Chapitre 33 : Enfance [ Livaï ]

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Une enfance où le bonheur est dans chacun de nos souvenirs n'existe pas et n'existera jamais. Je me suis toujours dis ça dès mon plus jeune âge. Avant, je pensais même que le bonheur et la joie n'était qu'une illusion, un mensonge. Je ne pense pas avoir eu un seul souvenir de quand j'étais petit, où je souriais volontairement. Je ne sortais presque jamais de la maison à cause de mon père, il ne me laissait aller nul-part. Je vivais dans la basse-ville, un endroit où il n'y avait que des sales types. Ma mère, Kuchel Ackermann, était comme moi, elle ne devait absolument pas sortir. Mais même si on ne voyait jamais l'extérieur à part à travers une petite fenêtre, ma mère et moi, on ne se quittait jamais. Toujours à se serrer entre nous. Mon père, Kenny Ackermann, n'était pas mauvais, enfin c'était ce que je croyais avant de le voir rentrer à la maison, couvert de sang de la tête au pieds. Quand je l'ai vu comme ça, je me suis précipité à l'endroit où maman dormait tout en essayant de ne faire aucun bruit. Dans la chambre, je me suis assis contre le lit en respirant difficilement, la main de ma mère s'est posée sur ma tête et a commencé à la caresser. J'ai commencé à pleurer faisant descendre ma mère du lit. Elle entoure directement ses bras autour de ma taille et me caresse le dos. Je l'ai serré fortement tout en pleurant de plus belle, c'était la première que je pleurais autant. Mon père est rentré dans la chambre, sans doute alerté par mes pleures, il n'avait plus rien sur lui, je me suis dis que j'avais du halluciner mais je me suis tout de suite dis le contraire quand j'ai remarqué une tâche de sang sur son pantalon. La peur est remontée d'un seul coup, j'aggrippais encore plus fort la robe de ma mère. Mon père ne comprenais rien et vu que je fixais la tâche de sang, il a très vite compris pourquoi j'étais terrifié. Il sort pour revenir quelques minutes après, ma mère toujours en train de me réconforter.

- Ne t'inquiète pas mon chéri, je suis là. Personne ne va te faire du mal. Me souffle ma mère.

- Je suis là, moi aussi. Tu n'as rien à craindre. Il s'approche de nous, me faisant m'enfoncer dans les bras de maman. Viens me faire un câlin.

Je ne voulais pas lui en faire un. J'avais peur que si je me serrais contre lui, je serrais tout aussi recouvert de sang. Mais je ne sais pas comment, peut-être parce que ma mère m'a un peu poussé, je me suis retrouvé à être contre lui, les bras entourant sa taille. Il sentait fortement le produit, ça m'a légèrement rassuré. Je ne trouvais plus cette aura de tueur dont il était enveloppé en rentrant. C'était plus une aura de sûreté. Je resserais ma prise et est plaqué ma tête sur son abdomen, il caresse ma tête et se penche pour me faire un bisou sur le dessus du crâne. Je ne le trouvais plus du tout effrayant, c'était presque comme si ce n'était pas la même personne. Les minutes ont défilé et puis la nuit était rapidemment tombée, mon paternel m'avait allongé sur le seul lit qui trônait dans la pièce. Je croyais que maman allait aussi venir me serrer contre elle mais non, elle est sorti de la chambre avec papa. Je ne voulais absolument pas rester seul dans une pièce aussi humide que celle-ci, j'ai alors posé mes pieds sur le sol froid et me suis rapproché de la porte. Mes parents étaient en train de parler, j'ai lentement posé mon oreille gauche sur la surface de la porte de sorte à pouvoir les entendre. Au départ, je n'arrivais pas à bien discerner les mots mais après quelques secondes, les voix sont devenues plus claires et fluides.

- Chéri, j'en ai assez que tu fasses ce boulot. Tu ne peux pas être presque comme tous les autres hommes ? Pourquoi faut-il que tu fasses cela ? Chuchote ma mère.

- Tu crois que je fais ce boulot pour le plaisir ? Je le fais pour que vous ayez quelque chose de comestibles à bouffer

- Sauf que tu n'es pas obligé de tuer pour nous permettre de survivre. La voix de ma mère vascille légèrement. Je ne supporte plus. Quand je mange des fruits que tu rapportes j'ai l'impression d'engloutir de la chair en putréfaction !

J'ai rapidemment décroché mon oreille de la porte. J'ai serré ma poitrine et me suis écroulé au sol en essayant de faire le moins de bruit possible. Des larmes ont dévalés mes joues, les ont rongés. Mes sanglots restaient coincés au fond de ma gorge. En à peine une seconde, mon monde était déjà en miettes. Comment vivre après ça ? Je préfère crever de faim que de continuer à rester dans cette maudite piaule ! Je me suis relevé et me suis dirigé vers la seule fenêtre de la pièce, des barriquades était clouées sur elle mais avec assez de force, j'arrachais les planches une par une. Je m'en fichais maintenant de savoir si j'étais entendu ou non, je voulais juste partir et au plus vite. Il n'y avait plus rien pour me retenir donc j'ai sauté par la fenêtre sans faire attention à mon entourage. Il pleuvait à l'extérieur, la première fois que je sentais les gouttes de la pluie couler sur ma peau blanche. J'ai marché plus loin pour que si mes parents remarquent mon absence, qu'ils ne puissent pas me retrouver aussi facilement. Je me suis arrêté à côté d'un lampadaire, il faisait maintenant très sombre et la pluie ne s'était pas arrêtée. J'avais les cheveux complètement trempés et collés sur mon visage. Je me suis accroupi contre le grand objet froid, je regrettais déjà d'être parti de la maison mais je ne voulais pas faire marche arrière. Je mourrais de froid et je commençais à avoir faim. La fatigue me brûlait les yeux, mes paupières ne cessaient de salourdir de plus en plus mais je voulais rester éveiller. Il me restait encore des larmes qui se sont directement mises à couler. J'étais perdu. J'ai entouré mes bras autour de mes jambes, je me suis crispé comme si je devenais petit à petit de la roche dure. Le noir me faisait peur et j'en étais entouré. 

- Maman ... Je veux que tu viennes. Je murmure larmoyant. J'ai trop peur ... Je n'aurais jamais du partir loin de toi.

J'étais seul. Personne aux alentours et pourtant, j'avais l'impression qu'on me fixait avec insistance comme si j'étais une proie. J'imaginais des monstres effroyables marcher en cercle autour de moi. Se lechant les babines en pensant comment j'allais être délicieux à manipuler. Une boule se forma à l'intérieur de mon ventre.

- Maman vient vite ... Je ne veux pas être mangé.

Rien à faire. Je serai et resterais seul. J'ai commencé à perdre espoir. Je n'apercevais même plus la lumière du lampadaire au dessus de moi. Les monstres ont gagné en terrain, il ne reste plus que quelques pas avant que je ne sois englouti. Mais au moment où je pensais que j'allais mourir, une main s'est présentée devant mes yeux. Pas une main monstrueuse, juste une main humaine un peu plus âgé de trois ans que moi. L'espoir était revenu, le goût de la vie avec. Je relève les yeux vers cette personne, le sourire au lèvre.

Je vais t'arrêter... [Ereri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant