2 • Les vieux utilisent pas de diminutif

451 37 19
                                    

Michael

- On part pas. Pas les moyens.

Joe avait sorti ça comme si c'était un fait parmi tant d'autres, et pourtant c'était presque la catastrophe pour nous tous. Partir en vacances, c'était ce qu'on attendait le plus. Et là il venait de tout gâcher.

- Vos études, elles nous coûtent trop chers. On n'a plus de fric.

- Faudrait peut-être arrêter de tout dépenser, aussi, grogna Marlon à l'attention de Jermaine.

- Va t'faire foutre, cracha-t-il en retour.

C'était reparti... Je soupirai et attrapai mes chaussures dans le but d'aller prendre l'air. Les disputes familiales, j'en avais ras le bol.

Je m'assis sur les marches devant la maison et fermai les yeux un instant. Ne pas partir en vacances....

Presque tous mes amis étaient déjà loin. Gary n'était pas la ville rêvée, pour les gens de mon âge. Mais apparemment, j'allais devoir la supporter deux mois de plus.

Probablement que j'allais encore devoir assister aux nombreuses embrouilles entre frères et à la colère de mon père, et c'était quasiment sûr que j'allai m'ennuyer à mourir.

Et puis merde, pourquoi fallait-il toujours que Joe nous pourrisse l'existence... ?

Un taxi venait de se garer devant la maison d'à côté. La vieille Holloway était sortie du côté passager et avait boité jusqu'au conducteur pour le payer.

Tout le monde dans le quartier l'appelait la vieille Holloway. Ma mère avait un peu honte qu'on la surnomme de cette manière lorsqu'on parlait d'elle à la maison. Elle nous demandait toujours de l'appeler Madame, lorsqu'on la saluait, et c'était d'ailleurs de cette manière qu'elle la nommait, même lorsque la vieille n'était pas là.

Une jeune fille sortit de l'autre côté et alla ouvrir le coffre en soupirant. Elle en sortit une grosse valise, puis après l'avoir fermé, elle s'avança vers la maison.

- Mamie ! Grouille !

"Mamie" ? Et dire que tout le monde ici pensait qu'elle allait finir sa vie seule et sans descendant...

- J'arrive, Alex ! Tiens, prends les clés ! lui assura-t-elle en continuant sa discussion avec le chauffeur.

Elle faisait sautiller le trousseau pour l'inciter à l'attraper, ce qu'elle fit en râlant.

Visiblement, elle avait l'air aussi enjouée que moi à l'idée de passer ses vacances ici...

- Ouuh, Michael repère les filles !

- Ferme ta gueule, Tito.

- Depuis quand la vieille a de la visite ? ignora-t-il ma remarque.

- J'en sais rien. J'crois que c'est sa petite-fille, haussai-je les épaules.

- À peine elle arrive que tu connais déjà tout d'elle ? Moi j'dis, tu fais flipper, se moqua-t-il.

- Elle l'a appelée "mamie", c'est pas non plus comme si je l'avais espionnée ou quoi que ce soit ! Je suis pas un psychopathe ! me défendis-je. Ça fait même pas cinq minutes qu'elles ont débarqué !

SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant