10h30Je sortais d'une réunion, la plupart des généraux et officiers étaient rentrés la veille du quartier général d'Hitler. Cette réunion avait été convoquée pour faire le point sur la situation de la guerre, et le ton était pour le moins sombre. Le Führer était en colère, une colère noire, dirigée autant contre nos ennemis que contre nos propres officiers. La défaite à Stalingrad en février avait brisé quelque chose, même si personne n'osait le dire à haute voix.
En début d'année, les troupes américaines et britanniques avaient lancé des offensives sur les ports marocains et algériens. À l'époque, Hitler pensait qu'une démonstration de force suffirait à repousser les Américains. Mais la situation s'était vite retournée. Après une série d'attaques des Alliés, nos forces s'étaient retirées, incapables de tenir le front face aux vagues de chars et à la supériorité aérienne des Américains. Les mines qu'ils avaient disséminées nous coupaient toute retraite.
Hitler, dans un accès de rage, avait ordonné une contre-offensive immédiate en Tunisie. Il croyait encore que nous pourrions les repousser avant qu'ils ne franchissent la frontière italienne, mais dans la salle, chacun savait que nos troupes étaient épuisées et que le ravitaillement devenait impossible. Les généraux présents semblaient tout aussi désillusionnés que moi. Les ressources étaient presque à sec, les lignes de communication constamment coupées par les bombardements alliés. Le moral des troupes, déjà affaibli par les récents événements en Russie, était au plus bas.
« Il faut tenir, à n'importe quel prix », répétait le Führer. Mais à quel prix ?
Plusieurs officiers présents lors de la réunion devaient partir en renfort dès demain. Heureusement, je n'étais pas parmi eux. Zeman avait plaidé ma cause, en expliquant que j'allais devenir père, et mes supérieurs avaient accepté que je reste auprès d'Ingrid, du moins pour le moment.
— Eh bien, cela s'annonce mauvais, on dirait, me dit Amaury en me rejoignant dehors.
Nous étions installés sur un banc, profitant du calme du camp malgré l'atmosphère pesante.
— Quelle chance qu'on ne soit pas envoyés sur le front, ajouta-t-il.
— Je vais y aller, Hantz, lâcha-t-il soudainement.
— Quoi ? Mais Zeman a dit...
— J'emmerde Zeman. Je partirai la semaine prochaine. Avant, je passerai voir ma famille, puis j'irai dégommer quelques ricains en Tunisie.
— N'y va pas, Amaury.
Malgré son comportement odieux, notamment avec Aria, je ne pouvais pas lui en vouloir. C'était ses convictions, et je savais que je ne pouvais ni les changer, ni le changer lui-même. Il était comme un frère pour moi, après tout.
— Tu crois vraiment que je vais rester ici à rien foutre ? Sérieusement, depuis qu'on est là, on fait quoi ? Je commence à en avoir marre d'abattre des vieillards et des décharnés. Ça te manque pas, toi ? Hantz, je sais que c'était ton truc, ça.
— Ça l'a été, un temps, dis-je en haussant les épaules.
— Il y a trois mois à peine...
— Je vais être père, Amaury. Les responsabilités, tu connais ?
Bien sûr, ce n'était pas la véritable raison pour laquelle mes priorités avaient changé. Ma carrière militaire n'était plus ma principale préoccupation, bien que je me garde bien de l'admettre.
— T'es heureux, au moins ? demanda-t-il.
— Pourquoi cette question ?
— Disons que je te connais depuis un moment et je vois bien quand tu es heureux ou non.
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Je suis tombée amoureuse de mon ennemi ...
Historical FictionJ'ai essayé de résister. Mais rien à faire il m'avait envoûtée. Malgré nos différences, malgré la haine que je devais avoir à son égard. Il n'en était rien. Je l'aimais il m'aimait. Il était le paradis dans mon enfer. un amour interdit dans un décor...