26/03/2133, 22h03.

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Ce matin, la situation grave se lisait même sur nos visages, aucun de nous n'avait réellement trouvé le sommeil. Nous portons un peu les traces des problèmes que nous vivons sur nous. Notre moral bas était dû en partie à cause du fait que nous n'avancions pas dans nos recherches, mais également au fait que dès ce matin, la peine de mort avait été déclaré pour des centaines de prévenus. Leur exécution devrait arriver dans les prochains jours, très rapidement. Ce qui nous laissait encore moins de temps pour passer à l'action.

Quand nous avons regardé le journal pour nous tenir au courant, j'ai vu la tête de Rory, j'ai vu qu'il commençait à se dire que mon plan était peut-être une option. Dévoiler au monde la véritable face du gouverneur. Le seul souci à cela, c'est qu'il nous faut des preuves, des choses concrètes pour prouver le détournement des malades. Alors, on a travaillé. Je m'y suis mise d'arrache pied de mon côté, je voulais trouver. La seule question qui me trottait dans la tête, c'était « où ? ». Où est-ce qu'ils pouvaient bien être ?

Après plusieurs heures d'intenses recherches, jai fini par trouver un lieu louche, ou du moyen, plus louche que les précédents. Une usine désaffectée, certains habitants avaient déjà prétendu avoir entendu des bruits, ou vu des ombres passer devant les fenêtres. Le site est en grande partie souterrain. Personne ne l'approche car on le dit hanté, et trop hautement sécurisé, d'autant plus pour une usine à l'abandon.

- Venez voir ça ! ai-je crié.

Mes deux camardes se sont penchés sur mon écran et sur mes recherches, et j'ai vu leurs lèvres se retrousser un minimum, pour donner l'esquisse d'un sourire. Ils ont pensé comme moi.

- C'est ça ! a hurlé Rory. On a trouvé !

Oui, nous avions trouvé, mais pas tout. Tous les malades qui étaient officiellement morts et officieusement cobayes pour des expériences du gouverneur, ne pouvaient pas tous tenir dans cette usine, cela aurait été trop compliqué, voir même impossible. En faisant part de mon avis à Filia et au King, nous sommes tombés d'accord pour en arriver à une conclusion très simple, nous devions favoriser les usines. Nous avons donc apporté les modifications nécessaires au logiciel pour ne plus voir apparaître que des anciennes usines. Les zones blanches ont sensiblement diminué, ce qui nous a réjouis d'avantage. Et, avant de reprendre notre épluchage de sites, Rory s'est levé, a repris le stylo de ta couverture, et à écrit sur le mur, au bout du « où ? », le nom du site et de la ville. Voir cette case remplie m'a redonné une once d'espoir. La moitié des flèches ne demeuraient pas vides.

Les résultats sont ensuite arrivés très rapidement, les usines ont semblé fonctionner mieux que n'importe quoi, une majeure partie d'entre elles, étaient inoccupées mais des faits étranges si produisaient. La sécurité était trop importante pour un lieu abandonné. Les résultats s'accumulaient si bien, que seulement à la deuxième pause de la journée, nous avions mis le doigt sur une vingtaine d'endroits dont nous étions sûrs, servaient à entreposer les patients.

Lors de ce deuxième débriefing de la journée, en milieu de matinée, après avoir inscrit au mur les noms et les coordonnées de toutes nos trouvailles, nous nous sommes penchés sur la prochaine question du cercle. Il s'agissait de « pourquoi ». J'ai tout de suite compris que celle-ci serait plus dure que les précédentes, parce qu'après tout, c'est la première chose que l'on s'est demandée, et depuis des jours, on y réfléchit. Personne ne comprend véritablement, la raison principale de ce détournement d'humain.

- Si on récapitule, on sait déjà que le gouvernement, et plus spécialement, l'élite du gouvernement, organise des expériences depuis le mois de novembre 2124, sur des personnes lambda de la population, dans des usines désaffectées, majoritairement autour des grandes villes, sûrement pour rendre l'acheminent des malades plus facile. Il nous reste à savoir pourquoi, et comment, ainsi, on pourra sans doute trouver le quoi, simplement, a reformulé Rory en regardant le mur.

- On sait aussi autre chose, le projet s'appelle GB, il doit bien avoir une raison, ai-je constaté.

