C'était comme si j'étais retournée en enfance à partir de l'instant où elle m'avait touchée. C'est étrange de constater que je ne cesse de frissonner depuis qu'elle m'a lâché.
Je l'avais suivie, la tête basse, les yeux encore embués de larmes. Innocente, fragile et vulnérable.
J'avais pleuré. Après des années à m'en être empêché.Pourquoi ?
Je ne sais plus. J'ai passé le reste de l'après-midi dans ma chambre. Enfermée. Rêveuse de cette étrange matinée. Qui est-elle finalement ?
Le midi je n'ai rien mangé, le soir je ne suis descendue que pour prendre un fruit. J'ai évité tout contact visuel avec ma mère... Et je suis remontée.Je n'existe pas.
Alors autant que je continue de n'exister pour personne.Et pourtant... Une horrible force, cette voix dans ma tête me dit et me persuade que... "J'ai envie d'exister pour Elle." Mais ça me semble si dangereux... Je ne devrais peut-être pas la revoir ? Elle m'a déjà vu dans état que je n'aurais jamais dû me permettre de lui montrer. Je ne veux pas... Qu'elle continue de pénétrer dans mon cœur comme elle le fait. Je ne le supporterais pas.
Demain, je n'irais pas sur la plage.01:46
Ha... Il est déjà si tard ?
Je descends de ma chaise de bureau et me mets au lit. J'éteins la seule lampe encore allumée et ferme les yeux. Dors. Dors. Dors. Rêve. Invente toi un rêve... Une explosion de couleurs... Un scénario... Une tragédie...
Souvenirs...04:35
Je n'y arrive pas...
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Après des heures d'acharnement, j'ai finis par sortir de mon lit. Je me suis rassise à mon bureau et j'ai regardé des vidéos, revus des films jusqu'au petit matin. Il est 7:54, je descends, me prépare un chocolat chaud et sors une minute sur la terrasse. Le vent s'engouffre dans mes cheveux décoiffés et soulève le large t-shirt que je porte. Une odeur de fleur prend possession de mes narines. Le ciel est dégagé bien que saupoudré de légers nuages blancs. J'aime cette vue. J'aime cette sensation. J'aime le léger picotement de la tasse brûlante sur mes doigts pâles. J'aime les frissons que me procure ce vent. J'aime l'odeur qu'il amène à moi. J'aime les formes onctueuses des nuages. Un frisson meurtrier me fait frémir, je me retourne et rentre dans la maison. Je ferme la porte fenêtre et me retourne doucement en passant une main lasse dans mes cheveux.
Elle est là, face à moi, aussi étonnée et gênée que moi...Ma mère...
"Chloé... Tu te lèves bien tôt...
-Je me suis toujours levée tôt."+1 point pour moi, chère mère.
Notre silence me dérange. J'adore ma mère. Mais cette fois-ci, je ne peux pas la laisser l'emporter. Ce n'est pas à moi de faire le premier pas. Alors je laisse le silence planer, voltiger et se balader autour de nous."Ma chérie écoute... Je n'aime pas la tournure que tout cela prend... C'est sensé être des vacances en famille non ? Amusons-nous ensemble.
-Ce n'est pas exactement ce que je voulais entendre. Excuse-moi, je lui dis en passant à côté d'elle pour remonter le plus vite possible..."On peut appeler ça une fuite.
Je fuis la réalité. Je l'ai affrontée trop longtemps, autorisez-moi quelques petits instants de faiblesse s'il vous plaît."Tu ne sors pas ce matin ? me lance-t-elle d'en bas.
-... Non."Et je ferme la porte en décidant qu'elle allait se contenter de cette réponse. Je n'aime pas non plus la tournure que prend notre relation. Mais je pense que c'est nécessaire pour que l'on finisse par se comprendre. Au fond de nous... nous le savons. J'ai besoin d'elle autant qu'elle a besoin de moi, seulement j'ai hérité de sa fierté. Et ça, elle le sait.
Je me remets au lit, ma tasse de chocolat dans une main, un Christie dans l'autre.