Chapitre 10

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"Le silence se fit, puis la porte du bureau grinça, et Maël en sortit, encore plus dévasté qu'il n'y était entré. Il détourna le regard quand il nous vit, et partit en vitesse dans la direction opposée.

'Où vas-tu? Maël! l'appelai-je.

-Iris, me reprit ma mère, je crois que ton cousin a besoin d'être seul. Allez dans votre chambre.'

Lorelei me prit l'épaule, et nous redescendîmes, tandis que ma mère rejoignait mon père dans le bureau. Ma soeur s'arrêta en entendant mon père s'exclamer:

'Par pitié, je ne suis pas d'humeur!

-N'était-ce pas un peu cruel de la part de celui qui l'a presque élevé?

-Il a courtisé une jeune fille de la haute bourgeoisie déjà fiancée, sans nous le dire! Il a voulu la dévergonder à côté de la Comédie Française, le soir dernier! Ne me faites pas revenir sur mes paroles, Madame!

-Croyez-vous vraiment que votre neveu ait aussi peu de moralité? Après dix ans à lui transmettre tout ce que vous savez?

-Croyez-vous vraiment que je puisse remettre en cause la parole d'une demoiselle reconnue dans le monde?'

Ainsi, je compris que c'était elle qui nous avait mis dans un tel embarras. Furieuse, je gravis quatre à quatre les marches avant que Lorelei ne puisse me retenir.

'C'est une menteuse! criai-je, faisant sursauter les domestiques qui avaient accouru.

-Et toi tu n'as pas à être ici! s'emporta encore plus mon père. Retourne dans ta chambre!

-Pas tant que vous considérerez mon frère comme un insensé!'"

"Tout le monde me regarda, éberlué, sauf Lorelei, qui entra en m'approuvant de la tête. Mon père se radoucit:

'Votre cousin a fait quelque chose de très grave, qui pourrait vous porter atteinte à toutes les deux. Il doit être puni en conséquence.

-Et s'il ne s'agit que de spéculations visant à justement nous porter atteinte? Ou innocenter quelqu'un?

-Tu ne peux pas accuser Virginie Faure ainsi, Iris.

-Et pourtant, je l'accuse. Je l'ai bien vue! Vous souvenez-vous de cette soirée, l'année dernière?

-Monsieur Faure l'a évoquée. Maël...

-Maël est resté de marbre pendant que Mademoiselle Faure lui indiquait clairement qu'il lui plaisait! J'étais à côté!

-Tu étais sensée te trouver à nos côtés, cette nuit-là.

-Vous étiez en train d'évoquer vos affaire avec Monsieur de Crécy.'

Mon père soupira à nouveau.

'Dans vos chambres. Je vous écouterai demain, à tête reposée.

-Donc vous admettez que vous avez fait preuve de manque de discernement à l'égard de Maël?

-Je suis ton père, Iris. Tu me dois respect et obéissance. Ne joue pas avec mes nerfs.'

Lorelei m'agrippa l'épaule et me força à quitter la pièce. Mon père passa sa main sur son visage.

'Où est Maël?

-Il a quitté le manoir, Monsieur, intervint Charles, un valet. Il a pris son cheval et est parti vers le village.

-Que l'un de vous le suive et s'assure qu'il va bien.

-Tout de suite, Monsieur.

-Mais que faites-vous tous ici?'

Mémoires du Siècle Dernier, tome 1 : Le biographeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant