Chapitre 24: Quand le passé remonte sans prévenir

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Par mes yeux, je ne voyais plus qu'un fond noir. Je ne sais pas où je suis et ça me fais légèrement paniquer comme n'importe quelle personne normale dont la même situation se produit devant eux. Tournant la tête de gauche à droite, je n'arrivais pas à m'accrocher à un repère, il n'y avait tout simplement rien, le noir complet. Je ne peux être mort, c'est certain. Un bruit se fait parvenir à mes oreilles ce qui me fais sursauter. Je dirige ensuite mon regard vers la provenance du bruit puis découvre un lampadaire avec un jeune adolescent, accroupi au sol, emmitouflé dans un ensemble de couvertures toutes rapiécées. Seulement des cheveux noirs sortaient de ce tas. Une couleur similaire à la mienne. Le jeune homme tremblait de toute part, des soubresauts répétitifs traversaient tout son maigre corps pâle. Je décide de me diriger calmement vers lui, ne voulant pas lui faire peur. La nostalgie m'envahit quand je découvris qui était réellement la personne devant moi, je ne m'aurais jamais reconnu si je ne m'étais pas rapproché de plus près. Je m'assis finalement à côté de lui au lieu de rester devant lui à rien faire, attendant le temps passer. Ma main se posa involontairement sur le dessus du crâne de mon moi des années auparavant, ses secousses s'arrêtèrent. Sur le moment, je ne m'étais pas rendu compte que je lui faisais actuellement un câlin en lui caressant affectueusement les cheveux et le dos. En même temps, comment prévoir sa réaction quand tu te rencontres des années plus tôt ? Je sentais un liquide tremper mon t-shirt ce qui me fait tirer une sale tête sans pour autant éloigner le gamin mais je repris conscience de la réalité et commença à regretter mon dégout. Je savais très bien ce qu'il se passait, le moment qui a totalement changé ma vie, un tournant autant important que douloureux. Je connaissait la suite par cœur et pour que mon moi se sente mieux, je commence à lui parler calmement tout en le berçant en bougeant d'avant en arrière, une technique de ma mère qui a toujours marché pour me calmer. Ses gémissements s'atténuèrent et je pus enfin le décrocher de moi et le regarder dans les yeux, ils étaient encore vivant et innocent et pourtant il y avait un semblant de vide creusé à l'intérieur, des faibles cernes les entouraient lui donnant l'air d'une personne qui n'a pas dormi depuis trois jours. La lèvre tremblante et dont la peau était arrachée de toute part, quelques bleus peu voyant au coin de celle-ci et sur ses joues creuses. Je me préparais à ce que j'allais lui dire et après un petit moment à chercher du courage, je me suis lancé.

« - Arrêtes de pleurer, ce n'est pas comme ça que tu vas pouvoir affronter tout ce qu'il va se passer plus-tard. La meilleure chose et de croire en soi et de se surpasser pour ne pas se laisser se faire écraser. On doit se battre de toutes ses forces même pendant les moments difficiles, c'est comme ça qu'on peut apercevoir un avenir qui se forme peu à peu au loin. N'abandonnes pas en cour de route ! Lui expliquais-je.

- Vous êtes qui monsieur ? Dit-il, larmoyant.

- Ton avenir. » 

