Summer

23 • La fille qui colle

Alex

– Tu trouves pas que Charlie a grossi ?

– Hm...

Cette fois je soupirai. Ça faisait bien dix minutes que je lui racontais n'importe quoi et qu'il se contentait de grogner pour répondre.

– Hey, tu me fais la tête parce que j'étais de mauvaise humeur hier, c'est ça ? le secouai-je.

Il sembla enfin se réveiller.

– Quoi ? Euh... Non ! bafouilla-t-il.

Je plissai les yeux.

– J'ai dit ou fait quelque chose de mal ? m'inquiétai-je.

Michael avait détourné son visage vers moi et me détaillait avec un air triste, comme s'il compatissait pour quelque chose...

– Pourquoi tu me regardes comme ça ? l'interrogeai-je avec une pointe d'affolement dans la voix.

– Alex, je... On se dit tout, okay ? débuta-t-il un peu réticent.

De quoi me faire paniquer encore plus. Je fronçais les sourcils en faisant la navette entre son œil droit et son œil gauche. Jamais je n'avais autant appréhender quelque chose.

Une simple petite phrase. Bourrée de sens.

– Joe m'a raconté pour ton père...

J'étais pétrifiée. Ce que je redoutais le plus était arrivé. Après quelques secondes sans pouvoir bouger, je retrouvai l'usage de mes jambes et bondis du banc sur lequel on s'était installés un peu plus tôt.

– Alex, s'il te plaît, laisse-moi finir, me retint Michael en m'agrippant le poignet après s'être levé à son tour.

Je réalisai à cet instant qu'il était trop tard à présent pour mentir. En voulant le fuir, je lui avais confirmé les dires de son père.

– Alex, tu sais que tu peux tout me dire. Je t'ai tout raconté. C'est le genre de choses qui ne me surprend plus, tu sais. J'aurais compris.

– Si tu avais compris, tu ne me retiendrais pas, le défiai-je à mi-voix.

– C'est vrai, alors ? contourna-t-il la question.

– S'il te plaît, laisse-moi partir.

– J'en étais sûr.

Je me crispai.

– J'étais sûr que c'était à cause de quelque chose d'autre que tu avais créé ton côté « je-m'en-fiche-de-tout ». Tu avais les yeux fuyants et la voix moins sûre quand tu m'as dit que tes parents avaient divorcé.

C'était trop.

– Je ne sais pas pour qui tu te prends, mais je crois que tu as dépassé la limite, Michael, haussai-je le ton. En ce qui concerne mon père, ça ne regarde absolument pas Joe, et encore moins toi.

Il écoutait sans rien dire, la mâchoire serrée. Il avait l'air de réaliser que j'avais raison. Bien sûr, que j'avais raison.