14 • La vraie Alex

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Michael

On ne tombe pas amoureux de quelqu'un en si peu de temps... Si ? Peut-être, je n'en savais rien... Mais il y avait quelque chose de fort, ça c'était sûr. Quand je regardais son visage, quand je l'écoutais parler, quand je l'observais se retenir de rire, c'était incroyable.

Un silence pesant s'était installé entre nous pendant le voyage clandestin que nous effectuions. Voulant détendre l'atmosphère, je m'étais penché pour regarder dans la même direction qu'elle, en prenant bien soin de lui bloquer la vue.

– T'es sérieux, là ?

– Hm ? jouai-je l'innocent.

Elle plissa les yeux, tandis que je m'interdisais d'exploser de rire. Soudain, elle me poussa du côté opposé à la fenêtre. Je me défendis en lui attrapant les poignets alors qu'elle essayait de me décaler encore plus loin.

Sans m'en rendre compte, je m'étais à nouveau arrêté sur ses lèvres. Je n'osais même pas me l'avouer mais je mourrais d'envie de les plaquer contre les miennes.

– Michael, m'appela-t-elle calmement en me sortant de mes pensées.

– O-ouais ?

– Arrête.

Elle faisait la navette entre mon œil droit et mon œil gauche.

– De quoi ? De t'embêter ? tentai-je de la faire rire.

– Non, de me regarder comme ça.

Je la dévisageais moi aussi très sérieusement. Il y avait quelque chose d'étrange dans ses yeux. Je ne saurais décrire ce qu'il s'y trouvait, mais on aurait dit qu'elle me suppliait presque.

– Pourquoi ?

– Parce que je crois comprendre pourquoi tu me regardes comme ça.

Je rougis, et en le remarquant, ses joues s'empourprèrent aussi.

– Michael, ne m'embrasse pas. Pas tout de suite, chuchota-t-elle.

Elle tenait mon cœur entre ses mains et ses doigts s'étaient resserrés autour. J'aurais probablement éclaté en sanglots si elle n'avait pas été juste en face de moi.

– Donc tu n'as pas aimé, tout à l'heure, devinai-je la voix étouffée.

– T'as pas compris. Quand tu m'embrasses, je suis plus Alex, et je déteste perdre le contrôle.

J'hochai tristement la tête.

– Excuse-moi...

On était sortis rapidement du train en évitant de se faire remarquer. Il n'y avait qu'avec elle que j'étais capable d'aller à ce point franchir les limites.

Je voulais lui prendre la main, pour la guider, mais j'avais peur de son interprétation. À vrai dire, je n'osais même plus la regarder. Mon cœur était trop serré dans ma cage thoracique, et je luttais pour ne pas pleurer.

Pas devant elle. Pas là. Pas maintenant.

– Hum... Je crois que les rues sont sympas dans le coin, on peut aller se balader, si tu veux... lui proposai-je les mains dans les poches tout en scrutant mes chaussures.

SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant