15 • Fissure

339 25 15
                                    

Alex

L'histoire de mes grands-parents passait en boucle dans ma tête. La sensation de ses lèvres sur les miennes aussi.

– Alex, insista-t-il sur un ton grave.

– J-je sais pas... répétai-je perturbée par ses yeux.

Il fit deux petits pas qui rétrécirent la distance entre nous deux. Mon pouls déjà bien affolé se mit à cogner fortement dans mes tympans. Alors imaginez maintenant quand il posa son front contre le mien.

– C'est le moment ou jamais de me repousser, chuchota-t-il en fermant les yeux.

– Alors ne m'embrasse pas.

Il s'écarta soudainement. Ses joues devinrent écarlates. Il chercha une explication dans mes yeux.

– J-je sais pas si c'est une bonne idée... me justifiai-je.

– P-pourquoi ? s'attrista-t-il.

– Je n'aime pas la vraie Alex, avouai-je timidement.

Il continua de me regarder droit dans les yeux. Les siens s'adoucirent en trouvant une réponse à ses questions.

– Parce que tout le monde préfère la fausse. Parce qu'à part toi et moi, personne d'autre ne connaît Alex, la vraie. Tu as peur de changer définitivement en toi-même, et qu'ils te délaissent. J'ai tort ?

Je restai interdite. Il disait tout haut ce que je pensais tout bas. Il me connaissait bien plus que ce que j'imaginais.

– Laisse-moi te dire que ceux qui ne t'acceptent pas comme tu es vraiment ne te méritent pas.

Trop. C'était le mot qui me revenait le plus à l'esprit. J'en avais trop. Je supportais trop. Je me contenais trop. Il fallait que je libère tout ça. Et Michael, à cet instant, semblait être la seule personne qui pouvait voir ça.

Me voir éclater en sanglots sur son épaule.

J'en eus la confirmation lorsqu'il commença à me caresser les cheveux et le dos, me bercer, tenter de me calmer, resserrant son étreinte sur mon corps tremblant et emporté par mes pleurs.

– Enfin, ça sort... rit-il pour me détendre.

Mes bras s'enroulèrent plus fort encore autour de son dos, et j'essayai de calmer peu à peu mes spasmes et mes larmes.

– Fais ce que tu veux avec tes amis ou ta famille. Mais reste Alex, quand tu es avec moi.

J'avais pu me calmer grâce à son aide, et maintenant, j'avais ma joue posée sur son épaule et je reniflais.

– La dernière fois que j'ai pleuré comme ça, c'était quand mes parents ont divorcé, me confiai-je d'une voix étouffée et tremblante.

– Elle vient donc de là... souffla-t-il

– Qui ?

– La fausse Alex. Elle est née quand la vraie n'était pas à la hauteur pour supporter ce qui lui arrivait. C'est ce que je disais, c'est ta carapace. Ton moyen de défense pour ce qui pourrait te faire mal.

SummerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant