Chapitre 25 : Pas comme les autres

22 4 0
                                    


J'ai tout gâché.

Je sais bien qu'un couple ce n'est pas que le plaisir sexuel... oui je l'ai bien compris. Mais ça me fait mal de me dire que je ne peux pas la satisfaire...  Elle a des envies et c'est normal, moi aussi je devrais en avoir. Et pourtant, lorsque j'imagine aller plus loin que de simples baisers, que de simples caresses, je revis ce déchirement infâme. Je suis terrifiée. Vraiment  terrifiée à l'idée de ressentir cette douleur à nouveau.

N'y pensons plus... N'y pense plus je t'en supplie...

L'eau brûlante laisse des marques rouges sur ma peau blanche. Je reste immobile. C'est agréable. L'eau ruisselle... elle ruisselle...  Je baisse la tête, ferme les yeux, laisse mes cheveux, lourds et indomptables, tomber devant mes yeux. Ils s'alourdissent.

Frotte, frotte...

J'éteins l'eau et sors. Je veux passer le plus clair de mon temps avec elle. Surtout aujourd'hui. Même si elle a oublié, ça m'est égal. Je veux être à ses côtés. Qu'elle le sache ou non...  Jean clair, taille haute, t-shirt coloré rentré dans ce dernier, cheveux détachés. A la fois sobre et bien habillée, je suppose... Je suppose également qu'elle va vouloir sortir, aujourd'hui encore.
J'ouvre la porte de la salle de bain, éteins la lumière et la rejoint dans la chambre. Elle me regarde un instant, intensément, me sourit et me complimente, comme à son habitude. Je rougis, baisse la tête et m'avance pour faire mon sac. Je la regarde du coin de l'œil. Elle est belle. Evidemment qu'elle l'est ! Que peut-elle être d'autre ? Tu deviens niaise Chloé...  Elle porte un jean elle aussi. Taille haute, également, un peu plus foncé et retroussé au niveau des chevilles. En haut, elle porte une large tunique contrastant avec la mise en valeur parfaite de ses jambes. Elle a attaché ses cheveux en une haute queue de cheval. Elle ne porte pas de maquillage. C'est un peu le genre de tenue que j'aurais pu porter. Et inversement... Fascinant. Elle met son sac à main sur son épaule droite, se redresse vers moi après avoir lassé ses chaussures et m'annonce, tout sourire :

"On tente le shopping aujourd'hui ?"

Je soupire de soulagement de la voir si naturelle, si souriante, si gaie et lui offre un sourire. Elle s'approche de moi, entoure mon visage de ses grandes mains chaudes et m'embrasse tendrement.

"Si ça ne va pas on rentre, d'accord ? Mais j'ai un petit planning de ce qu'il serait bien que l'on fasse...
-Un planning ?
-Evidemment ! Aujourd'hui... N'est pas un jour comme les autres, n'est-ce pas ?
-Léa...
-Fais-moi confiance, d'accord ?"

J'hoche la tête. Je lui fais confiance depuis que nos regards se sont croisés, ce jour-là, sur la plage. Je l'aime depuis qu'elle m'a fait l'honneur de se retourner vers moi. Et ça... je ne lui ai jamais dit bordel. Il serait peut-être temps. Idiote de Chloé.
On sort donc. Petit à petit, l'une à côté de l'autre, nos épaules se rencontrant malencontreusement de temps à autres, nous marchons vers le centre ville. A ma gauche... la mer. Belle. Calme, mélodieuse et monstrueusement attirante. Je prends une grande inspiration... la plage, le poisson, les fleurs, les churros et...  la tarte à la myrtille. Une main se glisse dans la mienne. J'exerce une petite pression sur cette dernière, regarde timidement Léa qui me sourit en répondant à ma petite décharge. Main dans la main donc.
On passe par plusieurs magasins de vêtements où l'on ne reste pas très longtemps, le temps de prendre et d'essayer ce qui nous plaît, simplement. Elle m'emmène dans une magnifique petite libraire/papeterie où nous restons un long moment. Je redécouvre les joies de faire les magasins avec elle.
Aux alentours de midi, elle me traîne jusqu'au café de notre premier rendez-vous. Nous posons nos sacs de vêtements, de livres et de matériels en tout genre et commandons notre repas. Je souffle un coup, croise son regard amoureux et y réponds sans l'ombre d'une hésitation. Elle vient saisir ma main sur la table en bois, en caresse le dos avec son pouce vernis sans me lâcher, une seule seconde, du regard. Juste ça... Juste nous, cette ambiance, ce silence et ces bruits de l'autre côté de notre bulle. Juste son sourire, son regard encré dans le mien. Juste sa main, si douce, en contact éternel avec la mienne. Juste cet éclat de pureté. De première fois. D'honnêteté. Juste elle et moi. Pitié faites que ce rêve ne prenne jamais fin.
Quelle douce odeur... Son parfum est toujours le même. Une autre approche, un poisson cuisiné, un bouillon... C'est probablement le Thon Marmitako que j'ai commandé. Avec cela...  de la viande... Poulet Basquaise. C'est pour Léa. Elle est plus viande, je suis plus poisson. Nous échangeons un regard ravi, remercions le serveur et disons en cœur :

RelationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant