7 • Second degré

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Alex

Bon, il fallait vraiment que je me ressaisisse, ça n'allait plus du tout. Mais bon sang, qu'est-ce que ça faisait du bien de se défouler en dessinant... !

– Bon, je sais pas toi, mais moi j'ai faim. J'irais bien m'acheter un truc au café du coin, déclara Michael.

– J'te suis.

Nous marchions en silence, mais je n'avais pas le temps de me dire si la situation était gênante ou non, puisque mon esprit me triturait.

Comment devrais-je le considérer ? Comme un ami ? Ou juste un bouche-trou ? Rha, mais pourquoi je suis aussi différente avec lui... ?!

Je n'avais même pas remarqué que nous étions déjà au Starbucks du coin. Je bafouillai (encore) un nom de boisson au hasard, prise de court par la question qui m'avait sortie de mes pensées.

Je vérifiai l'orthographe du prénom sur le verre (Alex est très simple à écrire, mais je crois que les employés sont payés pour placer le plus de fautes possibles) alors que nous retournions près du graffiti, avec en plus, un sachet de donuts.

– On n'est pas tout seuls, j'crois... soupirai-je.

En effet, un groupe d'adolescents de notre âge s'était arrêté devant le mur où j'avais dessiné mon... ami ?

– Merde ! jura Michael à voix basse.

Je n'eus le temps de rien faire qu'il m'avait tirée par le bras derrière une voiture où il s'était caché, me forçant à le faire aussi. Il se prenait pour James Bond ou quoi ?

– Qu'est-ce qui te prend ? l'interrogeai-je sans prendre la peine de chuchoter.

– Une chance sur trois milliards qu'il se trouve ici à ce moment-précis ! râla-t-il pour lui-même.

– Oh ! Clyde ! Explique à Bonnie quel est ton problème ! haussai-je le ton.

– "Bonnie" ? répéta-t-il en gloussant.

– Tu connais pas Bonnie and Clyde ?

– Les deux criminels ? Si, mais on sort ensemble depuis quand ? Et personnellement j'ai jamais tué personne !

Je crois que je vais acheter un second cahier où je ferais une liste de gens relous. Numéro un : ceux qui ne prennent pas le second degrés.

– L'humour, ça te dit un truc ? le raillai-je.

– Je pourrais te dire la même chose, riposta-t-il.

– Bon, oublie et dis-moi c'qu'il s'passe, abandonnai-je avant de péter un câble.

Il se redressa prudemment pour regarder le groupe, me faisant signe de l'imiter. Habituellement, je n'aime pas recevoir d'ordre. Mais je venais de me rendre compte qu'un de ces enfoirés était en train de pourrir mon dessin.

– Lithéo, t'es lourd ! grogna un de ses copains.

– Juste parce qu'il a flashé sur l'autre pauvre type.

J'avais une énorme boule dans le ventre, qui ne faisait qu'amplifier. Sûrement la colère. Elle avait commencé à naître quand je l'avais vu vandaliser mon graffiti, et encore plus quand ils avaient insul... Quoi ?

SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant