Au plus près des étoiles

06/04/2133, Allemagne.

Chaque jour l'enquête progresse, même si aucun porte-parole ne donne jamais vraiment de contenu détaillé des enquêtes, aujourd'hui, plusieurs chefs d'États ont parlé et ont annoncé une sorte de bilan assez flou, mais qui pourtant, quand on écoute bien, veut tout dire. Les journalistes s'en sont délecté, car il faut dire que ces derniers temps, pour eux, ça a été assez plat. Pour en revenir à ses discours, la plupart des représentants nationaux ont annoncé que la fouille des usines était terminée et que le résultat des investigations, penchait grandement en faveur de cette « ennemie de la nation », comme l'avait si bien dit Miraras il y a quelques jours.

Le compte-rendu de ces discours est tellement encourageant pour Zala ! Il a été déclaré, après des fouilles minutieuses et ordonnées que les usines étaient effectivement des lieux où se produisait des choses aussi illégales que horribles. La personne à l'origine de tout cela était d'après les portes-paroles, est encore inconnue, mais certainement puissante et influente. Il a même été dit que le Gouverneur Français était surveillé de près, et que l'enquête se penchait actuellement sur lui de plus près.

Les journaux se sont amusé à trouver des titres tellement vendeurs, que s'en est drôle, certain titrent, « Le gouverneur gouverné », ou, « L'ennemi de l'un est l'ami de l'autre » en référence au surnom débile que Miraras avait donné à Zala. J'essaie de ne pas trop les lire, pour ne pas voir son visage partout dans la presse. Elle me manque, je pense constamment à elle.

Pour me changer les idées, j'essaie d'aider un maximum Karoline. Cette femme est si gentille, nous avons eu tellement de chance de tomber sur eux je ne le dirais jamais assez. Elle et son mari savent qui nous sommes, ça n'en fait aucun doute, nos visages ont été collés pendant des semaines dans la rue, passés en boucle à la télé, la France entière à été retournée pour ça, alors, évidemment, ils savent. Ce n'est pas pour autant que ça les dérange, au contraire, ils n'en parlent pas, comme si ça n'était pas important et que presque normal.

Hier, pour la première fois, je suis allé aider le couple au restaurant, leur serveur était malheureusement tombé malade, et ils n'avaient personne sur qui compter. Les voyants si perturbés, je n'ai pas hésité, j'ai proposé mes services. Au moins, je remboursais un peu cette dette que nous avons envers eux. Ça a été un peu dur au début, surtout parce que je ne parle pas un mot d'Allemand et que les traducteurs spontanés, comme ils sont appelés, ce sont de petits appareils qui traduisent tout ce que vous voulez dans la langue que vous voulez, ne sont pas toujours très justes. Surtout avec des noms de plats dans un restaurant. Après quelque temps, j'ai réussi à m'y faire et à circuler entre les tables, prendre les commandes sans difficultés. J'irai même jusqu'à dire que ça m'a aidé. Aidé à me libérer l'esprit pendant un temps. Durant le service, je me suis concentré sur mes gestes pour ne pas faire de catastrophe et ainsi, je ne réfléchissais plus. Je ne songeais ni à Zala enfermée dans un cellule, ni à l'enquête qui devait sûrement avancer doucement, ni à Filia qui n'allait pas si bien que ça du fait de la situation.

Après la journée, assez épuisante, mais dans l'ensemble qui s'était passée d'une bonne manière, Hank et Karoline m'ont remercié maintes et maintes fois. Ils m'ont même confié qu'ils me reprendraient volontiers pour le lendemain. J'ai bien évidemment accepté, je ne pouvais pas passer à côté de ce genre d'occasion.

Filia quant à elle, me fait beaucoup de peine. Elle passe ces journées à errer dans la maison, elle attend. On dirait presque elle a mis sa vie en pause pour attendre Zala. Elle est son modèle, comme l'a sûrement été Mila un jour, avant sa mort. Si Zala ne revient pas, elle ne s'en remettrait pas, ce serait terrible. Je n'ose pas imaginer, de toute façon Zala va finir par revenir. Parce que si elle ne revient pas, ma peine ne serait même pas imaginable.

Celui qui croit plus que quiconque en Zala.