Chapitre 22

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J'avais ramené Aria à sa chambre, et maintenant, je devais réfléchir. Réfléchir au fait que j'étais en train de tomber amoureux d'une Juive. Quelles étaient mes options à présent ? Elles étaient franchement limitées. Je devrais le lui dire un jour ou l'autre. Rester indifférent n'aurait pas suffi, tôt ou tard j'aurais fini par craquer.

Je ne l'aimais pas encore... Pas vraiment. Je ne la connaissais même pas. Mais elle hantait mes pensées, chaque jour un peu plus.

Une histoire entre un SS et une Juive... C'était bien la plus grande folie dans laquelle je pouvais me plonger. Mais peut-être que cette guerre finirait bientôt, peut-être serait-elle enfin libre. Je réalisais la stupidité de ses pensées en repensant notamment aux conversations que j'avais eu avec Amaury au sujet des juifs et de leur avenir ici.

Il me fallait un verre.

Jamais je n'aurais dû venir ici. J'aurais dû aller à Berlin, retrouver ma mère, rester près de ma famille. Je ne l'aurais jamais rencontrée et je ne serais pas là à me poser toutes ces questions aujourd'hui.

"Un fou", elle avait bien raison. Je riais en repensant à ça, et à Amaury. Il me connaissait par cœur, il allait sûrement me étrange. Je ne supporterais pas qu'il la frappe de nouveau. Si je l'en empêchais à l'avenir, il le ferait juste pour me provoquer.

Comment pouvait-il comprendre ? Je n'osais imaginer sa réaction si je lui disait quoi que ce soit à ce sujet. Même a lui je ne pouvais en parler.

La nuit allait être longue, très longue.

J'aurais voulu la passer avec elle, parler toute la nuit. Mais c'était impensable malheureusement. Après trois verres de whisky, je me jetai sur mon lit, accablé par mes angoisses.

Le matin, un rayon de soleil timide éclairait ma chambre. Le printemps arrivait doucement. Je n'avais pas dormi de la nuit, trop occupé à penser. Je devrais peut-être partir. Retourner à Berlin me permettrait d'éviter beaucoup de problèmes.

J'étais venu ici sous les ordres et principalement pour Ingrid. Tout avait changé dorénavant. Maintenant, il fallait que je me décide si j'allais m'autoriser à connaître Aria malgré tout ce que cela impliquerait.

Ce mois de février était favorable aux Russes, peu à peu ils reprenaient des villes.

— Ils vont peut-être nous demander d'y retourner, dit Amaury.

— Eh bien, nous irons. Nous devons défendre notre pays, répondis-je.

— Il y a eu un autre raid à Berlin. Tu as des nouvelles de ta mère ?

— Oui, dernièrement ça allait. Elle m'a écrit. Je pense qu'elle est en sécurité, les bombardements n'étaient pas proches de chez elle.

— Et ta sœur ?

— Pareil. Je leur ai répondu récemment, elles devraient aller bien. Là où elles sont, c'est plutôt sécurisé.

Amaury me regarda, un sourire moqueur aux lèvres.

— T'as passé ta soirée à écrire, ou quoi ? Je t'ai pas vu hier soir, tu foutais quoi ?

Ça commençait les questions interrogatrice.

— Oh, j'ai traîné ici et là.

— Je vois... J'en ai marre d'ici. On fait quoi ? Et si on emmenait quelques filles au cinéma ?

Je haussai les sourcils vraiment pas emballés part l'idée.

— Sérieusement ? Tu veux aller au cinéma ?

— Qu'est-ce que tu as en ce moment, Hantz ? Je te reconnais plus. Ingrid non plus, d'ailleurs...

Je soupirai.

Je suis tombée amoureuse de mon ennemi ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant