Summer

4 • Redneck et Gringo

Michael

Je payai timidement l'entrée et l'équipement, et on se dirigea vers le premier terrain, au milieu de la musique d'ambiance et des néons fixés sur les parcours animés.

– T'as déjà joué au mini-golf ? m'intéressai-je.

– Non.

J'avalai difficilement ma salive, un peu mal à l'aise. Je commençais sérieusement à regretter de l'avoir emmenée là. Enfin, je regrettais d'avoir accepté ce défi tout court, en fait... Je fis tout de même l'effort de commencer, et réussis à rentrer la balle dans le trou en deux coups.

– Tu notes deux sur la première case, sous mon nom, lui indiquai-je.

– T'as pas marqué ton nom. Je peux t'en donner un ? sourit-elle malicieusement.

J'haussai les épaules mais vins tout de même vérifier ce qu'elle notait.

– "Redneck"* ? Alors c'est comme ça que tu me vois ? constatai-je.

– Tiens, trouve moi un surnom pour te venger.

Elle me tendit le papier et le carton qui servait de support, puis se plaça pour tirer alors que je lui inventais un surnom qui me vint tout seul à l'esprit. Un coup.

– La chance du débutant, grognai-je.

– Miip. Excuse refusée.

On s'avança vers le suivant et je lui rendis la feuille en me préparant à nouveau.

– "Gringo"... ** lit-elle.

Je pouffai et tirai pour faire à nouveau deux coups.

On continua à jouer ainsi en se charriant de temps en temps, puis lorsqu'on eut parcouru tous les terrains, on alla s'asseoir sur une table au bar ouvert pour vérifier les scores.

– 34... 39... 43... 48 ! J'ai gagné ! s'exclama-t-elle en finissant de les compter.

– Donne-moi ça.

Elle posa ses coudes sur la table pour siroter son jus en s'appuyant sur ses poings, tandis que je m'assurais qu'elle n'avait pas triché. Mais après avoir recompté les points, je fus forcé d'admettre qu'elle avait effectivement un score plus élevé que le mien.

– Bon ok, t'as gagné... cédai-je.

Elle eut un grand sourire fier et victorieux, et finit son verre.

– Comme j'ai gagné, tu as un gage.

– Hein ?! Mais on n'a jamais dit ça ! C'était pas dans le marché ! m'affolai-je.

– Non, effectivement. Je viens de le décider. Mais si tu refuses, c'est que t'es un mauvais perdant, me défia-t-elle.

– C'est du chantage ?

– Peut-être bien... pouffa-t-elle.

Je soupirai, signe que j'abandonnais, et elle regarda aux alentours pour me trouver un défi. Son regard s'arrêta soudainement sur un groupe de personnes d'environ notre âge. Tout en les fixant, elle se pencha un peu vers moi et je l'imitai.