Sa force est monstrueuse.
Je peux entendre leurs rires...
J'ai froid.
Cet endroit est sale.
Il me plaque contre ce mur humide, caresse sans aucune douceur ma poitrine et semble me mordre le cou. Je me sens impuissante. J'essaie de le repousser. J'essaie de lui donner des coups. En vain. Il fait deux têtes de plus que moi et est tellement lourd que je me sens étouffée par sa présence. Oppression. Des larmes de frustration coulent le long de mes joues. Plusieurs fois, je le supplie d'arrêter. Je lui dis : "Pitié... non...", et c'est comme s'il ne m'entendait pas. Maeva et ses amies sont toujours là. Je ne veux pas qu'elles me voient comme ça. J'ai si honte. Les mains de cet homme se baladent sur moi en ignorant mes protestations. Je crie. Il amène sa main dégoûtante sur ma bouche pour m'empêcher de laisser passer le moindre son. Ses yeux brillent d'un désir ignoble. Je plante mes ongles dans ses avant bras, sur ses épaules. J'essaie de le mordre pour le faire reculer. Je fais de grands gestes avec les jambes en espérant le gêner...
J'ai l'impression de mourir.
Les teintes grisâtres, ternes et froides de ce lieu se font remplacer, dans mon esprit, par la chaleur d'un intérieur immunisé par la basse température extérieure. Un souvenir. Je suis dans un souvenir. Un large fauteuil en cuir bordeaux, recouvert de multiples couvertures d'une douceur rassurante. Les crépitements du feu sont les seuls mots que l'on peut entendre dans cette pièce sombre, chaude et joliment décorée. Je suis seule. Je m'installe dans cet unique fauteuil qui n'attend que moi. Sur la poutre surplombant la cheminée de pierre, je peux distinguer de belles photos de famille, parfaitement alignées, ravissant nos plus beaux souvenirs. Tout le monde est là ! Mes parents lors de leur mariage, mon frère à sa première compétition de judo, moi en train de dessiner, puis nous quatre. Ensemble. Et, un peu à l'écart, c'est une photo de Léa. Léa dans toute sa splendeur. Elle est magnifique... Ses boucles noires semblaient jouer devant son visage lors de la prise de cette photo. Elle est sur la plage, un sourire ravissant collé sur le visage, vêtue des plus beaux vêtements... Je me lève, prends le cadre majestueux de ma bien-aimée et retourne m'asseoir. Je sens soudain deux bras encercler mon bas-ventre. Deux bras chauds... J'aime la sensation qu'ils me procurent. Je pose proprement le cadre sur mes cuisses et caresses le dos des mains qui me retiennent prisonnière. Je m'adosse contre ce torse qu'il me semble reconnaître et laisse ma tête tomber sur l'épaule dénudée de cette femme qui s'offre à moi. Je ne vois pas son visage. Peu importe. C'est elle. Je ferme les yeux. Je peux sentir son odeur. Je sens l'odeur de ses cheveux tout près... Sa peau est aussi douce que d'habitude. Sa respiration régulière... Son souffle contre mon oreille... Je sens l'humidité de ses lèvres contre ma joue. Je souris, soupire d'aise... J'ouvre les yeux de nouveau. Il n'y a que la pression de ses mains ignobles sur mes frêles poignets. J'ai l'impression qu'il me dévore le cœur. Tout est redevenu noir, terne et triste. Cette vue est insupportable. J'essaie de l'en empêcher mais les forces me manquent... J'arrive à peine à parler... Est-ce que c'est réellement en train d'arriver ?
J'ai l'impression qu'il déchire mes seins. Qu'il cherche seulement à les arracher. J'ai l'impression que, là où sa bouche passe, mon sang se mêle à sa bave. J'entends les rires des filles qui se contentent d'observer. Comme un bon spectacle. Comme une décapitation sur la place publique."Non... pitié arrête..."
Il n'entend pas. Ma vois est étouffée. Les larmes sont inutiles mais elles sont là, tout de même. J'entends son rire idiot lorsqu'il passe une main sous ma culotte. Je lâche un hoquet de surprise. Je me défends. J'essaie vraiment de me défendre. Je ne veux pas.. Mais ça ne sert à rien ! Tout ce que je fais est inutile. Ce n'est pas agréable. Tout va trop vite. Je ne veux pas de ça. Pas lui. Pas avec moi. Je ne suis pas prête pour ça. Je t'en supplie... non... Je veux voir Léa. Je veux la voir... Je veux sentir ses bras m'entourer amoureusement. Je veux encore que ses lèvres roses jouent avec les miennes. Je veux l'entendre me dire qu'elle m'aime. Je m'en veux de ne pas lui avoir dis... Je veux lui dire. Je veux la voir et lui crier mon amour ! Mais là... Je vais mourir...