Au plus près des étoiles

29/02/2133, 18h38

Je l'ai vue ! J'ai aperçu Mila ! Elle était de dos, dans un couloir de la clinique. Elle portait cette affreuse tenue de tous les patients d'ici, une robe blanche à fleurs bleues. Ses boucles brunes tombaient sur son dos. Ce sont les siennes, j'en suis sûre, car elle les a toujours adorées. J'ai voulu la suivre, mais quand je suis arrivée à l'endroit où j'avais distingué sa silhouette, elle n'y était plus. Il n'y avait aucune trace de son passage. Je suis pourtant sûre de l'avoir visualisée à cet endroit précis. J'ai voulu me lancer à sa poursuite, mais ma chef m'a appelée pour que j'aille m'occuper d'un patient.

J'y ai repensé toute la journée. Essayant de trouver une raison rationnelle à tout ça, au fait qu'une fille si jeune puisse être internée ici, au fait troublant qu'elle ressemble tant à Mila. C'était elle ! Pourtant, en y repensant, il n'y a aucune explication. C'est totalement irréel. C'est à cette conclusion que je suis arrivée, après plusieurs heures à tenter de me convaincre moi-même. Je n'arrive pas à me dire que ce n'était qu'une vision, un mirage, une image créée par mon esprit. Je crois qu'en réalité, je n'arrive pas à me faire à l'idée qu'elle ait pu partir. Qu'elle ne soit plus là, près de nous, à nous illuminer de son magnifique sourire. Ça va faire, dans quelques jours, un mois qu'elle est partie, un mois qu'elle n'a plus parmi nous mais six pieds sous terre. Et je n'y arrive pas, je ne fais pas à cette idée, je suis apparemment encore dans le déni. Il parait que tout le monde passe par là, que c'est la première phase du deuil, mais je n'en n'ai pas l'impression. J'ai plus la sensation de naviguer seule sur une mer auparavant inexplorée. D'être en territoire inconnu et que je ne pourrais plus jamais en sortir.

Au fond, je le sais, mon unique problème est que je ne veux pas l'admettre. Elle est morte, par ma faute.

Zala