— Aria, apporte le pain, dit Sephora.
Je fis le tour de la table interminable, déposant une petite miche de pain à chaque assiette. Je sentais un regard insistant sur moi, et je savais à qui il appartenait. Hantz. Il ne me quittait jamais des yeux.
On m'avait dit qu'il était parti ces deux derniers jours en mission, mais personne ne savait en quoi elle consistait. Nous, les Juifs, étions tenus dans l'ignorance la plus totale. Parfois, des rumeurs circulaient, comme quoi l'Amérique approchait... mais approchait pour quoi ? Nous n'en savions rien. Ce que je savais, c'était que les Allemands ne nous garderaient pas ici éternellement.
Je continuai à servir le repas, plat après plat, et toujours ce regard brûlant posé sur moi. Mon cœur battait à tout rompre comme à chaque fois que je le voyais, mais j'étais épuisée. Tellement épuisée. Chaque jour, mes forces me quittaient un peu plus, et je ne savais plus combien de temps je tiendrais.
Quand enfin tout fut nettoyé, les cuisines, la vaisselle, la salle... j'eus un moment pour moi. Je pris une douche rapide avant de retourner dans ma chambre. Allongée sur mon lit, j'aurais voulu dormir, mais le sommeil me fuyait.
Soudain, un léger bruit près de la porte. Curieuse, je me levai et découvris un petit morceau de papier glissé sous le battant.
"C'est Hantz. Ouvre-moi."
Mon cœur fit un bond. Je posai la main sur la poignée, prête à lui ouvrir, puis, soudain, je m'arrêtai. Une vague d'hésitation m'envahit. Je retournai m'asseoir sur le lit, fixant la porte. J'en avais assez de souffrir. Lui parler, c'était entretenir cette douleur qui devenait presque insupportable. Je restai ainsi de longues minutes, espérant qu'il finirait par partir.
Mais il ne partait pas. J'entendais encore sa respiration derrière la porte, comme un chat impatient qui gratte pour entrer.
— Ouvre-moi, murmura-t-il, presque suppliant.
Finalement, je cédai. J'ouvris la porte. Il entra précipitamment et me prit dans ses bras. Comme d'habitude, je ne pus lui résister. Il posa ses mains sur mon visage et m'embrassa avec une passion dévorante. Un sac tomba de ses mains sur le lit.
— Tu m'as tellement manqué, Aria, souffla-t-il.
Il n'imaginait pas à quel point il m'avait manqué aussi.
— J'ai un plan, dit-il.
— Un plan ? répétais-je, sceptique.
— On va s'enfuir.
— Tu recommences, dis-je en soupirant.
— Tu préfères cette vie ?! Tu veux rester ici ?
— Comment peux-tu me demander si je préfère cette vie ?
Mes lèvres tremblaient. Je luttais pour ne pas éclater en sanglots.
— Pardonne-moi, je ne voulais pas dire ça, s'excusa-t-il. J'ai trouvé un moyen.
Il sortit du sac un appareil photo et une robe.
— Je ne comprends pas, dis-je en fronçant les sourcils.
— Enfile ça.
— Peux-tu m'expliquer ?
— Je vais te prendre un portrait.
Je tentai un sourire sarcastique.
— Tu t'ennuies de moi à ce point ?
Il esquissa un sourire léger.
— Je t'ai dit que j'avais un plan. J'ai trouvé quelqu'un qui peut nous faire des faux papiers. Nous pouvons nous en sortir, Aria.
— Je n'y crois pas, répondis-je en secouant la tête.
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Je suis tombée amoureuse de mon ennemi ...
HistoryczneJ'ai essayé de résister. Mais rien à faire il m'avait envoûtée. Malgré nos différences, malgré la haine que je devais avoir à son égard. Il n'en était rien. Je l'aimais il m'aimait. Il était le paradis dans mon enfer. un amour interdit dans un décor...