Immortel - "Un souffle de vie"- Tome 1

Chapitre 22 : Des pertes

Mon père m'avait appelé en pleine nuit. Il devait être trois heures du matin, par-là. William était venu me chercher quelque temps après. J'avais à peine eu le temps de m'habiller que j'étais déjà dans le taxi avec mon frère.

- L'hôpital, s'il vous plaît, avait indiqué William au chauffeur.

Étrangement, nous étions arrivés rapidement à l'hôpital, comme si le chauffeur avait senti notre immense inquiétude et notre empressement.

- Je pensais que papa et maman avaient prévu de l'emmener avant que ce genre de chose n'arrive, me disait William alors que nous venions d'entrer dans le hall de l'hôpital.

- Faut croire qu'ils ont pris trop de temps avant de le faire. Ils ont fait les aveugles beaucoup trop longtemps, voilà ce qui arrive maintenant.

Je devais avouer que j'en voulais énormément à mes parents d'en être arrivé jusque-là. Quelques jours plus tôt, mon père m'avait annoncé qu'ils allaient emmener Charles à l'hôpital car il était plus que temps de le faire mais ils n'ont rien fait.

Pourtant j'avais prévenu William, comme mon père me l'avait demandé. Nous nous étions préparés tous les deux. Je me demande encore ce qui avait bloqué mes parents à agir. C'était possible que Charles les en avait dissuadé mais à leur place, j'aurais agit bien plus rapidement.

Une fois que nous avions pris connaissance du numéro de chambre de mon frère, nous nous étions pressés pour la trouver. Alors que nous pensions être arrivés, nous vîmes mes parents qui s'enlacèrent. Ils pleuraient tous les deux. Je le savais parce que je pouvais entendre leurs sanglots.

Je me demandais, terriblement inquiète, s'ils pleuraient seulement à cause de la situation, ou s'ils pleuraient parce qu'il s'était passé quelque chose de grave.

- Papa, maman, les appelait William.

Ils se détachèrent l'un de l'autre. Ma mère avait le visage trempé et nous pouvions voir quelques gouttes sur les joues de mon père. Ils ne tentèrent même pas de nous faire ne serait-ce qu'un rictus. Ça n'allait pas du tout.

- Où est Charles ? leur demandais-je quand je vis que sa chambre était grande ouverte mais vide.

Ils ne me répondaient pas.

- Où est-il ? m'écriai-je. Ne me dites pas qu'il est...

- Non, Olivia, intervenait enfin ma mère. Ils ont dû l'emmener au bloc d'urgence.

- Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? s'inquiétait William à son tour.

- Il convulsait et vomissait du sang, expliquait mon paternel sèchement. Heureusement que vous n'avez pas vu ça. Comme quoi, il y a des bons côtés à être tout le temps en retard.

Je ne savais comment prendre cette remarque. Mon père ne se permettrait pas de blaguer dans cette situation, ni de s'acharner sur quelqu'un d'innocent seulement pour évacuer sa colère ou son chagrin, ce n'était pas son genre. Je crois qu'il n'y avait pas de façon de prendre cette remarque, il disait simplement ce qu'il pensait.

- Ça fait longtemps qu'il est au bloc ? demandait William.

- Non, il vient de partir à l'instant, lui répondit ma mère. Je ne sais pas combien de temps ça va leur prendre. J'espère juste que...

Elle s'était tus et pourtant, j'avais deviné la suite de sa phrase. Nous avions attendu toute la nuit. J'avais renoncé à venir en cours. Pourtant, nos parents nous avaient forcés à rentrer et à dormir. Cependant, je ne voyais pas comment je pouvais m'endormir dans ces conditions. C'était tout simplement impossible.