- Tu as raison, on devrait chercher de ce côté-là, a-t-il accordé dans un hochement de tête.

C'est ainsi, que j'ai continué à dresser la liste des lieux susceptibles d'être un hangar pour garder des sujets du projet fou de Miraras, tandis que Filia et Rory se sont joint pour fouiller les archives de 2124 et plus particulièrement autour du mois de novembre pour savoir ce qui avait déclenché ces expériences bien plus qu'horribles. Le reste de la journée, s'est donc passé ainsi : je trouvais relativement vite des sites, voyant la carte devenir de moins en moins blanche au fils du temps, alors que je vérifiais les usines. Et de leur côté, mes deux acolytes fouillaient désespérément tous les articles de journaux, tous les bulletins d'informations télévisés, les publications les plus importantes des réseaux sociaux, les déplacements politiques, le tout de 2124.

J'ai en trouvée une bonne trentaine, mon temps était rythmé entre la recherche de preuves, la récolte d'informations et le listage des anciennes usines. Lire des blogs de jeunes qui veulent toujours être convaincu que l'ancien lieu de fabrication de saucisses près de chez eux est hanté, m'a aidé à oublier, enfin du moins, à ne plus trop penser. L'idée de laisser Filia et Rory partir et de ce fait me retrouver seule me terrifiait, je ne voulais pas le montrer, pour convaincre le King que c'est la meilleure des solutions. Pour que Filia soit en sécurité, puisse un jour retourné à la vie normale, qu'elle puisse un jour tourner la page et laisser partir tous ses souvenirs douloureux qui la hantent. J'aimerais qu'elle devienne une belle femme, qu'elle incarne Mila dans sa façon de vivre, qu'elle vive pour elles deux à la fois. Si, pour que cela soit possible, je dois me sacrifier, me rendre et subir mon sort, j'assumerai sans hésiter, mais je suis tout de même épouvantée de ce qu'il pourrait se passer.

Quand, elle est justement partie se coucher, j'en ai profiter pour parler à Rory. J'ai senti que lui aussi voulait que l'on discute.

- Tu es sûre de ce que tu veux faire ? m'a-t-il questionné.

- Oui. Je sais que c'est-ce que je dois faire, Mila l'aurait fait sans hésiter, elle. Et puis, je ne veux pas qu'il vous arrive quelque chose... par ma faute.

- On parle de toi Zala, pas de ta sœur ! Je ne veux pas te laisser pour sauver ma peau. Surtout si ce n'est pas ta propre décision. Tout ça n'est pas de ta faute, qu'est-ce que tu dis ?

- C'est moi qui vous ai entraîné dans tous ces problèmes, c'est moi qui est déclenché cette foutue guerre civile ! me suis emportée.

- Zala, calme toi ! Rien n'est de ta faute, ce n'est pas toi qui as mis en place ces expériences inhumaines, ce n'est pas toi qui as enfermé Filia. Tu n'as rien fait de mal, au contraire, tu as essayé de sauver le monde.

J'ai tenté de le croire, de me dire que ce qu'il me disait était vrai. Bien sûr, si je n'avais absolument rien fait, le gouvernement aurait continué à se servir de la population comme des souris de laboratoire pour faire je ne sais quoi, et qui sait, où tout ça aurait abouti, mais, je me sens quand même coupable de l'avoir fait de cette manière. Bien sûr, je n'en savais rien quand j'ai voulu libérer Filia, j'aurais dû réfléchir plus longtemps avant d'agir. Peut-être qu'aujourd'hui les choses seraient bien différentes.

- Veux-tu vraiment faire ça Zala ? Te faire arrêter pour que l'on puisse s'enfuir ?

Est-ce que je le voulais vraiment ? Je m'étais déjà posé la question tout l'après-midi, et même en tournant le problème dans tous les sens, je n'avais trouvé aucune autre solution réalisable pour que le pays se retrouve dans une bonne situation. Je lui ai donc répondu la chose qui me paraissait être la plus normale et la plus logique :

- Oui, je dois le faire.

- Très bien. Zala, sache une chose, j'espère que tout va bien se passer pour toi.

Sur ces mots, il m'a prise dans ses bras et ça m'a fait un bien fou, j'en avais réellement besoin. De ce réconfort. Je vais le faire, je veux les sauver. J'en suis sûre à présent.

Zala.

Au plus près des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant