Une semaine s'est déjà écoulée depuis notre retour à la colonie. Le moral des pensionnaires est mitigé, tiraillé entre la tristesse de la mort de Brice et le soulagement du retour de Valdez. Personne n'ose vraiment se réjouir de son retour, de peur de passer pour un égoïste insensible.
Léo quant à lui, n'a toujours pas repris connaissance, ajoutant un poids supplémentaire sur mes épaules. La culpabilité est désormais plus qu'un sentiment passager, devenant une confidente, toujours à mes côtés.
Je ne peux m'empêcher de me sentir responsable de tout ce qui est arrivé lors de cette quête et me contente de supporter le poids de tous ces remords sans en parler à personne. Je mérite au moins cette punition, ridicule en comparaison à ce qu'on dû subir mes deux amis.
Un grand banquet à eu lieu pour célébrer le retour de Valdez le soir dernier, source de joie, plus que rare ces derniers jours. Mais cette ambiance festive s'est vite dissipée, laissant place à la douleur du deuil et aux préparatifs de la cérémonie funéraire en l'honneur de Brice.
Je me tue à la tâche depuis ce matin, à aider au maximum les enfants d'Héphaïstos à préparer le triste évènement de ce soir. Tout ce travail me permet de penser à autre chose et rester en compagnie de personnes traversant la même chose que moi me réconforte quelque peu.
La journée passe plus rapidement que prévu et la cloche du réfectoire finit par nous forcer à arrêter nos préparatifs. Il ne reste que quelques minuscules détails à préparer avant ce soir alors nous nous empressons de finir avant d'aller diner.
Je mange en compagnie des frères et sœur de Brice, que je n'ai pas quitté de la journée.
Comme d'habitude, je me lève et pars brûler une partie de mon repas en offrande aux dieux, leur demandant de me donner la force nécessaire pour tenir ce soir. Je retourne m'asseoir et je me force à manger, le cœur aux bords des lèvres.
J'appréhende beaucoup la cérémonie, et ai de fortes chances de craquer à ce moment-là, bien que je me le soit interdit. Mais cela reste un passage obligé, une étape importante du deuil.
Le repas se termine rapidement et nous nous dirigeons dans un silence pesant vers le lieu de la cérémonie, à l'endroit de l'habituel feu de camp. Celui-ci n'est pas encore allumé et à quelques mètres se situe une grande étendue pouvant accueillir la quasi-totalité des pensionnaires. En face est dressé un pupitre, orné d'engrenages et d'outils en tous genre.
Des étendards sont dressés de part et d'autre de ce dernier, affichant fièrement les couleurs d'Héphaïstos.
Les demi-dieux s'installent petit à petit et s'assoient à même la terre, à quelques mètres devant le pupitre. Je reste auprès des frères et sœur de Brice, au premier rang.
Une fois tout le monde en place, Chiron entre en scène et se place devant le pupitre, qui lui arrive à peine à la taille. Il prend la parole d'une voix grave :
- Nous voici tous réunis non pas pour pleurer la mort de Brice, mais plutôt pour honorer son vivant. Je ne veux pas que ce soir soit plein d'idées noires, mais plutôt de mélancolie. Je suis le premier à penser que ce jeune garçon nous a quitté bien trop tôt, mais je ne veux pas que nous en restions là. Je propose donc que chacun prenne la parole pour témoigner, ou juste raconter une anecdote partagée avec lui. Je ne force personne, mais je pense qu'il s'agit du meilleur moyen pour accepter tout ça.
Chiron parcourt l'assemblée du regard avant de continuer :
- Brice est arrivé à la colonie âgé d'une dizaine d'année seulement et malgré les évènements tragiques dont il a été témoin, il a toujours gardé un sourire rayonnant. Tout le monde le connaissait étant donné qu'il était pensionnaire ici toute l'année. Il faisait partie du peu de personnes restant ici même durant les vacances. Je me souviens qu'il passait ses journées à réparer tout ce qui lui passait sous la main. C'est d'ailleurs lui qui a rénové une grande partie des bungalows ainsi que la grande maison. Toujours serviable, il n'hésitait jamais à se plier en quatre pour aider un pensionnaire, et je l'en remercie du fond du cœur. Il a laissé un vide à la colonie que nous comblerons difficilement, mais je suis convaincu qu'il sera tout autant rayonnant dans sa prochaine vie.
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Lucy et les demi-dieux
Fanfiction[ HISTOIRE TERMINÉE ] Comment réagir lorsque du jour au lendemain, alors que tout allait bien, sa vie commence à dérailler ? Entre des cauchemars un peu trop réalistes, des secrets qui n'auraient pas dû refaire surface, et un monde dont j'ignorais...