Summer

Épilogue

– Hey, Alex ! Tu vas où ? Tu viens pas avec nous ?

– Laisse tomber, Chaster. J'ai pas le temps.

Il n'eut rien le temps de répondre : j'étais déjà loin. Jamais je n'avais jamais marché d'un pas aussi rapide et décidé. J'avais simplement pris mon portefeuille dans lequel j'avais glissé ma carte d'identité, et j'étais partie sans perdre de temps.

L'homme à l'entrée avait minutieusement détaillé mes papiers. Ses yeux avaient exprimés de la surprise, puis il avait dit quelques mots dans son talkie-walkie. Je savais pourquoi il avait été aussi étonné. Ça faisait un bon bout de temps que je n'étais pas venue.

On m'a dit d'aller m'asseoir sur une chaise devant le numéro 6. Derrière la petite vitre, l'autre chaise était vide. Jusqu'à ce qu'il arrive. Chemise orange assortie au pantalon, il était venu s'installer lentement tout en me dévisageant.

J'ai soufflé, retenu mes larmes, et j'ai attrapé le combiné. Après quelques secondes à me dévisager, il a fait de même, ému.

– T...Tu es magnifique... a-t-il bégayé à travers la ligne en esquissant un sourire nostalgique.

Ses larmes se sont mises à couler toutes seules. J'ai essuyé les miennes et j'ai repris un air froid du mieux que je pouvais.

– Il reste combien de temps ?

– Presque rien, trésor...

– Presque rien, c'est pas une vraie durée...

On s'est regardé sans rien dire. Le silence parlait plus que les mots.

– Vous êtes parties en vacances, avec ta mère ?

– Juste moi. Je suis allée chez mamie.

– Tu t'es bien amusée ?

J'ai ri du nez. Il posait les mêmes questions qu'un vieux.

– J'ai rencontré quelqu'un...

Il s'est avancé pour s'accouder à l'espèce de bureau qui nous séparait.

– Un garçon ?

– Un garçon.

– Il te plaisait ?

– Il me plaît.

– Et tu lui as dit ?

– Oui.

– Et c'est allé plus loin ?

– Oui.

Il s'est tût, m'a dévisagée, puis a pris un air dur.

– Les gamins de Gary sont pas des gamins fréquentables. Fais gaffe à lui. Fais gaffe à toi. Je veux pas me retrouver avec toi comme compagne de cellule.

Après ça, il a raccroché le combiné et s'est levé.

S'il savait...

Il a disparu de mon champ de vision et je suis restée là sans bouger quelques secondes.

Je ne savais plus qui croire et quoi penser.

Michael, mon amour de vacances que je n'ai connu que deux semaines ?

Ou mon père, à qui je confiais tout et qui me donnait les meilleurs conseils qui soient avant son incarcération ?