Chapitre 16 : Confusion

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    Mes jambes glissent contre ses hanches, contre ses cuisses et viennent retrouver un sol mousseux sous l'eau claire. Je n'ai aucun contrôle sur la situation.
Il n'y a que la chaleur de ses lèvres, la force de ses mains sur mes poignets et la douceur de son corps contre le mien. Je tremble légèrement, les yeux écarquillés d'une surprise justifiée. Dans un espoir vain de reprendre ma respiration, j'entre-ouvre les lèvres, laisse échapper un gémissement extrêmement gênant et sursaute lorsqu'elle approfondi ce baiser n'ayant pas lieu d'être.

Je sens mes dernières larmes se fondre dans l'humidité de mon visage. Je sens chacune des gouttes d'eau, tombant de mes cheveux, finir leurs courses sur mes épaules. Je ferme les yeux. Je ne peux rien faire. Mais ai-je envie de.... la repousser ? En ai-je réellement envie ? C'est si soudain, je n'arrive pas à réfléchir.
Qu'est-ce que je disais déjà ?
Quel est ce frisson désagréable qui se fait ressentir dans tout mon corps ?
Désagréable ? Je suppose qu'il l'est car je ne peux pas l'expliquer...
Comment l'expliquer ? Je m'abandonne totalement à elle. Dans un tremblement, le visage déformé par les larmes. Je sens mon cœur recommencer doucement à battre. Comme s'il n'avait jamais vraiment vécu. Du moins... Je n'avais jamais remarqué sa présence. Il était là, mais il était discret. Silencieux. Là, maintenant, il résonne dans tout mon corps. 

Une douce lumière vient réchauffer nos corps frissonnant.

Mon premier baiser.

Les secondes passaient, elles semblaient ne plus avoir la notion du temps, c'était infinis, ça m'a semblé duré une éternité. Et pourtant, je m'étonne à en redemander maintenant qu'elle éloigne son visage du mien.
C'est donc cela ton but ? Me rendre folle de toi pour que tu deviennes ma dépendance ? Et ensuite quoi ? Tu partiras ?

Je sens un froid s'installer sur mes lèvres, elle est partie. J'ouvre les yeux et croise son regard brillant qui semble observer chaque trait qui dessine mon visage. Elle rougit. Elle aussi.
La pression sur mes poignets diminue, elle amène tendrement ses mains sur les extrémités refroidies de ma mâchoire.

Que dire ? J'ai peur de tout gâcher... Et pourtant je voudrais lui demander juste... pourquoi ? Généralement les personnes qui s'embrassent ressentent... ce sentiment indéfinissable. Je ne peux pas, même juste imaginer, qu'elle ressente cela pour moi. Et puis moi ?? Je ne puis me le permettre. C'est impossible. Jamais. Jamais je ne pourrais.

"Excuse-moi, me murmure-t-elle doucement... Peu importe la raison, je n'aime décidément pas te voir pleurer. Pourtant, c'est bien que tu te laisses aller. Et le fait que tu puisses librement pleurer devant moi... Quelque part... ça me fait plaisir...
-Je... je... C'était..."

Rien. Je n'y arrive pas. C'est comme si elle avait aspiré ma voix, mes idées, mon sang-froid... ma raison. Comme si elle avait aspiré mon âme.
Elle sourit, glisse une main délicate sur ma joue et me complimente d'un naturel effrayant :

"Tu es adorable."

Je ne comprends pas.

16h36
Léa sort enfin de l'eau. 
Moi je suis déjà pratiquement sèche, depuis le temps que je gribouille sur mon cahier. Parfois, nos regards se croisaient lorsque je relevais la tête. Quand ça arrivait, je rougissais simplement et reprenais mon dessin.

La température est agréable, nous sommes sous l'ombre des arbres.
Je peux entendre les conversations fascinantes des oiseaux, l'eau couler.
Je sens l'odeur du bois, l'odeur de la nature, l'odeur de l'eau, l'odeur de l'été.
Et je peux observer cette nymphe qui s'avance vers sa serviette pour s'y allonger.

A chaque fois que je la regarde, à présent, je ressens la pression de son corps contre le mien. Je retrouve la chaleur de ses lèvres en contraste avec la paroi glaciale dans mon dos. Je revis ces frissons inexplicables. 
Elle sentait si bon... Sa peau était si douce. Suis-je sous son contrôle ? Je ne peux pas me permettre de m'attacher comme ça... Et pourtant... Ce baiser, ces mots, ces rapprochements qu'elle entreprend avec moi, ne font que me troubler davantage. Et pourtant, il n'avait suffit que d'un regard, pour que je sache d'avance que j'avais perdu. Je le savais depuis le début... que je ne pourrais pas lui résister. 

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