Chapitre 23 : Sortie

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30 juillet.
17h39
L'attente est insoutenable.

Mon sac est prêt depuis mon réveil. Je me suis réveillée à six heures. D'après mes calculs... ça fait environ onze heures trente que j'attends impatiemment sans savoir quoi faire pour occuper mon ennui. Je n'arrête pas d'imaginer ce que nous allons pouvoir faire ! Même si je pense qu'on restera beaucoup chez elle... j'ai hâte. J'ai l'impression que je vais pouvoir la découvrir davantage. Comment est sa chambre ? Que prend-elle au petit-déjeuner le matin ? Que fait-elle de ses journées ? Ces questions sont inutiles... pourtant... j'ai envie de savoir. Je veux tout savoir. Tout d'elle. Tout de moi. Tout de nous.

Quelqu'un sonne à la porte, il est 17h42. Mon cœur palpite. J'ai la gorge serrée. Habillée de frissons amoureux, je m'empare de mon sac dans la seconde qui suit son annonce et descends les escalier deux par deux. J'enfile mes nus pieds, embrasse mes parents de loin et dépose un baiser sur le crâne d'Ellio qui passait par là. Je ne suis qu'une petite boule de bonheur remplie d'énergie. Mon frère grimace, je souris et ouvre la porte. Son sourire rayonne. Une brise vient décoiffer ses cheveux de jais. Elle a mis une robe rouge, simple et magnifique. Assortie à son rouge à lèvre. Ses yeux ne sont qu'à peine maquillés. Ses mains sont toujours aussi fines et splendides. Elle m'ouvre ses bras. J'y plonge.
En sentant son odeur, je soupire d'aise. J'aimerais ne pouvoir que sentir son doux parfum. J'aimerais ne connaître que ses mains sur mon corps. J'aimerais ne plus voir que son sourire. Oh mon Dieu... Pourquoi m'envoyer une telle nymphe ? Est-ce un test ? Est-ce une épreuve ? Je ne pourrai jamais la réussir... Je ne suis pas assez forte pour la vaincre. Elle m'embrasse sur le front. Je lui souris. Ma mère est à la porte.

"Comme prévu, je vous emprunte votre fille jusqu'à ce weekend madame.

-Marché conclu. Prends bien soin d'elle !
-Elle est entre de bonnes mains, ne vous en faites pas !
-Ahah... ça me manque les soirées pyjama entre copines moi aussi..."

Léa sourit, comme gênée, et reporte son attention sur moi. Je l'interroge du regard, elle secoue la tête pour me dire que ce n'est rien d'important. Bon. Elle salue ma mère, je fais de même. Ma génitrice ferme la porte lorsque nous lui tournons le dos et... un froid. J'ai soudainement très froid en voyant le portique. Je vais sortir. Dehors. Dehors. Et s'il était là ? Et s'il m'attendait à un coin de rue et que... Peur... J'ai peur... Je me recroqueville soudainement sur moi, les mains tremblantes sur les oreilles. A l'aide... Ses mains dégoûtantes me touchent... encore...et encore... Je le sens... il est là...

"Non... non je ne peux pas... il va... il va..."

Je sens une main se poser sur mon épaule. Apeurée, je la repousse violemment. Je me recule d'un bon mètre et m'écroule sur le sol brûlant. En ouvrant les yeux, je vois Léa, agenouillée devant moi, sa main encore à l'ancien emplacement de mon épaule. Je transpire. J'ai peur.

"L-Léa...
-Chloé."

Rien de plus? Juste mon prénom. Juste ton regard profondément encré dans le mien, tétanisé. J'ai peur. J'ai peur. J'ai l'impression de voir sa silhouette noire derrière toi. Léa. Cours ! Il est là ! Il va te... Non... J'ai mal... ça fait mal si tu savais... Au secours ! LEA !

"CHLOE !"

Elle me secoue violemment pour me faire revenir à la réalité. Ma vue se floute un instant. Il n'y a plus rien derrière elle. Il n'y a que ses cheveux farceurs qui jouent de façon enfantine avec le vent. Je n'entends que les battements de mon cœur résonner dans l'entièreté de mon corps meurtris. Résonance dans un vide décevant... l'échos de ses paroles. Ses mains me serrent les épaules.

"Chloé. Regarde-moi. Ne regarde que moi."

J'obéis. Profondément perturbée. J'ai peur. Peur... Je ne veux pas... Léa aide-moi... Comment vaincre cette silhouette noire et malveillante qui me suit où que j'aille ?

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