Tueuse À Gage

Le retour

J'erre sur la route goudronnée, ne sachant pas vraiment où aller. Mes pieds me font un mal de chien, mais je dois finir ma mission, en venir à bout.

Cela doit bien faire 3h que je marche, quand enfin j'aperçois la ville au loin. Je lâche un léger soupir de soulagement.

Une fois arrivé là-bas, je leur laisserai un peu de répits avant de m'attaquer directement à eux, ou plutôt à lui.

...

Le bâtiment me surplombe de toute sa hauteur. Le parking est peu rempli, je dirais dix voitures tout au plus. Je me rapproche de la porte, personne ne surveille la porte, comme à son habitude. C'est étrange...

J'ouvre la porte. Le silence est le seul bruit régnant ici. J'avance à petits pas. Rien n'est normal. Je me dirige vers le bureau de Reacher, entrouvre la porte : vide.

Je continue dans le couloir, toutes les autres pièces sont vides. Je poursuis dans les autres salles, à la dérive, attendant le moindre signe de vie.

Quand soudain, des voix résonnent derrière la porte de la salle de réunion.

- Ça fait un mois, elle est sûrement morte.

Je reconnais cette voix.

- Non ! Elle est toujours en vie !

Celle-ci aussi.

- Calmez-vous messieurs.

Cette voix...Je sens mon cœur accélérer et cette phrase me transperce : Reacher est un monstre et je dois le tuer, ainsi que tous ceux qui le protège.

C'est à cet instant précis, que j'ouvre la porte violemment.

Tous les yeux se tournent vers moi. Des regards choqués et perdus dans l'incompréhension m'observent. Ça en devient malaisant.

- Vous pouvez regarder ailleurs, prononçais-je sur un ton peu cordial.

La bouche de Raphaël s'ouvre mais aucun son ne sort. Quand à David et Reacher, ils ont ouvert de grands yeux. Et le reste, ils ont une expression faciale indescriptible, si je puis me permettre.

- Kiara ?

Raphaël se lève et s'approche de moi lentement.

- Mon dieu...c'est vraiment toi ?!

- Qui veux-tu que ça soit d'autre ?

Et c'est reparti ! Il va encore me gonfler.

Il se place juste devant moi, puis caresse ma joue. Je sens comme un courant électrique me traverser et des frissons me parcourir. Putain Kiara ! C'est pas le moment ! Reste concentrée. Je recule, affichant un air froid, ce que remarque immédiatement Raphaël. Gêné il fait de même.

- Qu'est ce qui s'est passé ? Ils t'ont fait du mal ?

C'est parti pour l'interrogatoire, comme l'avait prédit Anderson.

- Attends Raphaël, je crois que nous sommes tous sous le choque. Mais d'abord venez vous asseoir, ainsi nous pourrons mieux discuter.

Sa voix résonne en moi, elle m'explose les tympans, me détruis l'ouïe. Je ne vais pas supporter tout ceci davantage.

Je m'assois à côté de Raphaël.

- Explique nous tout, demande John.

Je sens mon cœur vibrer d'inconfort. Je prends une grande inspiration.

- Après avoir été séparée de Raphaël, je me suis réveillée dans une salle que je n'avais encore jamais vu et j'y suis restée pendant un mois.

J'ai prononcé cette phrase dans la plus grande dès sobriété, au grand étonnement de tous.

- Et c'est tout ?

- Qu'est-ce que vous voulez de plus ?! Vous m'avez abandonné ! m'emportais-je.

Cela met l'assemblée dans l'embarras, car ils savent que j'ai raison.

- Je viens de toucher un sujet sensible, pas vrai ?

- Comment t'es tu enfuie ? demande Reacher.

- Ne niez pas ma question ! Vous m'avez abandonné !

- Nous n'avions pas le choix, contre David.

Je le fusille du regard.

- On a toujours le choix !

- Je suis désolée Kiara...c'est ma faute...

Je tourne ma tête vers la personne en question. Il a le regard triste dirigé sur ses mains, posées sur la table.

La rage s'ancre en moi.

- Oui c'est ta faute Raphaël ! Mais c'est aussi la faute de Reacher ! Sans tout ça je n'aurais jamais perdu mon frère, je n'aurais jamais perdu ma vie ! A cause de vous j'ai tout perdu ! criais-je.

Je me lève d'un coup.

- Vous êtes tous des monstres ! Je vous hais !

Ainsi je quitte la pièce, remontée comme jamais.

Et je rejoins la chambre qui m'avait été prêté pendant un temps.

Je m'allonge sur le lit et cri dans l'oreiller, pour faire ressortir toute la rage habitant mon corps. Je hurle jusqu'à m'en briser les cordes vocales.

Enfin je détends mes muscles en restant inerte sur les draps, observant le plafond.

Je pense à demain...passerais-je à l'acte ?

Oui ! Plutôt ça sera fait, plutôt je pourrais rejoindre Harry Anderson. Et je pourrais même essayer de rallier Raphaël à ma cause. Anderson serait content d'avoir une arme en plus.

Sur ces dernières paroles, sur ces dernières pensées, je m'endors, pensant à ce que j'allais accomplir.