Tueuse À Gage

Déception

Si nous n'étions pas dans l'eau, je suis persuadée qu'une légère couche de sueur couvrirait nos corps.

Raphaël s'écartent, pour enlever mon t-shirt et le siens. Je me retrouve en soutien-gorge et lui torse nu. Une légère angoisse s'introduit dans mon esprit, mais j'essaie de passer outre. Il continu de m'embrasser, puis empoigne mes fesses pour me relever. Quand enfin il glisse sa main sur mon short et me l'arrache. Mon angoisse monte un peu plus. Il vient caresser mon ventre et passe un doigt derrière l'élastique de ma culotte.

A cet instant, un visage m'apparaît ou devrais-je dire deux visages : mon père et Roy...

Je m'écarte un peu de Raphaël, haletante, l'esprit embrumé. Le ventre noué et la gorge serré.

- Raphaël...Raphaël, stop !

Ce-dernier s'arrête d'un coup.

- Qui y'a t-il ?

Il a l'air d'être terriblement vexer en posant cette question. Je détruit le contact qu'il y avait entre nos deux corps, instaurant une fraîcheur dans le miens.

- Je...je suis désolée...je n'y arrive pas...

Je vois son visage se décomposer.

- Je suis désolé, Kiara, je ne voulais pas te faire peur.

Je cherche à reprendre ma respiration.

- Non, non, c'est pas toi...c'est juste que...

- C'est juste que quoi ?

- Ils me hantent...

Cette dernière phrase instaure une sorte de malaise entre nous deux. Raphaël sort de l'eau silencieux comme une tombe. Je me retrouve seule quelques instants puis il revient avec deux serviettes. Je sors du bassin, grelottant et cherchant à cacher mon corps. Mais ça ne sert à rien puisqu'il ne me jette même pas un coup d'œil, en me tendant la serviette.

Je sens la tension qui s'accroît.

- Excuse-moi, Raphaël...

- C'est pas grave.

Je vois bien qu'il ment.

- On ferait mieux d'aller dormir.

Je sers la serviette autour de mon corps gelé. Mes dents claquent. Je crois d'ailleurs que Raphaël le remarque, mais il n'ose pas venir vers moi et moi non plus.

- Oui...

Je ramasse mes vêtements éparpillés autour de la piscine et rejoins la maison.

Nous n'échangeons plus aucune parole, seuls des regards sous-entendant des reproches ou des regrets règnent.

Je monte les escaliers rapidement et entre dans ma chambre. Je reste le dos collé à la porte, le cœur chamboulé. Qu'ai-je fait ? J'ai tout gâché... Mais je n'aurais pu le faire en voyant leur visage.

J'enfile une culotte sèche et un t-shirt s'arrêtant à mi-cuisse, puis m'allonge dans le lit, laissant mes cauchemars remonter.

- Kiara...il va revenir...

- Non, Tom, ne t'inquiète pas, il ne reviendra pas.

- Pourtant il est dans mes cauchemars.

- Moi aussi il y est, mais maintenant ça fait partie de nous, il va juste falloir apprendre à dompter cette partie.

Je prends mon frère dans mes bras, et caresse ses cheveux.

- Crois-moi, un jour tu arriveras à l'éliminer de ton esprit.

Il redresse son visage enfantin vers le miens.

- Tu crois ?

- J'espère.

Il plonge son visage dans mon cou.

- Tout ira bien, petit Tom...tout ira bien.

Je le serre dans mes bras, comme pour qu'il ne disparaisse pas en fumer et me soit enlever. Je me battrai pour que nous puissions rester ensemble.

- Kiara ?

Cette voix...mais ce n'est pas Tom. Je baisse mon visage et découvre que Tom n'est plus là, dans mes bras, mais allongé au sol, baignant dans son propre sang. Je pousse un cri.

Mon géniteur apparaît devant moi.

- Regarde ce que tu as fait.

- Non, ce n'est p...

- Tais-toi ! Tout est de ta faute, m'accuse Smith en sortant de nul part.

Oh non pas eux...

- NON ! hurlais-je.

- Il est mort par ta faute et tu le sais.

Un autre corps apparaît, gisant au sol. Raphaël... j'hurle à en perdre halène.

- Tu les as tué tous les deux.

- Avec toi tout le monde est voué à mourir.

- Tu causeras même ta propre chute.

L'horreur se peint sur mon visage, quand ils s'approchent tous deux de moi. J'essaie de bouger mais n'y parvient pas, je suis bloquée au sol. Roy vient me chuchoter :

- Tu es à nous.

Mon géniteur renchérit :

- Rien qu'à nous.

Smith m'immobilise et je sais ce qui va s'ensuivre.

Je me mets à hurler le plus fort possible, en espérant que quelqu'un m'entendrait.

- Kiara ?

- Kiara ?

Les deux hommes me regardent inquiet en criant mon nom. Mais ce n'est pas leur voix qui résonnent.

- Kiara !

Je me réveille en sursaut, transpirante, Raphaël au-dessus de moi tenant mes épaules.

- Kiara ? Tu m'entends ? Tout va bien, ok ? Tu es en sécurité.

Encore dans les vapes je me colle au dossier du lit, effrayée.

- Hey ! Tout va bien, je suis là, du calme !

Il me prend dans ses bras et me rassure. Je retiens mes larmes.

- C'était un cauchemar, c'est rien.