Sur ce dernier mot, je me suis relevé en lui disant de toujours rester fort et de ne pas perdre pied. Peu après, je me suis éloigné de lui entendant des sons mystérieux à plusieurs endroits différents. Il faisait de moins en moins sombre, s'éclaircissant jusqu'à ce que je ne puisse plus voir l'adolescent, je ferma fortement les yeux ne pouvant plus supporter cette puissante lumière puis quand je les ouvre enfin, la pièce où je me trouvais avait complètement changé. Passant du noir au blanc, je ne savait plus exactement où je pouvais me trouver, les seules choses qui ont pu me faire revenir à la réalité sont ma mère et mes coéquipiers. Des larmes se sont instantanément formées sous mes yeux puis elles ont coulé l'une après l'autre. Voir des personnes que je connaissais personnellement me faisait chaud au cœur, ma gorge était tellement serrée que je n'arrivais pas à articuler un seul mot malgré mon envie. Kuchel s'était réfugiée dans mes bras, s'effondrant - comme tous les autres - en larmes. Mais la chose la plus flagrante que j'avais remarqué était qu'Eren était aussi debout mais plus en arrière, sur le seul fauteuil de la pièce, le regard dans le vide. Je poussais ma mère sur le côté tout en essayant de me lever mais mes amis m'en avaient empêché en me plaquant brutalement sur mon oreiller, ce qui me fit échapper un gémissement de douleur qui inquiéta tout le monde. Etouffé par toutes ces personnes, je leur demandais de bien vouloir sortir de la chambre pour que je puisse reprendre mon souffle et ils partirent sur le champs sans poser de question. Je me trouvais enfin seul avec Eren. Celui-ci ne daignait pas bouger de sa place alors je suis sorti de mon lit, la perfusion à la main. Marcher me faisait extrêmement mal aux côtes mais je ne voulais pas rester muet alors que j'avais demandé à tous ces énergumènes de se barrer pour que justement je puisse discuter avec Yaeger. Quand j'étais finalement devant lui, c'est à cet instant qu'il se rendu compte de la situation alors il m'a laissé m'asseoir sur le siège et lui, il est resté debout devant moi, se triturant les doigts et se mordant la lèvre inférieur comme si il avait commit une grosse bêtise. Ses cheveux étaient tout en bataille et ses yeux n'arrêtaient pas de divaguer d'un mur à un autre de la pièce, il semblait encore ailleurs et plongeait dans un monde où lui seul est le roi mais à un moment où un autre, le roi doit se faire détrôner et c'est à ce moment précis que je lui donne un petit coup de pied dans la cheville, ce qui le fait immédiatement retomber sur Terre. Jamais je n'ai vu une personne aussi inattentive de toute ma vie de policier. Eren se remet droit et me fixe du regard, attendant mes paroles, c'est étrange car son comportement avait encore changé. Il y a un ou deux jours, il était arrogant, terre-à-terre, espiègle, hyperactif et un peu révolté dans certain moment alors que maintenant, il était tout calme, dans la lune, lent, peu réactif comme si ses piles étaient à plat. Les secondes passent tranquillement, laissant un peu de suspens sur ce que je voulais lui dire et réfléchissant à un moyen pour que ce ne soit pas trop lèche-cul ou long. L'idée en tête, j'ouvre enfin la bouche.

« - Je tiens à te remercier Eren.

- Hein ? Pourquoi ? Je n'ai rien fait, pourquoi est-ce que vous me remerciez ? Je vous fuyais à chaque fois que je vous apercevais comment est-ce que j'aurais pu vous être utile ? Vous êtes complètement illogique. Me répliqua t-il d'un ton sec.

- De quoi est-ce que tu parles ? C'est bien toi qui m'a sauvé avant hier soir, nan ?

- Avant hier soir ? Comment je pourrais vous sauvez alors que j'étais en train de dormir dans une des chambres de l'hôpital, vous avez du rêver ma parole ! » Conclut-il en ricanant.

Il se tourne vers la fenêtre et s'avance vers elle. Il se regarde méticuleusement dans la vitre, me faisant me lever, curieux de son geste. A travers la vitre, il n'y avait que le soleil avec l'arbre au milieu de la cour en train de bouger grâce à le force du vent. Eren prend un des pots de fleurs posés sur le rebord puis l'éclate au sol avec une force phénoménale qui m'a valu me reculer d'un bon mètre et faire entrer tous les autres. Personnes ne bougeaient, attendant que quelque chose d'autre se produise pour intervenir. Eren inspira longuement avant d'hurler.

« - Tu ne peux pas me laisser tranquille ! Pourquoi est-ce que tu es obligé de gâcher ma vie comme ça ?! Je ne t'ai rien demandé alors pourquoi est-ce que tu me viens en aide ?! Je n'ai besoin de personne pour prendre soin de moi ! Je peux très bien le faire sans toi ! Tu es inutile, tu ne m'apportes que des ennuis ! Comment tu veux que j'arrive à vivre avec un fardeau aussi important que toi ? Laisses moi tranquille ! Disparais de ma vie, entièrement, je ne veux plus jamais te revoir ou t'entendre ! »

Essoufflé par tous ses dires, Eren se mets en boule au sol en laissant s'échapper des sanglots. personne n'osait s'approcher de lui, de peur qu'il ne leur fasse du mal. J'étais le seul qui avait eu le courage de m'approcher de lui et de l'enlacer par derrière. Il se débattait légèrement mais abandonna vite quand je lui chuchotais des mots doux pour le calmer, il se retourna dans mon sens et s'enfonça plus profondément dans mes bras. Cet enfant était si fragile, je n'arrivais tout simplement pas à me défaire de lui.

« - Je veux mon papa et ma maman. Pourquoi est-ce qu'ils ne sont pas là quand j'ai le plus besoin ? Je les veux. » termina t-il en s'écroulant de fatigue.

Je vais t'arrêter... [Ereri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant