'agit du barman, je ne voudrais pas l'effrayer. En voyant ma tête, je le vois froncer les sourcils.

- Hey ? Ça ne va pas ?

Je lâche un soupir et répond sans aucune compassion :

- Écoute j'ai vraiment pas le temps de parler avec toi, maintenant laisse-moi, je suis pressée.

Je récupère mon bras et m'éloigne, pour rejoindre ma voiture. Je traverse la rue sombre et gagne le parking. Mais ce qui devait arriver arriva. Le barman me rattrape, il ne me lâchera pas !

- A quoi tu joues ?! criais-je.

Je retiens mon arme, pour éviter de lui en collé une entre les deux yeux.

- Tu vas me répondre ?

Il semble réfléchir.

Mais je ne lui laisse pas le temps de finir et lui assène un coup là où vous savez. Il recule d'un coup et pose ses mains, sur son entre-jambe, en se tordant de douleur. 

Je le laisse en plein milieu de la ruelle à gémir comme un gamin, puis saute dans ma voiture et démarre à vive allure. Pour regagner ma maison, je vous avoue que j'ai quand même un peu exagéré.
Mais d'où il sort ? Et puis c'est qui lui ? Et depuis quand les barman attaque les belles demoiselles ? Non ! Je ne suis pas du tout en train de me jeter des fleurs.

Demain j'irai voir John et je lui parlerai de ce gamin en manque, cruel, de compétences de dragues.