Elle vient tous les jours.
Elle m'appelle tous les soirs.
Elle est devenue omniprésente.
Et l'idée qu'elle soit toujours près de moi me plaît. Je ne veux plus pouvoir penser qu'à elle. Elle m'aide vraiment... J'arrive presque à oublier lorsqu'elle est là. Presque. Tout est encore beaucoup trop récent. Enfin... ça fait déjà deux semaines. Deux merveilleuses semaines où elle n'a accordé son temps qu'à ma personne. Je me sens privilégiée.
Mais on est déjà presque en août... Plus le temps passe plus je suis ramenée à la réalité.
Dans un mois je pars.
Depuis le début on le sait... Et pourtant, on a prit ce risque de devenir importante l'une pour l'autre.
On est le 29 juillet aujourd'hui, audio-réveil, il est 8h43. Je viens tout juste de me réveiller. Ma chambre est silencieuse, lumineuse, bordélique. Le silence matinal est le meilleur. Celui de la soirée me terrifie personnellement. Il renforce l'oppression dans ma poitrine. Mais le matin, je me sens revivre, doucement.
J'entends la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. Quelqu'un est entré. Je suis encore à moitié endormie. Dans les vapes. J'attends, assise dans mon lit encore tout chaud, les cheveux probablement décoiffés, les jambes nues sous l'énorme couette dont, même l'été, je ne peux me passer, vêtue de mon habituel t-shirt Nirvana ayant autrefois appartenu à mon père et d'une culotte noire. La sensation des draps sur mes jambes dévêtues est agréable. La poignée de ma porte s'abaisse, la porte s'ouvre timidement, elle passe la tête pour voir si je suis réveillée, nos regards se croisent, elle me sourit, je tends les bras vers elle pour lui réclamer un câlin, elle rigole légèrement, referme la porte derrière elle, enlève ses chaussures, pose son sac aux pieds de mon lit et m'y rejoint.
Elle se glisse avec moi sous mes draps, je la serre contre mon cœur, nos jambes s'entrelacent, j'enfouis mon visage dans le creux de son cou et hume son odeur sucrée. Je sens ses doigts caresser mes cheveux, mon dos, je la serre contre moi, pour être sûre de ne pas la perdre.
Je suis dans un cocon de douceur, d'amour et de bien-être.Elle ne dit rien, m'embrasse sur le front, je ferme les yeux... Je me suis rendormie.
En émergeant de nouveau, mon doudou n'a pas bougé. Son odeur m'enveloppe toujours tendrement. Je grimace à cause de la trop forte luminosité et frotte frénétiquement mon visage contre sa poitrine. Je la sens se redresser. Je lève la tête vers elle. Son regard m'éblouit. Je retourne me cacher sous ma couette chauffée par nos deux corps.
Elle me chatouille à travers cette dernière.
"Sors de là !
-...
-Héé ne m'ignore pas ! Dis-moi bonjour au moins !
-...
-Chloé tu es une enfant. Moi qui espérait un petit bisou matinal en guise de salutation..."Elle le fait exprès. Je sais qu'elle le fait exprès. Je sens ses mains s'éloigner de mon corps. Le matelas bouge, elle se lève. Elle ne va pas partir tout de même ?! Je sors curieusement la tête de ma cachette. Elle remets ses chaussures, prends son sac, elle va se lever. Elle... boude??
Elle se lève.
Hors de question.
Je sors à toute vitesse de ma couette et marche jusqu'au bord de mon lit. Là, je la force à se retourner vers moi, lui prends le visage en coupe en ignorant son regard surpris et l'embrasse tendrement. Je suis légèrement plus grande qu'elle, ça fait bizarre. Je m'éloigne, le rouge aux joues.
"Hé bien tu vois quand tu veux, me dit-elle en arborant un sourire satisfait."
Je peste. J'allais retourner dans mon lit, contrariée, mais avant même que je ne me retourne, elle entoure ma taille de ses grands bras, me soulève et me pose par terre. Je suis de nouveau la plus petite. Elle doit aimer ce côté de dominante qu'elle a toujours avec moi. J'ai mes mains posées sur ses épaules.