04/03/2133, 19h40.

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J'ai encore aperçu ce que je prenais pour une vision. Cette enfant en tenue d'hôpital qui ressemble tant à Mila.Quand je suis sortie de la chambre de cette patiente et que je l'ai vue au fond du couloir, je n'ai pas hésité plus d'une seconde avant de me lancer dans sa direction. Je marchais vite pour la rattraper dans les immenses couloirs rose clair du centre, mais elle était loin devant, alors, j'ai commencé à courir, je ne devais pas la perdre de vue ! Je ne suis pas folle, je ne vois pas des spectres de ma sœur, je devais me le prouver. J'ai sprinté pour la rattraper, je la distinguais au fond du couloir. Je tentais d'augmenter mon allure, pour la rattraper, mais les couloirs étaient immenses. Aucun mur de cette partie du bâtiment ne m'était connus. Plus j'avançais plus l'état des murs se dégradait, je ne m'étais jamais aventurée si loin. Au loin, j'ai discerné un robot-infirmier qui est venu au contact du sosie de Mila, je profitais de cet instant pour essayer en vain de les rattraper, je les vis tourner à gauche. Quand je suis à mon tour arrivée à l'intersection, il n'y avait plus personne. J'ai longé le couloir, toujours à vive allure, jusqu'à me trouver à un autre fractionnement. Je ne percevais plus la jeune fille et le robot. Avec tout l'espoir que j'avais, je me dirigeais à gauche, il n'y avait pas le semblant d'une âme dans les parages. Je me suis laissée tombée au sol, désemparée.

Cette situation représente tellement ma vie, tout m'échappe. Je n'arrive pas à contrôler ma vie, c'est comme si mon existence était un savon humide et qu'elle me glissait sans cesse des mains. Je me demande trop souvent à quoi rime ma vie. Quand je serais morte, qui viendra me voir, qui me pleurera ? Je ne suis ni connue, ni aimée de tous, je ne suis pas Mila. Je travaille dans l'ombre pour sauver des pauvres vies, mais personne ne me remercie jamais. Si je partais, qui le verrait ? Pourtant je m'acharne à rester pour ces patients, qui, un jour peut-être me diront merci.

Après un moment, je me suis relevée, j'ai regardé l'heure qu'indiquait mon identificateur sous la peau de mon poignet droit. La puce indiquait que ma garde était fini depuis dix minutes. Je n'eus pas le temps de chercher plus d'informations aujourd'hui. J'ai fini par me lever, et tenter de retourner dans l'aile du bâtiment dans laquelle je travaille. En marchant dans les couloirs de cet endroit du centre, je me suis aperçue que l'atmosphère était différente, plus sordide, mortuaire. Les murs étaient vieux et la peinture s'écaillait, le peu de chambres qui s'étendaient sur les immenses couloirs étaient vides, plongées dans le noir, équipé d'un très vieux matériel. La lumière au-dessus de ma tête a grésillé, ce qui m'a procuré un frisson. J'ai hâté mon allure, pour arriver plus vite dans un endroit qui m'était plus familier et plus rassurant. J'ai soufflé de soulagement en apercevant les couleurs qui étaient plus habituelles de mon lieu de travail.

En allant récupérer mes affaires dans la salle de repos, j'ai vu mes collègues, une idée m'est venue. Je leur ai demandé l'âge de la plus jeune patiente du centre, pour savoir, pour être sûr que je ne rêvais pas.

- Trente-huit ans, a sèchement répondu Tori

Aucune des autres infirmières ne m'avait jamais appréciée car elles étaient là par obligation. Tori était la seule qui m'adressait la parole, si je lui parlais. Elle est sèche et hautaine, alors, je ne lui adresse la parole que de rare fois en cas professionnel. Ce qu'elle m'a annoncé a d'ailleurs renforcé mes convictions. Je dois attraper cette fillette pour discuter avec et m'assurer que je ne suis pas folle.

Zala.

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