Chapitre 52

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« Soyez honorés d'avoir en face de vous l'unique et le talentueux Léo Valdez ! »

Je regarde le fils de Poséidon, tout aussi septique que lui. A en juger pas son regard perdu, lui non plus ne doit pas connaitre ce Léo numéro 2. Celui-ci semble d'ailleurs vexé de ne pas être reconnu et part s'asseoir dans un des deux canapés du salon.

Calypso, qui semble habitué au comportement de Valdez (appelons-le par son nom de famille, sinon on ne s'en sortira pas), et nous propose de le rejoindre sur les canapés.

Une fois bien installée, une tasse de thé entre les mains, je commence le récit de notre quête :

- Vous devez vous en douter, nous sommes des demi-dieux. Nous ne sommes pas censés révéler ce genre de choses à des mortels, mais j'ai la certitude que vous n'en êtes pas. Nous étions à la recherche d'un pendentif caché dans le labyrinthe. Une fois le pendentif trouvé, nous avons dû combattre l'Hydre qui contrôlait l'amulette.

Je passe sous silence le sacrifice de Brice, encore trop douloureux pour nous deux, et continue de raconter nos péripéties.

Une fois mon récit terminé, je vois la curiosité briller dans les yeux de Valdez. Celui-ci ne tarde pas à poser ses questions, pour éclaircir certains points de mon histoire :

- Et vous n'étiez que deux à partir pour cette quête ? Si je me souviens bien, les quêtes se font généralement à 3.

A la vue de nos visages, il comprend rapidement qu'il n'aurait pas dû poser cette question, et s'excuse rapidement, mal à l'aise.

Voyant la gêne s'installer, je préfère changer de sujet avant que la conversation ne dégénère :

- Mais comment sais-tu tout ça à propos des quêtes et de la colonie ? J'ai bien vu à ta réaction que tu connais la colonie des sang-mêlé.

Son visage se teinte aussitôt de rouge, le tout mélangé à une pointe de regret :

- C'est une longue histoire... Pour simplifier, j'étais moi-même pensionnaire dans cette colonie, mais depuis la bataille contre Gaïa, mes amis me croient mort.

- Et puis, si Léo n'avait pas reconnu votre tee-shirt orange, nous ne vous aurions probablement pas aidés. Ce ne sont pas les voleurs qui manquent ici, et certains auraient été capable de se déguiser en jeunes blessés pour nous piller, alors on préfère rester méfiants. Ajoute Calypso.

Mon cerveau tourne à toute vitesse, faisant rapidement le lien avec l'histoire de Piper.

- Alors c'est toi le fameux Léo dont parlait Piper et Annabeth !? Je m'exclame sans vraiment m'en rendre compte.

Les deux Léo s'étouffent en même temps avec leur thé, et me regardent comme s'ils avaient vu un fantôme.

- Tu... tu connais Piper ? Me demande Valdez. Est-ce qu'elle va bien ??

Bingo ! J'ai touché juste.

Le fils de Poséidon me coupe une fois de plus la parole, m'empêchant de lui répondre :

- Alors c'est à cause de toi si Piper et Annabeth me détestent ?

- Ce n'est pas la question cervelle d'huître ! Ce n'est pas de sa faute si tu leur rappelais leur ami, alors arrête de parler si c'est pour dire des bêtises pareilles.

On dirait une mère qui gronde son gamin ! Raille ma conscience.

Valdez explose de rire et se moque ouvertement de Léo, à mon plus grand bonheur :

- Cervelle d'huître, j'aime bien. Je suppose que ce gentil surnom vient d'Annabeth, ou de Percy je me trompe ?

Son rire communicatif se propage à toutes les personnes présentes dans le salon.

C'est dans une ambiance joyeuse, mais tout de même mélancolique, que je lui donne des nouvelles de ses amis.

Je finis par lui raconter mes rêves et mon voyage jusqu'à la colonie, qui marquent ma rencontre avec Piper, puis tout le reste de cette petite bande. J'ai aussi l'honneur et le grand plaisir d'entendre une multitude d'anecdotes de la part de Léo, toutes plus hilarantes les unes que les autres. Je stocke tout dans un coin de ma mémoire, pour les ressortir au moment où ils s'y attendront le moins.

J'apprends aussi avec un pincement de cœur que Léo est lui aussi un fils d'Héphaïstos. Je me sens donc obligé de lui raconter le sacrifice de Brice, sans même savoir si je suis capable de parler de cet évènement sans perdre mes moyens.

Mais voyant que tout le monde a les larmes aux yeux à l'entente de cette histoire –moi y compris-, je décide d'écourter mon récit pour éviter de gâcher cette ambiance légère qui règne dans la pièce.

Valdez, les yeux toujours emplis de larmes se tourne vers moi et déclare, d'un ton qui ne laisse place à aucune hésitation :

- On va vous aider à finir cette quête, et puis, ça fait un moment que l'on hésite à revenir à la colonie.

Je sèche rapidement mes larmes et ne peut m'empêcher un début de sourire :

- C'est sûr que mes amis, et accessoirement les tiens, t'attendent depuis un certain temps !

Le fils de Poséidon, comme à son habitude, nous ramène les pieds sur terre en moins de quelques secondes :

- C'est bien gentil de vouloir nous aider dans notre quête, mais je vous rappelle qu'on est au Mexique, à des milliers de kilomètres de la colonie... On ne va pas pouvoir tout faire à pied, cela nous prendrait des jours, voir des semaines !

Valdez lance un regard complice à Calypso, puis se tourne vers nous :

- J'en fais mon affaire de ce détail-là. Je vous promets qu'on sera à la colonie en un temps record !

*****

Les préparatifs pour notre départ imminent avancent bien. Tout le monde y met du sien pour arriver à la colonie le plus rapidement possible.

Tout le monde, sauf moi...

Calypso m'a interdit de les aider, me prescrivant un peu de repos, pour ne pas aggraver l'état de ma cheville. Je les regarde donc s'affairer depuis le terrasse sans rien pouvoir faire, et me perds dans mes pensées pour passer le temps.

Ces pensées me ramenant toujours à Brice.

Quelques jours ont passés depuis l'incident, mais je ne m'en remets toujours pas...

Il m'est impossible de mettre des mots sur ce que je ressens, pour décrire ce vide permanent et si intense qu'il en devient oppressant.

J'ai l'impression que Brice va surgir d'un moment à l'autre pour nous rejoindre, qu'il s'est seulement absenté sans nous avoir prévenu.

Je me conforte dans cette idée, mais à peine mes yeux fermés, les images de son corps calciné me heurtent de plein fouet, me ramenant à la réalité.

A la triste réalité...

Brice est mort, et quoi que l'on fasse, cela ne le ramènera jamais. Il s'est sacrifié pour nous, nous permettant de récupérer le pendentif.

Ce fichu pendentif.

Au final, tout cela est de la faute des dieux !

S'ils ne nous avaient pas entraînés dans cette quête aussi mortelle qu'infaisable, rien de tout cela ne serait arrivé, et Brice serait toujours de ce monde.

C'est ainsi que je m'endors, assaillie par une multitude de pensées contradictoires et la culpabilité qui me ronge un peu plus de l'intérieur.

Lucy et les demi-dieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant