Apesanteur

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Un silence s'installe, Raphaël est totalement déboussolé. Il ne sait que dire, tandis que moi, je reste calme, je l'observe.

Quelques mèches blondes tombent devant ses yeux bleus. Sa peau paraît plus blanche sous l'éclairage. Il semble épuisé, comme pour illustrer cette fatigue, de légères cernes souligne le bas de ses yeux. Pas au point du panda je vous rassure ! Ses muscles se dessinent parfaitement bien sous son t-shirt blanc. Les jointures de ses mains sont quelque peu abîmées.

Il remarque que je le regarde, il redresse son visage et plonge son regard dans le miens.

J'ai l'impression de quitter le sol, de me retrouver en apesanteur. Ou alors de tomber dans les profondeur de l'océan. Dans tous les cas, c'est une sensation que je ne voudrais jamais quitter, je suis comme hypnotisée.

Mais que m'arrive t-il ? Est-ce encore une arnaque ? Jamais je ne connaitrais la paix, cette sensation est une illusion, rien de plus.

Je brise notre échange en glissant mon regard sur mon carnet de dessin. Raphaël fait de même. Il a l'air surpris.

- J'ai le droit de jeter un œil ?

Oui ? Non ? Dans tout les cas ça ne changeras rien, alors autant dire oui. Je lui fait un signe de tête.

Il se redresse sur ses jambes, attrape le carnet et se rassois. Il commence à feuilleter les pages lentement. Aucune émotion ne traverse son visage. Il est...indescriptible. Quand soudain, il stop tout mouvement. Il fixe la page. Qu'est-ce qu'il regarde comme ça ?

- C'est une belle réplique.

Hein ? De quoi il parle ? J'ai pour habitude de ne jamais dessiner les gens que je connais...

Il tourne le carnet dans ma direction. Mon cœur s'arrête... Le visage dessiné sur ce papier est un visage angélique, cheveux et yeux clairs. Il s'agit de Raphaël. Raphaël lui-même...

Je deviens tellement folle, que je ne me rends même pas compte de ce que je dessine.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Je reprends mon souffle.

- C'est...c'est juste que je ne me suis pas rendue compte que je t'avais dessiné.

Il fronce les sourcils.

- Je ne t'en veux pas, tu...

- Non, non, c'est pas ça. C'est juste que... je marque une pose et réfléchis. Laisse tomber.

Je vois bien à son expression qu'il ne comprend plus rien. Alors il repose tout et se lève.

- Je devrais sans doute y aller.

Je n'ai pas envie qu'il parte, je vais me sentir seule, oubliée, abandonnée.

- Tu es obligé de partir ?

- Il est presque 4h du mat, il vaudrait mieux dormir.

Je détourne mon regard du siens légèrement blessée.

Il a du le sentir, puisqu'il s'approche de moi d'un pas tranquille. Il s'assoit à quelques centimètres de moi.

- Kiara...regarde-moi.

Je m'exécute.

- Que t'arrive t-il ? Je sais que quelque chose cloche.

Mon cœur accélère, tout comme ma respiration.

- Tu veux vraiment savoir ?

- Oui.

Je baisse les yeux. Cependant Raphaël est plus rapide que moi et capture mon menton avec sa main, pour me redresser la tête. Je lâche un petit soupire d'appréhension.

- Je... j'ai peur de ce qui peut arriver et je ne veux pas te perdre. J'ai déjà perdu trop de monde, je ne peux pas en perdre d'autres. Alors s'il te plait ne me laisse plus seule ici...plus jamais.

Aïe, je me suis peut-être un peu trop lâchée.

- Tu ne seras plus jamais seule...

Raphaël dépose un baiser protecteur sur mon front. Alors je me sens comme apaisée, cette sensation d'apesanteur est presque abolie. Là, c'est bien plus fort, je respire correctement... Mais tout ceci ne peux durer.

La porte s'ouvre violemment et vient se cogner contre le mur, pour laisser une trace de la poignée sur le mur. Nous sursautons tous les deux, et nous écartons l'un de l'autre. David débarque accompagné de deux autres hommes.

- Raphaël, qu'est-ce que tu fais là !

Ils se défient du regard.

- Je n'ai aucun ordre à recevoir de toi !

- Mais de Reacher, si.

Mon mal de tête revient.

- Maintenant sors d'ici.

- Sinon quoi ? prononce t-il sur un ton des moins sympathique.

- Sinon on va devoir utiliser la manière forte.

J'halète.

Raphaël ne résiste pas, il ne veut pas que cela se passe mal, il pense probablement à mon "bien être".

Le voyant se lever, j'attrape sa main.

- Tu m'as promis.

Nos cœurs se serrent en même temps.

Il se penche et me chuchote :

- Je reviendrais, et je te sortirais de là, ok ? Ai confiance en moi, pour une fois.

- D'accord.

Sa main se sépare de la mienne, mon monde s'assombrit. Et ils quittent tous les trois la pièce.

Tueuse À GageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant