Chapitre 4 : Malade

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Et si on pouvait décider du temps qu'il fera aujourd'hui ?

Personnellement... J'aurais aimé, en cette fin de journée, qu'une pluie aussi violente que dévastatrice se déclare. Ainsi nous n'aurions pus mettre le nez dehors.
Hélas pour moi...
20h34.
Salle Polyvalente de Paloma Plage.
Le lieu est infesté d'humain d'environ mon âge, d'odeurs écœurantes et de musiques insupportables. C'est si fort que les rythmes de ces sons déplaisants résonnent dans ma cage thoracique.

Des groupes se sont déjà formés, la fête a commencé depuis longtemps.
J'ai perdu le plus de temps possible...

Ma mère voulait vraiment que ce soir soit spécial pour moi. Elle m'a sorti toutes les robes qu'elle avait secrètement ramené pour ce "grand soir". Bleues, roses, rouges, pastels, vives, à motifs... Ce n'est pas mon truc tout ça. Je l'ai regardé. Elle m'a regardé. Je l'ai supplié. Elle a accepté. 
Alors elle m'a laissé m'habiller en me demandant subtilement de bien choisir, pas trop "basique" quoi. Pas mon style.

Alors je me suis habillée... avec mon style. En plus "habillée". 
Jean, bottines, chemise et débardeur en dessous.
C'est bien non ?
Simple mais pas trop... Si ?

Je suis arrivée, un peu perdue au milieu de ces grands corps, légèrement de mauvaise humeur et en recherche d'un coin isolé. J'ai pris mon habituel sac à bandoulière où est caché une trousse, un carnet et un gros tas de feuilles blanches. Mon iconique queue de cheval, ma timidité et je peux me rendre au "bar". Vous savez c'est cette table, souvent CES tables, installées à l'arrache avec une nappe en papier et où on dispose les boissons, chips et pizza. J'espère qu'il y a des bonbons.
Je m'avance discrètement vers la nourriture en évitant les danseurs précoces. J'évite deux comas certains dû à de violents coups à la tête et me rattrape d'une chute au bord d'une des tables convoitées.
Je lève les yeux, recoiffe deux mèches rebelles et soupire de fatigue. Précoce elle aussi.
Un garçon est de l'autre côté de la table. Il me fait un sourire de compassion, de pitié, et me propose :

"Tu veux que je te serve un verre ?
-C'est quand même pas une technique de drague ?
-Toi tu essaies de t'isoler sans que l'on te remarque, dans ton coin, et moi je me fonds dans la foule, sous leurs yeux, pour qu'on me foute la paix, répond-t-il amusé en me servant un Coca.
-Haa... Pas con.
-N'est-ce pas."

Silence. 
Pas qu'il soit chiant ou ennuyant.... C'est pas que j'ai pas envie de lui parler.
Mais je sais jamais comment commencer ce genre de... Socialisation ?

"Pourquoi t'es venue si t'aimes pas ça ? me demande-t-il en servant d'autres verres en avance.
-Je te retournes la question...
-Mes parents organisent ces fêtes, ils travaillent à la mairie.
-... Ma mère veut que... Je sorte de mon trou. Que je sois comme elle peut-être.
-Je compatis.
-Ouais..."

Je le regarde. Il me regarde. Il sourit. Amusé. Je lui souris. Amusée aussi. On rigole timidement, puis il me tend la main et me dit en forçant un peu sur sa voix pour dépasser la musique bien trop présente :

"Tim, Timothé.
-Chloé."

On se serre la main, on sourit. C'était plus facile que prévu.
Je reste près du bar, Tim lui serre des verres silencieusement et en faisant profil bas. Je ne pensais pas trouver un confrère ici... La soirée passera peut-être plus vite que prévu...

"A quoi servent ce genre de soirées ?
-A faire des rencontres je suppose, me répond-il sans grande conviction...
-Et pourquoi sommes-nous forcé d'y aller ?
-Parce que nos parents pensent que c'est ce qui est bon pour nous.
-Est-ce mal d'aimer être seule ? Au calme, casanière peut-être un peu mais bon...
-Y'a rien de mal à ça Chloé, c'est probablement juste perturbant pour nos parents de nous voir nous renfermer sur nous-même.
-Moi ça me dérange pas...
-Ils s'inquiètent, eux.
-Pour moi ?
-T'es leur fille abrutie.
-Ouais mais je vais bien, pourquoi ils s'inquiètent ?
-Les parents s'inquiètent toujours pour rien."

C'est drôle de voir comment deux personnes peuvent si vite s'adapter l'une à l'autre. Tim et moi on se connaît depuis seulement 40 secondes et nos conversations sont déjà très personnelles et absolument pas gênantes. C'est plaisant...
21h12.
Je suis assise sur une table, mon sac à côté de moi, les mains qui me soutiennent légèrement en arrière. Tim est accoudé à ce même meuble et me parle de sa vie ici. Je l'écoute tout en commençant à sortir mon matériel de dessin. Il est comme moi, en garçon et avec des amis. 

"Fille d'artistes ?
-Non ça c'est... mon jardin secret. 
-Personne ne sait que tu dessines ?
-Si si bien sûr ! Ce que je veux dire... c'est que ça m'appartient et... ça me fait du bien d'avoir ma spécialité à moi dans cette famille parfaite.
-Aucune famille n'est parfaite.
-La mienne si... J'avais du mal à y croire moi aussi au début t'inquiète.
-Hmm..."

Moi sur la table, Tim derrière moi, presque à côté, devant nous des danseurs endiablé par ce rythme prenant et à notre droite se créé discrètement un petit groupe d'amis. J'entends une fille qui s'exclame :

"On fait un action ou vérité ! Ou alors le jeu de la bouteille !!"

Oh Seigneur...

Tout ça va sérieusement me rendre malade...

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