05/03/2133, 19h 33.

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Quand je suis partie travailler ce matin, j'étais convaincue que j'attraperais cette fillette qui était la cause de mes incertitudes. J'allais la voir et je saurais que je ne délirais pas, qu'elle est bien le sosie de Mila. Mais. Ma conviction s'est vite dégradée au fil des heures. Plus l'horloge avançait, se rapprochant dangereusement de mon heure de fin de service, plus ma chance de voir cette petite fille s'affaiblissait. Je scrutais pourtant chaque couloir qui menait vers la partie délabrée du centre. En entrant dans la chambre d'un patient, que je savais étant le dernier de ma journée, tous mes espoirs se sont effondrés. De nouveau, des questions sur moi-même se sont installées dans mon esprit, j'ai tenté de les refouler et je suis entrée dans la chambre. J'ai fait tous mes gestes habituels au ralenti, retardant mon horaire de départ, je ne voulais pas sortir sans réponses. À contre cœur, j'ai fini par sortir de la pièce et quitté ce pauvre monsieur à qui il ne restait plus longtemps à vivre à cause de sa régression cérébrale. Dans un dernier espoir, j'ai regardé au fond du couloir, là où je l'avais vu les fois précédentes. Par miracle, je l'ai vu, ses cheveux bruns toujours impeccablement brossés tombant sur son dos. Je n'ai pas hésité une seule seconde, je me suis lancée à sa poursuite, cette fois, je l'avais ! J'ai trotté pendant longtemps, zigzaguant dans les couloirs du centre. La fillette avait l'air de connaître ces couloirs mieux que quiconque, elle allait vite. Je voyais tout de même que l'écart qui nous séparait diminuant à vue d'œil. Avec les dernières forces qui me restaient après cette longue journée passée au chevet des patients, j'ai accéléré.

J'ai réussi à l'arrêter, je l'ai ensuite tournée pour voir son visage. Ça a été un choc. Ses grands yeux écarquillés par la peur étaient bleus; or, ceux de Mila étaient verts, mais ce ne fut pas là, la seule distinction entre les deux. Une cicatrise titanesque parcourait la joue droite de la petite fille. Bien trop submergée par cette découverte, je me suis rendu compte bien trop tard que la fille était en train de s'enfuir. Je n'avais pas le courage de la pourchasser, j'avais la réponse à la question qui me faisait tant douter. Je ne divaguais pas, cette fille existait mais elle n'était pas Mila. Par conséquent, d'autres ombres venaient de se greffer au tableau et restaient à éclairer. Dont sa présence dans le centre.

Ce n'est qu'en me relevant que je me suis aperçue que la fillette m'avait laissé un morceau de papier, une chose illégale. Ce qui voulait dire qu'elle me faisait confiance. Pas encore tout à fait remise de la tournure des événements, je l'ai délicatement déplié. J'ai été si surprise, si désarçonnée en découvrant la simple phrase qui était écrite à l'encre bleue. La même que Mila avait écrite sur ta couverture. « Savoir pour se souvenir ou se souvenir pour savoir ».

Cela ne peut signifier qu'une chose, elle connaît ma sœur.

Zala.

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