Summer

6 • Le charme à la Jackson

Michael

La veille, elle m'avait informée du fait qu'elle voulait aller à un stage d'art depuis trois ans. Autant dire que l'information avait fusé dans mon esprit à la vitesse de la lumière pour trouver une idée en quelques secondes.

– Je sors, j'vais acheter deux trois trucs, annonçai-je en enfilant ma veste.

– Nan, tu viens m'aider à étendre le linge, d'abord, m'en empêcha ma mère.

Bien que, avec tout le respect que je lui dois, j'eus envie de l'égorger, je cédai en lâchant un soupir d'exaspération et en venant attraper un côté de la hanse de la bassine.

– Laisse, m'man, j'te remplace.

Autrefois en train de lire, Tito se leva pour prendre la place de notre génitrice. Je fronçai les sourcils face à son sourire en coin, puis on sortit de la maison.

– Alors ? Ça s'est passé comment hier soir ? Tu lui as fait du charme à la Jackson ? ricana mon aîné.

– J'te jure, va falloir que tu te calmes. Je n'ai en aucun cas envie de sortir avec Alex, assurai-je avec une pointe d'agacement dans la voix.

– C'est pour ça que tu te tues à vous trouver une activité par jour ? Tu passes ta journée à y penser !

– Mais qu'est-ce que tu racontes ? C'est toi qui fait qu'y penser !

– Ah oui ? Et pourquoi tu voulais aller au magasin, au juste ?

Bon ok, là, il me tenait.

– Je veux juste gagner mon défi. T'as qu'à prendre ça comme le côté "gagneur" des Jackson, comme tu dis.

– Mes fesses.

J'attachais les pinces-à-linge en réfléchissant. Et voilà, Tito avait réussi à me troubler...

– Tu sais, Mike, si j'te dis ça, c'est parce que j'te connais. À combien de filles t'as parlé dans toute ta vie, sans compter la famille et les adultes à qui tu étais obligé d'adresser la parole ? Je dirais... Une seule. Et c'est elle. Je dis pas que c'est la fille qu'il te faut ni rien, j'en sais rien, moi. Je dis juste que c'est la première fille que t'abordes, et que tu vas vite finir par ne plus savoir reconnaître les sentiments que tu portes envers elle. Crois-en mon expérience.

Je restai muet. Oui, c'était une des premières filles à qui j'adressais la parole de mon plein gré. Mais avait-il raison ?

– Hey, Tito. Jure-moi que ça reste entre toi et moi. La dernière chose que j'voudrais, c'est que toute la famille le sache.

– Juré.

Je lui adressai un sourire reconnaissant, mais très vite, l'atmosphère devint plus tendue.

– Hier, un gars est tombé amoureux de moi.

Il détourna vivement son regard vers moi et me fit les gros yeux, avant d'exploser de rire.

– Le charme à la Jackson !

•

Elle regarda l'heure sur sa montre, puis leva à nouveau ses yeux vers moi.