Chapitre 45

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Nous marchons d'un pas assuré et arrivons rapidement dans une grande salle circulaire. Les murs et le plafond en cloche sont recouverts de lierre et autres plantes grimpantes, et seules les colonnes antiques soutenant le dôme ne sont pas envahies par les plantes.

Le seul meuble présent dans la pièce est un grand lit à baldaquin, comme me l'avait décrit Grover, à une différence près : une gigantesque créature trône au centre de la pièce.

Notre plan d'attaque, qui nous semblait parfait il y a quelques minutes semble ridicule et irréalisable lorsque nous croisons le regard de notre adversaire.

Le peu de courage que nous avions réussi à rassembler se volatilisa en un millième de seconde. Et pour cause !

Nous avons affaire à une des plus effrayantes créatures mythologiques : la fameuse Hydre de Lerne. Le monstre nous surplombe d'au moins quelques mètres et possède, comme greffé à son corps de chien, un dizaine de têtes de serpents aux crocs acérés. Et en bonus, chacune de ses têtes semble bien décidées à nous faire la peau !

La terreur me cloue sur place tandis que mon cerveau me lance constamment des signaux d'alerte. Nous sommes à deux doigts de prendre nos jambes à notre cou pour mettre le plus de distance possible entre cette créature et nous trois.

Mais une fois de plus – et heureusement – Brice reprend les choses en main et, tel le meilleur des leaders, essaye de nous rassurer :

- Ce n'est pas le moment de flancher les gars, alors même si nous n'avions pas prévu d'affronter un tel monstre, si nous ne faisons rien, nous allons nous faire tailler en pièces. Alors on se reprend ! Rappelez-vous que toute la colonie compte sur nous !

J'admire Brice pour le sang-froid dont il fait preuve dans un moment aussi critique que celui-ci. Mais les tremblements incontrôlés de ses mains, qu'il essaye de nous cacher, sont bien la preuve que le fils d'Héphaïstos n'est pas aussi inhumain qu'il y paraît.

Cette constatation me fait l'effet d'une douche froide.

Pourquoi Brice arrive-t-il à être si calme en surface, alors qu'il est submergé par le même sentiment de terreur que moi ?

Alors que je suis perdue dans mes réflexions, mon corps bouge de lui-même pour éviter une des énormes mâchoires qui se précipitait sur moi.

Pour éviter de commettre une deuxième erreur de ce genre, qui pourrait m'être fatale, je décide de mettre en veille ma conscience et de faire aveuglément confiance en mes réflexes de demi-dieux, ainsi qu'aux mois d'entraînements dont j'ai bénéficié.

Je touche ma gourmette et matérialise une longue et fine épée dans chacune de mes mains. Mais alors que je vrille mon corps pour trancher l'une des têtes de la bête, je me fige, prenant conscience d'un détail qui a son importance.

Je remercie silencieusement Chiron pour ses cours sur les créatures mythologiques tandis que je crie à mes coéquipiers :

- Ne tranchez surtout pas les têtes, ou elles repousseront deux fois plus nombreuses...

- à moins de les brûler avant qu'elles ne repoussent ! Termine Léo, qui avait compris où je voulais en venir, sa phrase ponctuée d'un sourire complice.

Ayant un début de plan en tête, je décide de prendre les choses en main :

- Bon, on maintient le plan initial avec Léo pendant que toi, tu essayes de nous construire une sorte de lance-flammes. Tu t'en sens capable Brice ?

Lucy et les demi-dieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant